Ehpad – C. Sirugue : « nous voyons maintenant la partie immergée de l’iceberg »

Christophe Sirugue est aujourd’hui cadre supérieur. L’ancien député et ministre de François Hollande reste néanmoins le chef de file de l’opposition (Chalon autrement) au conseil municipal à Chalon-sur-Saône. Aux dossiers qu’il a eu à gérer, il s’y intéresse toujours fortement tout comme à la politique du pays en général.

La situation dans l’ensemble des Ehpad de France, les mouvements de ces derniers jours, et sans vouloir faire de l’Ehpad Bashing comme l’a dit Mme Buzin, cette lame de fond a fait écho dans notre mémoire à la réunion tenue par Christophe Sirugue, député, à Blanzy le 27 octobre 2014 avec Martine Pinville, alors députée de Charente et rapporteure du projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement.
Nous avons donc sollicité Christophe Sirugue pour qu’il nous donne son sentiment et sa position sur le sujet.

« Nous voyons maintenant la partie immergée de l’iceberg dans le cadre de la prise en charge des personnes âgées et qui plus est des personnes dépendantes. On sait depuis longtemps qu’il n’y a pas eu de politique ambitieuse dans ce domaine. Il convient aussi, comme second facteur, de noter un sous-développement des politiques de maintien à domicile. Par exemple pas de politique d’adaptation des logements, pas de mise en place de formation pour une meilleure professionnalisation des personnels d’aide à domicile. Mais l’idée du maintien à domicile était tellement séduisante et ancrée qu’elle a entraîné, tout en ne bénéficiant pas de politiques publiques pérennes de développement, une absence de soutien à la construction d’établissements.
Le troisième facteur est une des conséquences de la décentralisation. L’Etat a donné la main aux départements en leur laissant le soin de répondre à l’ensemble des problématiques. Dans notre département il y a eu 20 ans de non construction d’établissements (il parle là des années de présidence du Conseil général de René Beaumont NDLR) et donc la constitution d’un déficit de places. Les établissements existants ont dû faire face à l’évolution des demandes et surtout à l’accroissement de la dépendance. A cela s’ajoute la contraction des moyens, un taux directeur notoirement insuffisant et donc des autorisations de dépenses en restriction. La tarification sur 3 éléments : hébergement, soins, dépendance à forcément un impact sur les budgets d’investissement.
Les contraintes qui s’appliquent sur les budgets ont pour corolaire les ajustements sur certains postes budgétaires comme celui du personnel. Et ces restrictions souvent drastiques entraînent un tel inconfort permanent pour le personnel qu’il a le sentiment de ne pas exercer son métier correctement. C’est ce qui a créé la situation existante. Et se répercute sur les résidents et les familles.
Mon sentiment personnel est qu’une société qui se dit moderne doit définir une ligne de conduite claire de prise en charge des personnes âgées. Comment la financer ? Par une politique volontariste qui pose le débat et mette en place un financement pérenne et solidaire. »

Pour lui, il semble que la politique actuelle ne permettra pas de débloquer la situation si justement elle ne pose pas les bonnes questions nécessaires à un vrai débat sur le fond.

Propos recueillis pour L’informateur de Bourgogne par Gilles DESNOIX

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