Recensement et réalité locale : L’INSEE sous le feu des maires communautaires

Si l’INSEE devait faire l’objet d’une motion de censure, elle serait probablement votée et l’institut tomberait. Toujours est il que le président de la communauté urbaine Creusot Montceau, David Marti avec à sa gauche, Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines, eux-mêmes entourés de maires de la CUCM, n’ont pas apprécié mais pas du tout les derniers chiffres du recensement de l’INSEE publiés en décembre dernier et qu’un média de Saône-et-Loire a repris dans ses colonnes et, surtout, l’analyse dont en a fait l’Institut national de la statistique et des études économiques. « Nous ne pouvons pas laisser dire n’importe quoi » amorce David Marti.

C’est d’ailleurs cet article qui a provoqué le courroux du maire de Montceau qui a aussitôt alerté le président de la CUCM et qui a abouti à une conférence de presse mercredi en fin d’après-midi à Hub & Go au Creusot. Les chiffres de l’INSEE, Marie-Claude Jarrot les a toujours contestés, hier comme aujourd’hui, au grand dam de son opposition au conseil municipal.

Ce ne sont pas tant les chiffres qui ont hérissé les poils des maires communautaires comme ceux de Jean-Paul Luard (Les Bizots), même si l’ensemble des maires français critiquent la méthode de comptage, ce sont principalement les observations après autopsie, qu’en fait l’INSEE qui dérangent les élus.

« Sur l’article, nous lisons que Le Creusot et Montceau-les-Mines ne sont pas en forme, elles ont perdu 3000 habitants à cause d’un manque d’attractivité et d’emplois. Mais ce n’est pas du tout ça » s’offusque David Marti. « Quand on ne connaît pas la réalité du territoire, on ne peut pas dire ça » ajoute-t-il. « De lire ces lignes, ça nous fait mal, elles font de la peine aux habitants, aux entreprises » complète Marie-Claude Jarrot.

Tout part des chiffres et des statistiques, là est tout le problème. « Mark Twain a dit, les statistiques, c’est le troisième degré des mensonges » glisse presque subrepticement, Jean Girardon, maire de Mont-Sain-Vincent. Le maire du Creusot, lui, dénonce la méthode du comptage de l’INSEE. « Vous détruisez des tours au Creusot comme à Montceau, alors que les logements sont vides depuis longtemps, que les habitants ont été relogés, avec le coefficient de l’INSEE (1.6 habitant par logement), vous perdez d’un coup 1000 habitants ». Une baisse démographique qui a un impact forcément sur les dotations de l’Etat (DGF) aux communes. D’autant que le recensement dans les grandes et moyennes villes ne prennent en compte que 8% de la population. Et quand bien même comme à Génelard, les habitants sont logiquement comptés un à un, « des gens refusent d’être recensés, j’en ai une centaine  dans ma commune » informe le maire, Jean-François Jaunet.

 

 

« Nous sommes en transition, pas en déclin »

(David Marti)

 

 

Marie-Claude Jarrot est sans doute la plus saignante sur le sujet. « Dans les propos de l’INSEE, nous avons l’impression de revenir dans les année 80, sous la poussière. Depuis quand, économiquement parlant, une perte de 3000 habitants implique un manque d’attractivité ? » Le maire pousse plus loin sa réflexion, « ce qui voudrait dire qu’en raison de la baisse des naissances, toutes les villes dévissent ! »

Vous l’avez compris, l’INSEE ne reflète pas l’exactitude de la réalité sur le territoire communautaire. C’est ce qui gêne et dérange les élus alors que la CUCM, terre d’industrie, d’innovation et de savoir-faire, qui se réinvente est plus que dynamique. « Nos entreprises, Framatome, Alsthom, Michelin, Novium, entre autres, recrutent. Avec l’implantation de Jimmy ce sont 280 emplois qui vont être créés, avec MCGP (joaillerie), 350 emplois. Avec tous les projets connus ou engagés à ce jour, ce sont plus de 1000 emplois directs dans l’industrie et 2 à 3000 emplois induits » rappelle David Marti. « La CUCM, c’est le territoire de tous les possibles ».

Ainsi, peu à peu, la tendance s’inverse, la baisse démographique sur le territoire ralenti. « Nous sommes en phase de stabilisation, le fruit d’un travail collectif » avance encore le président de la CUCM. « Nous sommes en transition, pas en déclin ».

A une industrie en forme, s’ajoute un atout indéniable, « c’est l’accessibilité avec le TGV, la RCEA, l’autoroute. Nous avons un réseau extraordinaire » soutient le maire de Montceau. Un bémol toutefois, le manque de logements intermédiaires à construire. « Nous nous y employons » acte Marie-Claude Jarrot. « L’INSEE dit n’importe quoi, ses propos sont injustes ».

Jean-Claude Lagrange, maire de Sanvignes et président de l’agence économique régionale, partage les propos. « De lire que nous sommes en déclin économique me choque. Une baisse démographique ne conduit pas à une baisse d’attractivité ».

A quand, alors, un changement dans la méthode de recensement de l’INSEE ?

 

J.B.

 

 

 

Les commentaires sont fermés.