Prédateur – Le loup dans le viseur : un permis de tuer avec des règles à respecter

Guillaume Cognard, éleveur à Gourdon.

Où est passé le loup ?

La présence du loup dans nos contrées est prise très au sérieux par les autorités. Désormais, les éleveurs ont le droit de solliciter le recours au tir de défense simple à condition qu’ils protègent leurs troupeaux avec l’aide d’un financement de l’Etat.

Croire que le loup est désormais dans le viseur des fusils de chasse est une chose, le tuer en est une autre. Parce que, avant de glisser la balle ou la cartouche dans le canon, viser le loup et appuyer sur la détente, il faudra auparavant faire une DEMANDE DE DÉROGATION POUR LA MISE EN ŒUVRE DE TIRS POUR DÉFENDRE LES TROUPEAUX CONTRE LA PRÉDATION DU LOUP.

Sur cette demande, il est bien stipulé que l’éleveur « Sollicite, en vue de la protection de mon troupeau contre la prédation du loup, une dérogation à effectuer des tirs de défense simple (…) Le tir de défense simple pour protéger le troupeau ne peut être réalisé que par un seul tireur par troupeau ou pour chacun des éventuels lots d’animaux distants constitutifs du troupeau (remplir alors un formulaire de demande par lot)« .

De quoi largement laisser le temps au loup de se faire les griffes et même de passer une seconde couche de vernis.

Parce que, aussi, le tir de défense n’est pas un tir de prélèvement qui consiste avec l’autorisation toujours du préfet que la tête du loup est mise à prix, qu’il existe un contrat sur le prédateur.

Avec le tir de défense, l’éleveur doit avant tout respecter des conditions, notamment pour le tir de nuit uniquement après identification formelle de la cible et de son environnement à l’aide d’une source lumineuse. Sont interdits : les moyens visant intentionnellement à provoquer des réactions chez les loups (hurlements provoqués…) ou à attirer les loups (appâts…) ou à les contraindre à se rapprocher (battue…).

Des kilomètres de grillage électrifié

Il doit également avoir protégé son troupeau : regroupement en parc électrifié ou bergerie la nuit  ou encore en pâturage en parc électrifié le jour, selon la direction départementale des territoires de l’Isère.

Ainsi, Guillaume Cognard à Gourdon où le loup a tué deux agneaux sans oublier une bête euthanasiée et une autre blessée, « j’ai commandé 1.5 km de grillage et les électrifications qui vont avec et pour protéger seulement sept lots », dit-il. Avec ses 200 hectares, ce sont sont 20 km de grillage dont il aurait eu besoin.

La nuit dernière, il a relâché des brebis dans les prés, sept lots avec chacun un bélier pour la reproduction. « Advienne que pourra » lâche l’éleveur qui rappelle que l’électrification n’est pas adaptée à notre région contrairement aux alpages. « Et chez nous, le loup vient dans une propriété privée. Demandez à un jardinier s’il est d’accord qu’on vienne lui voler ses récoltes ! »

Quant à tirer sur le loup, « je n’ai pas de fusil » dit-il.

Juste à traverser la route qui mène au pied du Mont-Saint-Vincent, et nous arrivons chez Justin Montchanin. Chez lui, le loup a tué à six reprises. Il a aussi commandé des filets de protection, 1800 mètres « et seulement pour quelques lots » indique-t-il. C’est la condition pour avoir droit au tir de défense.

Concernant les indemnisations, là encore, il faut montrer patte blanche. « C’est 105 € par bête tuée par le loup » rappelle Guillaume Cognard. Mais chez lui, ses agneaux sont des reproducteurs sélectionnés et la note monte entre 400 et 500 €. « Je dois donc fournir des factures de vente récentes » précise-t-il.

Il faut l’avouer, l’arrivée du loup en Saône-et-Loire, personne n’y était préparée.

Depuis le 2 août, date de sa dernière attaque, il ne se manifeste plus.

Loup, où es-tu ?

Jean Bernard

8 commentaires :

  1. Des kilomètres de grillage électrifié !
    – ce matériel est payé par qui ?
    – la pose et l’entretien est à la charge de qui ?
    – le dépannage qui l’assure ?
    – comment va t’on mesurer l’efficacité de ce plan ?
    – comment et par qui vont être indemnisés les éleveurs ?
    Encore une fois, que les personnes qui veulent des loups mettent la main au portefeuille et supportent à EUX SEULS les dégâts générés par ces bestioles.
    En ce qui me concerne et quand je vois l’état économique du pays, je ne veux pas donner un centime pour financer ce genre de connerie totalement utopique.
    Je préfère payer pour créer des emplois pour les chômeurs, ça sera bien plus utile.
    Et arrêtez d’emmerder les éleveurs qui produisent de la viande. Nous pouvons manger grâce à eux, car que nous le voulions ou non la viande fait partie de notre régime alimentaire.Nous ne sommes pas dans un monde de bisounours.

  2. Bravo candide 71. Tout à fait d’accord avec vous. Et courage à eux.

  3. Candide que vous le vouliez où pas vous allez payer quand même………….. c’est pas au bon vouloir de chacun !!

  4. Moi, je préfère que mes impôts servent à préserver la nature, faune et flore, pour que mes petits enfants aient la chance de vivre dans un environnement sain, qu’ils aient la chance d’observer des écureuils, des muscardins, des troglodytes, des lucanes, des coquelicots, des bleuets …de se baigner dans des ruisseaux et des lacs aux eaux limpides.
    Observer un martin pêcheur ou un guêpier est un privilège que les générations futures n’auront pas !

  5. Merci Jean Bernard pour cet exposé réglementaire très précis.
    A sa lecture, tout en essayant d’être objectif on peut constater une loi en faveur de la protection du prédateur.
    La procédure est décourageante pour qui veut la mettre en oeuvre. Il serait intéressant de connaitre le délai d’instruction entre la sollicitation et la décision préfectorale : 48h? Une semaine? 15 Jours ? Plus ?
    Le loup joue probablement un rôle utile pour préserver l’éco-système, mais le protéger à tout prix pour cette principale raison est un non sens avec les conséquences désastreuses.
    Nos éleveurs locaux souffrent déjà suffisamment sans devoir supporter cette contrainte supplémentaire…

  6. Je viens de lire un article de Michel Cardoze où il est question du nettoyage des vignes par des ovins.
    En effet, plusieurs viticulteurs viennent de choisir cette option. Dans plusieurs régions de France
    Plus de désherbants chimiques et place aux moutons dans les vignes. Ils mangent que la mauvaise herbe, ne touchent pas aux plants de vignes et laissent des déjections qui vont faire un excellent fumier.
    Plus de phytosanitaire, ça c’est de l’écologie. Ce n’est pas le moment de tout gâcher en favorisant la présence du loup.
    Voilà une belle option pour l’avenir de nos enfants et de nos petits enfants.!

  7. C’est tout à fait le genre de conditions pensées et écrites par des fonctionnaires inefficaces et ignorants de la réalité des choses. Ça ressemble à la légitime défense quand vous vous faite agresser dans votre maison, les conditions pour se défendre sont tellement imbeciles que vous n’avez qu’à vous laisser voler, taper voir plus. Le droit est orienté vers le loup ou les agresseurs. Donc l’état n’étant pas capable d’assumer son rôle, quand un loup est en phase d’attaque de vos animaux tirez lui dessus, idem pour une agression classique, je ne vois pas ce que l’on peut faire d’autre. La Défense de la nature oui, le droit pour les agresseurs parfait, mais le droit de se défendre avant tout.

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