Travaux ligne SNCF Nevers – Chagny – Plus compliqué que simple pour les usagers

 

Avant de poser de nouveaux rails sur la ligne Nevers – Chagny, posons le sujet bien à plat. En 2023, des travaux importants d’un investissement de 137 M € sur 121 km de voies seront réalisés. Les chantiers porteront sur la modernisation des voies, le remplacement du pont-rail d’Etang-sur-Arroux ainsi que la mise en accessibilité  des gares de Decize et Montchanin. Les circulations seront adaptées du 10 juillet 2023 au 16 février 2024.

La ligne ferroviaire TER Nevers – Montchanin – Chagny sera fermée pendant toute la durée des travaux du 10 juillet 2023 au 16 février 2024. Un service de substitution par autocars sera mis en place.

Toutes ces informations méritaient bien une réunion auprès des usagers. Une première a eu lieu à Nevers, la seconde samedi au Creusot où Jérôme Grand (SNCF réseau), Ronan Bois (SNCF voyageurs) et Michel Neugnot (vice-président à la Région) ont eu bien du mal à faire passer leurs messages face à des usagers qui attendaient essentiellement du concret et non un langage policé qui fit réagir le public à plusieurs reprises. « Vous ne répondez pas à la question » ou « vous êtes hors sujet, c’est politique ».

Jérôme Grand tente bien de faire passer la pilule quand il veut mettre en exergue les investissements. « La priorité est la régénération de la voie. Sur 10 ans, c’est 250 M €, 12 M € en 2020, 137 M € aujourd’hui. Il reste 100 M € à réaliser après 2024. Nous travaillons pour des travaux en 2027. L’électrification de la ligne est la seconde priorité. Mais aujourd’hui, nous n’avons pas de crédits, ni d’études ».

 

Des autocars et le covoiturage

 

Ces travaux d’envergure (les 137 M €) ne sont pas sans poser des problèmes et des interrogations chez les voyageurs. « Et pourquoi ne pas les faire de nuit sans nuire à la circulation des trains la journée ? » La réponse tombe comme un couperet, « nous ne savons pas faire des travaux de nuit. Nous aurions besoin d’agents de sécurité, je ne les ai pas » assure Jérôme Grand. « C’est un coût supplémentaire de 30 M €, je ne les ai pas non plus ». Et pour faire simple, « quand on change la voie, il ne peut pas y avoir de train ».

Ainsi, pour le secteur qui nous intéresse plus précisément, sur la section Nevers – Montchanin, la ligne sera fermée du lundi 10 juillet 2023 au vendredi 22 décembre 2023 inclus. Sur la section Montchanin – Chagny, elle sera fermée du lundi 10 juillet au vendredi 16 février 2024 inclus.

Pour remplacer les trains, sera mis en place un service d’autocars de substitution. 70 puis 20 de plus suite aux retours des voyageurs.  « Pour faire Le Creusot – Dijon en bus, c’est un heure de plus. A se demander s’il ne sera pas plus intéressant de prendre sa voiture » annonce un parent dans le public. « Justement, il existe le covoiturage » lui répond Ronan Bois.

 

 

Plus la réunion avance, plus les questions se font pressantes, notamment sur les étudiants qui rentrent vendredi et repartent dimanche soir ou lundi matin. « Nous doublerons les autocars » rassure encore Ronan Bois sachant que la SNCF, selon ses représentants, a rencontré le monde universitaire.  Ce que dément Olivier Aubreton, directeur du site universitaire du Creusot. « Vous ne m’avez pas rencontré ! » Y a de la friture sur la voie.

De toute évidence, le tronçon Montchanin – Chagny est le maillon faible dans l’histoire et risque, entre autres, de priver les hôpitaux du Creusot et Montceau des étudiants en médecine et des internes avec ces trajets chaotiques. « Ils fonctionnent sur des périodes de six mois » fait remarquer, soucieuse, Sylvaine Clavel, présidente de la Commission médicale d’établissement et élue à la mairie du Creusot.

Les usagers et parents espéraient un geste financier sur les tarifs. Il n’en sera rien, « c’est la tarification SNCF qui va perdurer » précise Michel Neugnot, en charge des transports à la Région.

Ces travaux ne seront pas sans conséquences pour des entreprises, notamment le Mecateam à Montceau qui entretient les machines ferroviaires, l’industrie creusotine voire également Aperam à Gueugnon. A cette interrogation de Jean Claude Lagrange, élu de Sanvignes et vice-président à la CUCM, Jérôme Grand apporte une réponse évasive. « Il s’agit de quelques trains, nous analyserons au cas par cas ».

Ces travaux posent des problèmes, la communication pour expliquer aussi. « Personne ne met en doute ces travaux, mais cela manque de concertation. La SNCF va devoir communiquer davantage » ajoute à son tour le député Rémy Rebeyrotte.

D’autres réunions seront nécessaires pour dissiper les inquiétudes des usagers car pour l’heure, ils sont restés dubitatifs.

