Suite et fin – Cyril a parcouru 10 000 km à vélo et revient avec un trésor inestimable

 

Cyril Joseph vous connaissez mais sans doute l’avez vous oublié car depuis fin décembre 2022, il n’a pas donné de ses nouvelles. Au téléphone, alors qu’il traversait la Slovénie, il livrait son expérience. Le Man, son surnom dans la famille, s’est lancé dans une folle aventure le 1er novembre, départ devant la maison de ses parents à Saint-Vallier. Son idée, parcourir l’Europe à vélo avec sa charrette et sans argent.

Vendredi 9 juin 2023, Saint-Vallier est en vue malgré la casse une nouvelle fois de la tête d’attache de la charrette, il boucle son périple après 10 000 km parcourus et sept mois d’absence. « J’étais content de retrouver ma famille, mais c’est juste après, tu prends une claque » dit-il le regard encore dans le vague. « Tout te paraît ennuyeux, pour te déplacer tu prends la voiture; tu as faim, tu ouvres le frigo alors que pendant mon voyage, j’ai dû me restreindre parfois à manger une pomme dans la journée ».

 

 

L’histoire de la carte bancaire

 

 

L’atterrissage est rude. Allez où on veut sans savoir précisément où le coup de pédale vous pousse, « il suffit de se laisser porter, tu te réveilles sans te dire : ce soir, je dois être là. Tu se déplaces à l’instinct. Si je dois discuter avec une mamie assise sur un banc pendant quatre heures, c’est que je devais le faire. Je m’attendais rien, au moins tu n’es pas déçu » expose lucidement Cyril.

Un fait pourtant important va considérablement le perturber. Son trip a consisté à voyager sans argent, dormir sous la tente ou chez l’habitant. C’était Cyril la débrouille. Mais en Grèce, il croise deux cyclistes qui parcourent l’Europe à vélo, un Toulousain et une Ariégeoise. Ils décident de faire la route ensemble jusqu’à Athènes. Ils vont y passer dix jours.

« Ce fut un tournant pour moi car j’ai toujours dit que je n’avais pas d’argent sur moi et pas de carte bancaire. En réalité, j’en avais une ». Athènes fut donc une parenthèse et pour ne pas vivre au crochet de ses deux amis cyclistes, elle a fonctionné. « J’en ai été malade d’utiliser mon argent pour deux nuits en auberge de jeunesse et partager quelques frais » avoue-t-il. Tourmenté, le Man l’a été et l’aide de ses parents et de ses proches lui fut très utile.

« Parce que, rendez-vous compte, je n’avais pas d’argent pour acheter du dentifrice ou faire réparer une chambre à air. Avec cette carte bancaire, ce n’était plus l’aventure. J’ai vraiment eu du mal à l’accepter », juge-t-il. Certes, Cyril aurait pu passer sous silence l’escapade à Athènes, garder le secret pour lui. Mais comme disait Jean Giono, « pour bien mentir, il faut de la sincérité ».

Ceci n’enlève rien à son épopée en Europe et les magnifiques rencontres qu’il a faites sur la route. Ce jongleur de rue croisé à Zagreb qui a accueilli Cyril pendant deux nuits dans l’appartement qu’il louait. Ce rendez-vous imprévu en Albanie où il casse déjà l’attache de la charrette. « J’ai poussé le vélo jusqu’à un village pour réparer et de maison en maison, je tombe chez un pêcheur qui répare les bateaux. Un coup de fer à souder et j’ai pu repartir ».

 

 

L’envie d’écrire et de changer son téléphone portable

 

 

Il se souvient encore du chemin impraticable, plein de boue, sur lequel il s’engage. « Les gens rigolaient et puis un mec avec sa voiture est venu me chercher ».

Aussi, Cyril Joseph a eu la bonne idée de tenir un livre de bord. Chaque jour, il notait ce qu’il venait de vivre, soit 220 jours. C’est mieux qu’un carnet, c’est son histoire, ses rencontres. « Même sur le trajet, je restais en contact avec ceux qui n’avaient hébergé ». Aujourd’hui, ils échangent toujours. « Ces rencontres sont inestimables ». Il aurait presque envie, à partir de ses notes, d’en faire un livre. L’idée lui trotte dans la tête.

Pour l’heure, Cyril revient à la civilisation, il se réhabitue à la vie ordinaire. « J’ai même changé mon téléphone portable, je ne veux plus être accroché aux mails ou à WhatsApp. J’ai un téléphone qui fonctionne comme il y a vingt ans ».

Des pays, le Man en a traversés depuis la Slovénie, en passant par la Croatie, la Grèce, Macédoine du nord, le Kosovo, la Serbie, Hongrie, Tchéquie, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg. « Et j’ai fini par un grand tour de Bourgogne, l’Yonne, la Nièvre et la Saône-et-Loire pour atteindre les 10 000 km ».

Au cours de son périple, la chaleur humaine, la bonté des gens l’ont marqué comme un fer rouge. « L’homme est profondément bon » assure-t-il. Il garde aussi en mémoire _ malheureusement _ un tout aspect de son voayge, la pollution. « Je n’ai pas fait une minute à vélo sans voir un déchet traîner ». Un paradoxe entre un monde attachant et un environnement peu ragoûtant.

 

Jean Bernard

 

Il réalise son rêve – Il est parti à vélo et sans argent, itinéraire d’un baroudeur émerveillé – L’infoRmateur de Bourgogne (linformateurdebourgogne.com)

 

3 commentaires :

  1. Félicitations mon neveu, nous sommes très très fier de toi et respect pour ton courage, ta spontanéité,ta force moral et que tu n est jamais baissé le petit doigt.
    Tu as su nous faire transporter dans ton univers qui était le tien à travers ces belles images et oui tu as eu ce cran de te lancer sur un coup de poker et pari réussi .
    A présent, après cette magnifique leçon de la vie que tu nous a prouver, qu à partir de rien ,tu donne bcq d humanité aux personnes qui souhaiterais effectuer la même chose et qui c’est si ta prochaine aventure ???tu ne le ferais pas dans de d autres conditions ???
    Merci beaucoup neveu et respect.

  2. Beau reportage
    Ciryl a la franchise et l honnêteté de dévoiler ses petits aléas c est une personne très attachante et apprécier partout où il passe voilà Ciryl tu peut être fier de toi de ton parcours comme nous le sommes aussi Isa et Yves

  3. Bonjour, expérience très inspirante.
    et 2 commentaires me viennent à l’esprit :
    – d’abord merci à l’Europe de nous permettre de vivre dans un tel espace de liberté et de paix (c’est unique au monde et on a trop tendance à l’oublier, surtout avec les prochains élections européennes qui arrivent)
    – ensuite, pourquoi parler de retour à la civilisation ? ce mode de vie de nomade fait également partie entière de notre civilisation, autant l’accepter et s’en émerveiller.
    En tout cas, bonne continuation, merci pour le partage et bon courage pour la suite de votre parcours de vie

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