Rencontre – Julien Stock, il fait de son handicap une force

 

A 48 ans, amputé du pied gauche, le Valloirien Julien Stock va disputer les championnats d’Europe de culturisme AFBBN (sans dopage) handisport.  C’est grâce au sport et sa volonté qu’il perçoit aujourd’hui la vie avec optimisme.

Il n’a plus peur du regard des autres. « Je n’osais pas me mettre en short » dit-il alors qu’aujourd’hui, il se comporte sans crainte en public. Julien Stock porte une prothèse à la jambe gauche à la suite d’un vilain accident survenu à l’âge de 15 ans à Saint-Sernin-du-Bois. « J’étais en mobylette et une voiture m’a renversé » raconte-t-il. « Quand je me suis réveillé à l’hôpital, le chirurgien m’avait coupé la jambe sous le genou, mon pied était écrasé ».

Il a pourtant bien fallu se remettre en selle et c’est grâce au sport que l’adolescent a musclé sa vie. « A 17 ans, j’ai tout de suite adhéré aux activités physiques » et il devient champion de France du développé couché en haltérophilie handisport. A cette époque, Julien est épaulé par un maître de la discipline en la personne du Montcelliens Patrick Fornet, vice champion aux Jeux paralympiques en 1984 aux USA.

Julien Stock devient grand et comme ses parents dirigent une société de transport (TBE) au Creusot, il passe son CAP de routier et parcourt l’Europe au volant de son camion. Son seul handicap, en fonction des endroits qu’il traversait, « c’était de laver mon moignon » signale-t-il.

Les années passent, les kilomètres aussi, connaît plusieurs patrons et en juillet 2019, une nouvelle tuile lui tombe dessus. « Au travail, j’ai une rupture partielle du tendon d’Achille au pied droit, mon pied valide ». Licencié en 2022 pour inaptitude au travail, il tombe en dépression. Il est en pleine détresse.

 

 

« Je suis un guerrier, un compétiteur dans l’âme,

je n’aime pas perdre »

 

 

Une fois encore après un passage en maison de repos, il refait surface. « Je me sui relevé une fois de plus grâce au sport, le culturisme ». Il s’entraîne chez lui, au sous-sol mais aussi dans une salle, Bodyform à Montceau-les-Mines où Muriel et Serge le couvent et s’inscrit à sa première compétition de bodybuilding AFBBN le 20 mai dernier (Association de Fitness et Body Building Naturel) et « je gagne ma catégorie ». Cette fois-ci, il reçoit les conseils de Fabien Guillou, champion du monde de culturisme de sport propre.

Chemin faisant, Julien Stock est automatiquement sélectionné pour disputer les championnats d’Europe en Espagne le 1er juillet prochain. « Je vais défendre les couleurs de la France à Salamanque ». Déjà, il se met à rêver. « Je vais prendre l’avion, la dernière fois, j’avais 5 ans. Et si je fais un podium en Espagne, alors direction l’Italie en novembre pour les championnats du monde ». Evidemment, aller en Espagne a un coût. Tout est de sa poche. « Si quelqu’un pouvait me donner un petit coup de pouce » lâche-t-il de chez lui à Saint-Vallier.

Néanmoins, Julien Stock est sur petit nuage. Pas très chanceux dans la vie quotidienne et sa carrière professionnelle, il prouve qu’avec du caractère et de la volonté, les obstacles ne sont pas infranchissables. Et pourtant, il continue à se priver en particulier sur la nourriture. Il pèse tout au gramme près. Le culturisme fait la chasse aux graisses.  Et plus la compétition approche, plus les calories baissent.

« Oui, je me prive mais je suis heureux. Je suis un guerrier, un compétiteur dans l’âme, je n’aime pas perdre ». Notre bodybuilder est orgueilleux, fier de sa métamorphose. « Je suis conditionné par ça, je vais aller jusqu’au bout dans le bodybuilding » jure-t-il.

Avec cinq entraînements par semaine, le Valloirien a transformé et son corps et son état d’esprit. Il accepte le regard et le jugement des autres. « Peut-être suis-je un exemple ? » De son handicap, il en a fait sa force.

 

Jean Bernard

 

 

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