Sur le chantier du Grand Paris Express.
« Vous venez d’où ?’
« De la région du Creusot Montceau, d’un petit village, Génelard »
« Ah mais tout le monde vient de Génelard, il y a déjà Metalliance. Et vous êtes tous ici. C’est vous les forgerons ».
C’est ainsi que Patrick Lapray, le désormais patron de Troncy et T2M à Génelard, a été accueilli et adoubé par ses pairs dans la Capitale. « L’image des mines, de la forge, de la sidérurgie, du Creusot, Schneider, croyez-moi, c’est vendeur. Nous avons la réputation de bosseurs » se plaît-il à souligner.
Route de Martigny-le-Comte, le bâtiment ne scintille pas comme un joyau, l’important, la substantifique moelle se trouve à l’intérieur. Et si aujourd’hui, ce village de 1350 habitants est connu au quatre coin du monde, il le doit à ces entreprises familiales. La bourse les ignore, le boulot les adore.
Il y a peu encore, Philippe Troncy dirigeait l’entreprise éponyme et sa filiale T2M, ils partagent d’ailleurs le même bâtiment.
Tout a commencé pour Philippe Troncy en 1983 « quand j’ai repris la boîte de mon père et j’ai créé Troncy. Sa spécialité, la chaudronnerie mécano-soudure, « nous fabriquons des pièces de 20 kg à 32 tonnes » dit-il. Elles sont toujours uniques, des capots en acier pour isoler des turbines pour Alstom, cinq sont partis pour l’Azerbaïdjan (27 tonnes le capot), « et tout est réalisé à Génelard ». C’est également les remorques fabriquées spécialement pour transporter les ailes de l’Airbus A 350. « Pour l’A 380, nous avons élaboré une remorque télescopique ».
Dans l’atelier aujourd’hui, des tonnes d’acier inondent les lieux. On navigue entre des portes d’écluses ou encore des bras de pont levant, comme ceux de Montceau.
Philippe Troncy passe la main à Patrick Lapray,
c’est dans la logique des choses
En 2010, Patrick Lapray quitte TSI à Montceau-les-Mines. Il rebondit très vite et un mois après, « je démarre T2M (Technique, Métal Maintenance) à Perrecy-les-Forges avec le soutien d’un groupe dont le siège se trouvait à Compiègne », explique-t-il. Au bout de deux ans, le groupe disparaît et T2M pour ne pas perdre ses marchés, trouve un accord avec Troncy. « Nous avions des clients différents mais des intérêts communs ».
« Nous sommes complémentaires » commente Philippe Troncy qui en 2013 prend la majorité de T2M avec Patrick Lapray pour directeur.
A 59 ans, ce féru de boules lyonnaises, _ il a repris la présidence du comité départemental, il l’avait déjà été pendant 10 ans quand il avait 43 ans _ , adjoint au maire à Génelard, il s’occupe des finances, souhaite se retirer des affaires. « Au bout de 37 ans, j’ai eu besoin de laisser ma place et comme dans ma famille, personne ne voulait poursuivre, Patrick (Lapray) a racheté les parts de Troncy. Il est président à 100% de Troncy et par effet mécanique, président de T2M ».
Philippe Troncy a vendu début 2020 mais il a assuré un service après-vente, façon de parler. Avec Patrick, nous avons travaillé sept ans ensemble alors j’ai voulu l’accompagner encore un an ». Le voilà en cessation d’activité, « je prend une année sabbatique, je ne coûte rien à personne ». Avant la retraite.
Entre Troncy avec ses pièces d’acier et T2M, société de service capable de déménager une usine en quelques jours ou quelques mois selon la taille, ce besoin de transmettre naturellement sans vendre à un groupe, les 17 salariés de Troncy et les 24 de T2M, sans oublier un gros volant d’intérimaires, coulent des jours sereins. C’est toute la vie économique génelardaise qui poursuit sa route sans le moindre soubresaut.
Il existe encore des sociétés où travailler a encore du sens, c’est l’essence même de leur bon fonctionnement. A Génelard, l’air en semble imprégné en grande quantité, ça vous forge un moral d’acier.
Jean Bernard
Il est très important que ces entreprises locales soient mises en avant. Intervenant tant au niveau national qu’européen, elles sont l’image d’un savoir faire de grande qualité.
Malgré des contextes économiques économiques difficiles elles portent haut les PME contrairement à ces groupes industriels dont l’objectif sont les profits et l’humain la variable d’ajustement.
Nous en avons malheureusement plusieurs exemples sur notre territoire local.