Littérature – Daniel Sorg, le passeur du passé

C’est son sixième (lire ci-dessous). Un roman. Daniel Sorg vient de publier aux éditions les 3 colonnes « C’était hier », la nostalgie du passé, celle qu’il a aimé, qu’il a partagé, qu’on lui a raconté aussi. Alors, l’écrivain de Saint-Romain-sous-Gourdon, du haut de sa colline, s’est penché sur les métiers d’autrefois.

« On me parlait souvent des vieux métiers d’avant-guerre et, témoigner du passé, ça me plaît » rappelle-t-il.

« C’était hier » est un roman, quelqu’un qui revient dans le village de son enfance. C’est comme un pèlerinage, à chaque pas les souvenirs refont surface. « Je raconte aussi une petite histoire sentimentale » précise Daniel Sorg. L’amour du métier bien fait.

Entre le passé et  maintenant, lui l’ancien cadre chez Peugeot, apporte son ressenti : « C’est différent mais je ne suis pas sûr qu’on soit plus heureux aujourd’hui ».

A Saint-Romain-sous-Gourdon, Daniel Sorg l’est, heureux. Dans sa tête, il pense déjà au livre suivant. Toujours un roman  » mais policier. Cela fait tellement longtemps que je veux en écrire un. Mais il faut qu’il soit bien construit et maintenir le suspense jusqu’au bout ».

Prendre son temps et le policier sortira.

Jean Bernard

 

 

Daniel Sorg, l’écrivain du temps perdu

Il est l’auteur de cinq livres et un sixième est en préparation. Là-haut sur la colline de Saint-Romain-sous-Gourdon, dans un ancien corps de ferme, Daniel Sorg y puise l’inspiration et fait ressurgir le passé parfois troublant. Comme lui…

Un jour, il espère coucher sur ses feuilles blanches, avec sa délicate écriture fine au crayon de papier, un roman policier. Son rêve. L’idée, il l’a, la trame pas encore. Alors laissons le temps faire son œuvre.

Du temps, aujourd’hui, il en a depuis qu’il est à la retraite et s’est installé sur la commune de Saint-Romain-sous-Gourdon au lieu-dit « Les bois » au sommet d’une colline dans un ancien corps de ferme. Un endroit propice à l’écriture, calme, presque romanesque où en fonction des saisons, Daniel Sorg s’installe comme en ce moment dans la mezzanine, sous la véranda ou aux beaux jours, à l’ombre des arbres alors qu’un léger vent berce son âme. Ce goût de l’écriture remonte à sa plus tendre enfance, du temps de sa primaire dans le Jura _ il est originaire de Pontarlier _ quand l’instituteur demandait aux élèves d’élaborer un journal de classe. « Il nous réclamait un texte libre, puis chacun lisait sa rédaction avant d’en retenir cinq ou six » se souvient-il.

Ainsi chaque mois, sortait un numéro imprimé au plomb et c’est depuis que Daniel Gros est devenu Daniel Sorg.

L’Algérie en fil rouge

Toute sa carrière professionnelle, il l’a faîte chez Peugeot en tant que cadre supérieur à la direction du personnel avant de préférer le climat plus chaud du Var et finalement d’opter pour Saint-Romain-sous-Gourdon, histoire de se rapprocher de ses deux garçons. Débarrassé de sa contrainte quotidienne chez Peugeot, Daniel Sorg a plongé dans l’écriture avec pour inspiration, celui qu’il admire, Bernard Clavel, un jurassien comme lui. « Un écrivain de valeur pure (…), un écrivain peu intellectuel mais en prise directe avec le mot humain » disait de lui Pierre Mac Orlan.

Daniel Sorg a fait l’Algérie, vingt-sept mois dans le cadre de son service militaire. « J’ai été formé comme spécialiste radio à Besançon avant de partir». Il est en revenu marqué à tout jamais. Autant peut-il gommer un mot, une phrase sur sa feuille ou tout recommencer, jamais il ne pourra effacer de sa mémoire son passage en Afrique du nord. L’Algérie deviendra son fil rouge littéraire mais c’est avec « Viens que je te raconte » que Daniel Sorg fait ses premiers pas dans l’édition, une saga sur quatre générations de 1900 à 2000 qui montre l’évolution de la société. « C’est un peu, un petit peu même, autobiographique » s’aventure-t-il à dire.

Surviennent alors en 2001, les révélations du général Paul Aussarresses sur la torture en Algérie. Des révélations qui lui vaudront d’être déchu de la Légion d’honneur sur demande de Jacques Chirac alors président de la République. En 2005, Daniel Sorg publie « On n’était pas tous des salopards ».

« Nous, les appelés du contingent, nous n’avons rien vu des tortures, sauf des copains morts, des corps criblés de balles, le drapeau tricolore sur le cercueil, la Marseillaise ». Aujourd’hui encore, les mots sortent avec difficulté alors son ressenti, Daniel Sorg l’a couché sur du papier. Il parle de ce copain de classe qu’il a revu après quarante ans qui a fait l’Algérie. Il en est encore choqué.  Il ne parle que de cette guerre, de sa bagarre au corps à corps avec l’ennemi, de sa blessure au bras d’un coup de couteau, un couteau qu’il a conservé et qu’il regarde chaque jour. Daniel Sorg souhaitait apporter son témoignage, « que les appelés n’avaient rien à voir avec les viols et les tortures. 30 000 ne sont pas revenus, 300 000 ont été blessés. Psychologiquement, c’était dur ».

Le rouge et le noir et du vert au blanc

Puis sortiront « Chantebelle » des histoires de village et un ouvrage de recettes polonaises. Manuelle, son épouse, a testé toutes les recettes avant de les publier. Un délice, les plats évidemment. Un livre désormais édité chez CPE et qui sera disponible prochainement dans toute la France. Et arrive « Soleil noir et sable rouge », à nouveau sur la guerre d’Algérie. Albin Michel était sur les rangs. Daniel Sorg le retravaille, l’enrichit, passe le premier seuil de sélection mais échoue au second. Qu’importe, le voici distribué par la société Hachette livre en France et dans les pays francophones aux éditions Amalthée. « Je n’écris pas pour l’argent _ les commissions sur les ventes sont infimes _ ni pour la notoriété mais parce que ça me plaît » dit-il en substance. Déjà se profile un autre ouvrage sur les métiers du 19e et 20e siècles, ceux des ses arrières grands-parents et grands-parents.

Dans son pull vert _ l’espérance _ ses cheveux blancs, une barbe de trois jours, Daniel Sorg remonte le temps, s’écorche parfois sur les écueils d’un passé douloureux mais trouve toujours la force de relancer la machine. Une force qui le conduira, peut-être, _ il en a au moins le suprême espoir _ à dépasser l’âge de sa mère qui est dans 105e année. Mot après maux, il en prend le chemin.

Jean Bernard

 

 

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