Rencontre – Bernard Mercier, chez lui, c’est le cirque !

 

Et ce n’est rien de le dire. Il faut le voir pour le croire. Même si vous ne connaissez pas le numéro de la rue à Blanzy, vous trouverez. Au 5 rue de la Ferme, la boîte aux lettres annonce déjà où vous mettez les pieds. La porte d’entrée est toute aussi explicite et lorsque apparaît la silhouette de Bernard Mercier et son sourire de grand enfant, pas de doute, c’est Monsieur Loyal qui vous accueille.

« Entrez, entrez, mesdames et messieurs, laissez passer les enfants et venez assistez au plus grand spectacle du monde avec ces saltimbanques des temps modernes ».

Derrière la porte, le hall est comme l’entrée des artistes. Tout est en hommage au cirque et surtout le cirque Pinder. Bernard Mercier du haut de ses 74 ans est circophile. « Je suis un enfant qui a oublié de grandir » dit-il en citant Patrick Sébastien. Ce n’est plus une maison d’habitation, c’est une ode au cirque, à ces artistes, ces patrons de cirque qui encore aujourd’hui, malgré les difficultés, notamment l’interdiction des animaux sauvages, font toujours frissonner, rire et rêver petits et grands.

« Je suis furieux, ils ont cassé le cirque. Ils ont interdit les rhinocéros, les girafes, les félins. Mais les enfants, pourquoi viennent-ils au cirque ? Pour voir les clowns et les animaux », tempête-t-il. Le cirque, il adore ça. Dès qu’un chapiteau pointe sa flèche dans le coin, il se précipite. Petit déjà quand il habitait à Sens, il séchait l’école pour assister au montage de ce village roulant. Tous les patrons de cirque, Pinder, Bouglione, Amar, Zavatta, connaissent Bernard Mercier. Il sait tout, connaît tout, il est incollable.

Le cirque pour toujours, le Tour de France en souvenir

Pinder est son chouchou. « Il est né en 1854 et quand il a été en difficulté, c’est Jean Richard qui l’a repris. D’ailleurs, sur les camions, les lettres Jean Richard sont plus grosses que Pinder. C’était un grand monsieur » ne manque-t-il pas de préciser.

Sa collectionnite aiguë, Bernard Mercier l’a attrapée il y a une dizaine d’années. Passionné de cirque, il l’est mais notre circophile a eu aussi une vie professionnelle. « J’étais chauffeur routier » quand un jour, on fait appel à lui pour conduire la camion-podium du Tour de France. Quinze ans durant, de 1979 à 1994, trois semaines dans l’année, « pendant mes vacances » indique-t-il, il a sillonné les routes de France sur la Grande Boucle. D’abord chauffeur du podium puis du labo photo. Il a donc côtoyé des vedettes du show-biz dont il a gardé d’excellents souvenirs, notamment Thierry Le Luron, « un type formidable », Annie Cordy, les Charlots. Chez les coureurs et en particulier Bernard Hinault _ pourtant cinq fois vainqueurs du Tour _, « il était détestable » se souvient-il. Pas un « blaireau » pour rien !

Le cirque, lui, ne l’a jamais quitté. « J’en ai fait des kilomètres, des brocantes, des Emmaüs pour trouver des figurines, des voitures, des camions aux couleurs Pinder ». Des copains, la famille pensaient aussi à lui. « Tiens Bernard, j’ai un truc pour toi ! » Et comme Bernard Mercier est quelqu’un de méticuleux et bricoleur, il n’hésite pas à transformer un cendrier en camion ou un porte-fleurs en clown. Il a même un baigneur avec la casquette Pinder. Il y tient par-dessus tout. « Il a appartenu à ma mère. Ce baigneur, elle l’a laissé à la maison pendant l’exode en 1940. Elle pensait que les Allemands allaient tout détruire et quand elle est revenue, il était toujours là. Je l’ai récupéré et il fait partie des circassiens ».

Bernard Mercier n’a pas grandi. Il vit au milieu de sa collection et rêve tous les jours, comme un gosse.

Jean Bernard

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