Tir d’entraînement – Le loup dans le ligne de mire des louvetiers du département

 

Le coup de feu claque. A 100 mètres, la balle, calibre 7 mn Remington Magnum, fait mouche. Dans la carrière abandonnée du Puley, le bruit sec impressionne. Antonio  Baretta, le maire de la commune Saint-Privé, située juste à côté, assiste à la séance d’entraînement des louvetiers. « La dernière fois, personne n’était au courant, mon téléphone n’a pas arrêté de sonner, la population se demandait ce qui se passait, elle pensait à des braconniers » raconte-t-il alors que le préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy, vient  d’arriver sur place. Le soleil est presque couché.

Au milieu des louvetiers, d’un agent de police de l’OFB (Office Français de la Biodiversité), du maire du Puley, Pascal Guenard, la discussion quand bien même est-elle sur la technique du tir de nuit, c’est le loup qui concentre l’attention.

 

Le loup, ce prédateur, en fait voir de toutes les couleurs aux éleveurs du département. Il tue le plus souvent des ovins dans les prés, s’acharne sur des bêtes, les mange, les blesse en principe avant minuit ou au petit matin, on analysé les agents de l’OFB. Parce que le loup, les services de l’Etat et les agriculteurs, finissent par bien connaître sa méthode de chasse.

Le loup fait débat, ici en Saône-et-Loire, au Puley ce jeudi soir et dans toute la France. « Le loup est un sujet qui hante les éleveurs et les syndicats. Cet animal créé une forme de désespoir » avance avec sérieux, Bernard Lacour, président de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.

Lui et ses congénères se heurtent aux écologistes pour qui le prédateur est une espèce à protéger. D’ailleurs l’annonce du nouveau « Plan loup » qui entrera en vigueur en 2024, oppose à coup de communiqués les écologistes, EELV, aux parlementaires Renaissance. « Dans ce plan loup, on parle enfin du statut de l’éleveur alors qu’avant, on ne parlait que du statut du loup » fait remarquer Bernard Lacour.

Dans notre département, trois loups ont été tirés en 2020, 2021 et 2023. Le plus édifiant est le nombre de constats d’attaque, 170 depuis le début de l’année contre 80 en 2022 et 70 l’année précédente.

L’agent de l’OFB précise encore, « sur les 170 attaques, 95 fois le loup n’est pas exclu, 8 peuvent être l’oeuvre d’un lynx. Les autres, les causes n’ont pas été déterminées ».

Le prédateur _ probablement le loup _ , a tué entre 250 à 300 ovins cette année, il s’est même attaqué à une quarantaine de bovins.

 

 

Le loup, un grand voyageur

 

 

On comprend dès lors, l’exaspération des éleveurs qui néanmoins, selon le président de la Chambre d’Agriculture 71, « sont conscients des efforts de l’administration qui participent au plan loup, à sa réactivité pour épauler les éleveurs et rechercher l’efficacité pour protéger les troupeaux afin de réguler le loup qui, de toute évidence, se plaît en Saône-et-Loire ».

 

Pour l’heure, le préfet intervient dans l’actuel Plan loup. « Nous faisons appliquer les tirs de défense le plus vite possible » souligne Yves Séguy qui cette année a donné 20 autorisations de tir pour protéger des élevages qui mettent en place des mesures de protection, des troupeaux qui sont soumis à une menace, le tout en parfaite coordination avec l’OFB. « Les arrêtés concernent les parcelles qui font l’objet d’une surveillance particulière comme en ce moment dans le creusotois où séjourne un loup » mentionne-t-il. Un louvetier précise que 4 postes de tir sont en place en ce moment.

Le loup n’est pas présent en permanence en Saône-et-Loire mais « il y vient fréquemment et encore faut-il le vérifier, ça prend du temps » indique le préfet. Il ne ferait que passer. D’ailleurs, précise Yves Séguy, « le dernier loup prélevé, on sait qu’il a fait un passage en Normandie grâce à son ADN. Les loups sont très mobiles ».

 

Jeudi soir, les louvetiers, des bénévoles qui ont une mission de service public, sont donc venus s’entraîner au tir avec les conseils de Jean-Louis Contet, un policier retraité. « J’étais formateur en tir sportif, j’ai donc passé la formation loup et proposé mes services ».

Une fois l’autorisation de tirer le loup est accordée, encore faut-il le repérer, l’identifier grâce à un puissant faisceau lumineux et attendre qu’il soit immobile et le cibler avec un appareil thermique (coût 3/4000 €) qui s’ajuste sur la lunette. « Pour le tuer proprement, nous visons la zone du coeur et des poumons » explique-t-il. Même mort, les louvetiers ne touchent pas à l’animal, ce sont les agents de l’OFB qui s’en chargent.

 

L’entraînement reprend. Le bruit du tir est assourdissant et le loup n’est pas sourd.

 

Jean Bernard

 

 

2 commentaires :

  1. Pourquoi est-ce que j’ ai du mal avec les gens qui prétendent résoudre un problème avec un fusil ?

  2. Peut être est ce parce que l’usage des fusils est l’aboutissement des résultats obtenus par les beaux parleurs ?

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