 

Jean Bernard

7 commentaires :

  1. J’ai participé hier matin, avec Hélène Touillon, à la réunion organisée par la SNCF concernant les travaux sur la ligne Nevers-Chagny. Travaux qui auront lieu du 10 juillet 2023 au 16 février 2024.
    On était à peu près au niveau zéro de la communication . 137 millions d’euros de travaux(c’est bien, cela n’était pas arrivé depuis au moins 50 ans dixit la SNCF). Huit mois de fermeture de la ligne entre Montchanin et Chagny. Mais seulement deux réunions publiques ( une à Nevers, une au Creusot). Des chiffres incertains du nombre d’ usagers impactés, pas d’enquête réalisée auprès de ces usagers en amont, pas de concertation avec les établissements d’enseignement supérieur (alors que 70 % des voyageurs réguliers sont des étudiants)
    Des autobus seront affrétés en substitution. 8 allers-retours prévus entre Le Creusot et Dijon, 2 entre Montceau et Dijon. Pourquoi cette différence ? Parce que la ligne entre Montchanin et Montceau restera en fonction. Mais la gare de Monchanin sera fermée durant une bonne partie de la période de travaux. Comprenne qui pourra !
    La SNCF et la région ont promis de tenir compte des remarques des usagers et d’ajuster ses propositions de substitution. Et de revenir les présenter en réunion publique (peut -être à Monceau suite à mon intervention) d’ici la fin mai. Il sera temps, dans quelques jours, la plupart des étudiants auront terminé leurs cours…

  2. On a parlé des étudiants, mais peu des salariés.
    Pour les étudiants, la gène est ponctuelle; pour les salariés, elle est quotidienne. Quant à partir bosser à 6h30 et rentrer à 19h30 au mieux, ça pendant 8 mois. ça durera un temps, puis on passera à la voiture, puis au déménagement. Le bassin minier y aura perdu encore des habitants et la SNCF des clients.
    Des questions n’ ont pas été posées : Pourquoi n’ a t’on pas fait de travaux depuis 50 ans ? ça nous aurait épargné le chantier pharaonique. Pourquoi les gens ne prennent pas le train ? ça au moins, je peux y répondre : le service est cher, pas fiable, les trains crasseux et chroniquement en panne ! On devrait plutôt nous payer pour le prendre.

  3. Monsieur Commeau, il n’est plus temps de faire semblant de s’étonner.
    Ce type de Tavaux se planifie 1 à 2 ans à l’avance et votre ami M Marti a certainement été informé depuis longtemps (puisque la CCM est en charge des transports et dans le cadre des lobbies de la SNCF). Il n’a certainement pas réagit et à laissé faire. N’oubliez pas M Neugnot qui est en charge des transports à la région et qui connaît également le phasage et les conséquences désastreuses sur les voyageurs. Lui laisse faire la SNCF et s’en fout du bassin minier (et de la CCM en général).
    Donc, si la SNCF est bien responsable et n’a pas fait son travail, vos amis également.
    Demandez-leurs des comptes et faites les bouger ! Pour l’intérêt général

  4. Cela me rappelle la rénovation de la ligne Avallon-Autun, très réussie techniquement,…. avec disparition complète des voyageurs puis fermeture…

    Après rénovation, les temps de parcours seront-ils réduits, inchangés, allongés?
    Y-aura-t-il des sections parcourables à 200 km./h… etc

    Quelle sera l’évolution des bus de substitution après la remise en service de la section de ligne Nevers-Montchanin fin 2023?

    La ligne d’avion Nevers-Dijon sera -t-elle considérée comme une ligne de substitution ? https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/pont-aerien-medical-en-dijon-et-nevers-le-premier-avion-decolle-ce-jeudi-24-janvier-3539517

  5. Pour avoir quelques réponses, se rendre à la réunion aurait suffi.
    200km/h ! C’ esr rêver éveillé, d’ autant que la performance maximum des trains qui roulent sur cette ligne n’ est que de 120km/h, si leur état leur permet car l’ entretien n’ est pas au top non plus. En fait, non, les travaux ne serviront qu’ à éviter une dégradation du temps de parcours sur la ligne. La durée du trajet sera juste maintenue. Présentement, c’ est les travaux ou la fermeture de la ligne qui est extrêmement dégradée (aucun travaux en 50 ans !).
    La ligne d’ avion est un itinéraire de substitution pour éviter aux médecins de se taper des heures astronomiques pour arriver sur place. Temps de trajet astronomiques que devront supporter le pékin moyen !

  6. La question de rouler à 200 km/h peut être posée, la réponse est rapide et négative. Car les coûts engendrés sont rédhibitoires : les passages à niveaux doivent alors être gardés, la signalisation doit être modifiée, le matériel roulant doit être remplacé, l’énergie de traction consommée est beaucoup plus importante etc. Le tout sur une portion de ligne d’environ 160 km et avec à ce jour 7 arrêts commerciaux, l’opération n’a donc aucun intérêt. A savoir que le matériel utilisé actuellement est apte à 140 km/h pour les X 73500 et 160 km/h pour les Autorails à Grande Capacité (AGC). Par contre on peut amèrement, sévèrement, regretter le report, je n’ose pas dire l’oubli, de l’électrification qui, elle, est rationnelle.

    • Merci pour ces explications techniques.
      Oui, on peut regretter que l’ électrification soit passée à la trappe. C’ est un vieux projet qu’ on ressort de temps en temps et qu’ on range encore plus rapidement. Cela a été évoqué pendant la réunion publique et enterré rapidement : ce n’ est pas l’ objet des travaux et il n’ y a pas le budget.

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