Un 23 mars à Montceau – Les enseignants s’expriment

 

 

Nous publions le texte qui émane des enseignants de Montceau-les-Mines suite à la mobilisation jeudi 23 mars 2023. 

 

 

« Ce matin, des citoyens ont organisé un « référendum » au rond-point du Bois-du-Verne en demandant aux conducteurs de cocher « pour » ou « contre » le recul de l’âge de la retraite à 64 ans. 124 personnes se sont exprimées : 91 % contre, 6,4 % pour et 1,6 % ne se prononcent pas.

Puis une Assemblée Générale Education a été organisée au pôle Hélène Brésillon, regroupant des enseignants de l’école primaire, des professeurs du secondaire (collège et lycée), ainsi que des citoyens non enseignants mais préoccupés par les difficultés que rencontre l’Education Nationale.

Au cours des discussions, les problèmes suivants ont été abordés  : l’Académie de Dijon est la 2ème derrière celle de Lille au niveau des suppressions de poste alors que le nombre d’élèves ne diminue pas. Une baisse de 72 postes dans le 1er degré et 92 dans le 2nd degré. Les professeurs du second degré nous ont expliqué que pour cela, ils allaient être contraints d’accepter chacun 3 à 4 heures supplémentaires. Les effectifs par classe sont aussi problématiques : 30 élèves  par classe au collège en moyenne et 36 élèves par classe au lycée . Ceci étant une moyenne, il n’est pas rare de voir 38 élèves par classe dans certains lycées de Bourgogne. Dans ces conditions, comment « individualiser » les cours comme on nous le demande de plus en plus ? Comment intégrer les enfants en situation de handicap ? Le problème de la formation des AESH (accompagnants d’enfants en situation de handicap) a aussi été abordé, ainsi que le mépris avec lequel ils étaient traités par l’institution. Les structures paramédicales sont elles aussi délaissées donc les élèves arrivent sans accompagnement dans les classes . Chacun a rappelé son attachement à une école inclusive, mais dans de bonnes conditions, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Les enseignants ont aussi évoqué les problèmes de recrutement , dans le primaire comme le secondaire, avec notamment l’augmentation des personnels vacataires et contractuels, pas ou très peu formés.

Une enseignante a aussi évoqué ses inquiétudes quant aux parents qui retiraient leurs enfants de l’école car ils ne voulaient pas qu’ils soient « formatés », alors qu’on voit l’école comme un lieu d’émancipation et d’ouverture de notre côté ». Un délégué syndical a répondu qu’il s’agissait de 200 élèves au niveau académique, donc très peu d’enfants concernés.

Plusieurs collègues ont aussi abordé leur « souffrance » au travail, parfois à cause de relations difficiles avec certains enfants, certains parents, mais essentiellement vis à vis des injonctions administratives sans cesse nouvelles et de plus en plus nombreuses. Ils se sont donc posés la question de ce qui était « obligatoire », inscrit dans les « obligations de service » et ce qui ne l’était pas.

Des délégués syndicaux ont rappelé l’importance du RSST (registre santé et sécurité au travail) qui existe dans chaque établissement primaire ou secondaire et où il est important de noter ces dysfonctionnements ou ces souffrances répétés.

Un professeur d’Education Morale et Civique a exprimé sa fatigue d’enseigner aux élèves des principes démocratiques, législatifs.. (séparation des pouvoirs..) alors que ceux-ci ne sont pas appliqués dans la réalité.

Tous les enseignants présents ayant plus de 15 ans d’ancienneté ont témoigné de la surcharge de travail hebdomadaire , de la charge mentale toujours croissante. Certains ont admis que c’était malheureusement le cas dans beaucoup d’autres secteurs que l’enseignement.

Les enseignants en reconversion professionnelle ont pu témoigner de leur étonnement quand ils ont découvert tout ce que le secteur public imposait à ses personnels, et notamment tout le temps bénévole que les professeurs consacrent en plus de leur enseignement à des nouvelles missions , jugées inutiles et coûteuses en temps (comme les évaluations d’école ou d’établissement par exemple, les orientations des élèves… ). Ils ont aussi évoqué la « flexibilité » imposée, notamment au niveau géographique.. alors que ceci était « rémunéré » dans le secteur privé.

L’allocution présidentielle de la veille a aussi été commentée : 3 piliers prioritaires : climat, éducation et santé. Est-ce une plaisanterie ? Du mépris ? De l’arrogance ?

Cette réunion était aussi une occasion de se rencontrer, de discuter sur les difficultés au quotidien car beaucoup d’enseignants se sentent isolés dans leurs étalissements.

Quelles solutions alors ? La résistance pédagogique a été abordée car certains enseignants ont avoué se sentir plutôt « libres » dans leur classe pour mener les pédagogies qu’ils souhaitaient. L’unité dans les équipes, la rencontre, l’échange, le soutien des parents quand les enseignants manifestent ou sont en grève, « c’est pour leurs enfants que nous le faisons. »

Et savoir dire non quand quelque chose nous est imposé et pas forcément obligatoire, se renseigner sur les textes, sur nos droits..

A midi, chacun s’est donné rendez-vous à la manifestation de l’après-midi où un « enterrement de la démocratie » a eu lieu.

Les manifestants ont pu déposer dans le cercueil des petits mots en hommage à la défunte , en voici quelques uns :

-mépris social

-49.3 raisons et plus d’être en colère

-on n’est pas « la foule », on est des humains, des gens en colère !

-démocratie : tu es morte .

-Comme des clônes, des robots ou des soldats, ils se fréquentent entre eux et méconnaissent notre monde. Par qui sommes-nous gouvernés ?

-déni de démocratie

-jusqu’au retrait de la réforme

-je veux vivre !

-Macronie : racisme social

-ne nous raccourcissez pas la vie !

-déni et mépris !

-démocratie moribonde, morte aujourd’hui »

 

 

Photos fournies par les enseignants.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *