Tribune – Le B&B et La Boucherie, du mal à avaler

Centre-ville et urbanisme commercial : agissons, demain il sera trop tard  !

par Charles Landre.

Une nouvelle étape de la destruction méthodique des centres-ville à laquelle se livre la majorité communautaire par le biais d’une politique d’aménagement commercial totalement désordonnée a été franchie hier soir lors du conseil de la CUCM.

Était en effet présentée une délibération proposant l’installation conjointe à proximité du rond-point Jeanne Rose, à Montchanin, d’un hôtel du groupe «B and B » et d’un restaurant de la chaîne « La Boucherie ». La majorité communautaire justifie le lieu de cette implantation par « l’étude de rentabilité » effectuée par ces groupes privés (c’est bien le moins) et la trentaine d’emplois qui seraient créés ainsi que par la nécessité de capter la clientèle circulant sur la RCEA. Mais la capter au profit de qui ? Et au détriment de quoi ?

Tout ce qui détruit les centres-ville de France et particulièrement l’agglomération Creusotine est contenu dans cette délibération : la création d’une nouvelle zone hôtelière et de restauration hors des centres existants, qui fait suite à une zone commerciale nouvelle (le déplacement du magasin Lidl), l’absence de volonté d’un aménagement du territoire au service de la vie des communes et le manque d’imagination et de courage politique.

Car c’est le manque de courage politique qui consiste à se réfugier systématiquement derrière des perspectives d’emplois pour ignorer que l’éclatement commercial ainsi provoqué fragilise nos tissus urbains. Choisir d’implanter ces commerces ici, c’est détourner une clientèle potentielle de Montchanin, des villages alentours ou de l’agglomération Creusotine. C’est aussi refuser la concurrence au sein des villes pour organiser la mort des centres et des zones existantes au profit d’espaces disséminés.

On sait depuis au moins 15 ans que la multiplication des zones commerciales et leur implantation en bordure de nationale ou d’autoroutes contribue à détruire les tissus urbains. On sait aussi ce qu’est la violence de la fracture territoriale subie par les villes moyennes et on peut choisir une autre voie que celle ci.

C’est le manque d’imagination et l’habitude qui font faire systématiquement le choix de ces zones anonymes loin des villes, duplicables à l’infini, ou passent et repassent des foules pas moins anonymes. Les régions, leurs spécificités, leurs richesses et leurs terroirs sont gommés au nom de l’uniformisation mortifère d’entrées de villes transformées en immenses champs publicitaires.

Et les élus qui prennent ces décisions ne procèdent même pas aux aménagements minimums au service de ces implantations. Les clients de l’Hôtel Kyriad situé à proximité de la gare TGV ne disposent ainsi même pas d’un accès piétonnier praticable jusqu’à la gare.

Lorsque des élus qui président aux destinées d’un territoire depuis plus de 40 ans estiment défendre ainsi le commerce local et la vie des coeurs de ville ils font preuve d’un aveuglement insensé. Il ne suffit pas de demander aux habitants de consommer dans les commerces locaux. Encore faut-il un urbanisme commercial au service du dynamisme des acteurs locaux et l’idée d’une esthétique de la ville (absente de tous les discours de la majorité). Oui l’aménagement urbain et les implantations ne peuvent pas se faire à n’importe quel coût !

Comme on détourna hier des lits des rivières, les élus détournent les flux de voyageurs. Ils préfèrent les voir s’arrêter à l’orée standardisée des villes, le long des nationales, que leur faire voir ce que nous sommes. Il y a dans ces postures une forme de mépris vis-à-vis de tous ceux qui se battent pour faire vivre le cœur de nos villes et de nos villages.

Sortons de cette passivité et menons le travail nécessaire pour organiser les mêmes implantations en centre ville, y compris dans des bâtiments existants, et pour créer non pas des flux dispersés, mais susciter au contraire le passage par la ville et la découverte de celle ci.

Aimer sa ville et sa région, c’est en défendre les spécificités et les beautés et savoir faire preuve d’audace et de courage. Courage de rompre avec 40 ans d’aménagements déstructurants et audace d’assumer l’implantation de commerces au coeur de nos communes.

C’est pourquoi j’ai voté contre l’implantation sur ce terrain lors du Conseil communautaire au nom du groupe. Cessons de fragiliser ceux qui se battent pour faire vivre nos villes.

Nous sommes une région artisanale, industrielle et agricole qui a tant à offrir au voyageur de passage. Soyons en fiers. Offrons lui d’entrer dans nos villes et nos villages, montrons lui ce que nous sommes. Cela nécessite que ceux qui souhaitent y implanter des activités nouvelles s’adaptent à notre territoire. Pas l’inverse.

Charles Landre

Un commentaire :

  1. Bonsoir,
    Plus de Cœur de Ville et un non sens.
    Ils (la majorité) de la C.U.C.M. sont entrains de faire mourir les centres ville des deux communes pilotes de la Communauté.
    Inutile l’implantation de ces deux établissement hôtel B & B et le restaurant « La Boucherie », à moins de deux cent mètres hôtel Kiriad et le restaurant le St Pierre, Montceau-les-Mines sortie R.C.E.A. les hôtels IBIS, Konine , Nota Béné et les autres, les restaurants .
    Ils(les responsables actuels) porteront la lourde responsabilité de ces décisions.
    Les Habitantes et les Habitants de ces deux villes s’en rappelleront le moment venu.
    Cordialement,
    J.F. GAGNE

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