Ils étaient trois, Alexandre Kantorow (piano), Liya Petrova (violon) et Aurélien Pascal (violoncelle), les rois mages de la musique qui ont inauguré mercredi soir ce festival « Piano à la Verrerie » au Creusot, là où, en 1786, a été créé la manufacture des cristaux de la reine Marie-Antoinette.
C’est peut-être un détail mais qui veut dire beaucoup dans l’approche à la fois historique et contemporaine de cet événement qui met en valeur le savoir-faire d’antan et la beauté musicale au même titre qu’un sacre du printemps enveloppé de ces notes subtiles, délicieuses dont la résonnance a envahi cette cour du château avec pour témoins ces deux pyramides coniques.
Une soirée d’excellence d’où se sont échappés les sons du piano mêlés à ceux du violoncelle et du violon, instants de grande béatitude qui a donné aux âmes présentes, la sensation de s’élever au-dessus des centurions qui veillent sur ce lieu au passé glorieux.
Quel plus bel endroit pour offrir ces premières touches artistiques à cet événement d’exception « Piano à la Verrerie » qui a sonné comme les cloches d’une église pour battre le rappel. On comprend mieux l’émotion d’Enzo Ungauer, directeur artistique, quand il a pris la parole pour dire son attachement au château de la Verrerie, à ce festival et sa programmation riche et diversifiée qui va permettre d’explorer « le piano sous toutes ses formes », en associant piano classique, jazz et pop.
Une terre d’industrie ne saurait être uniquement le creuset d’une seule intelligence, elle a besoin aussi du symbole d’un art éclectique qui émeut la beauté intérieure. Et qui, mieux que la musique, en est capable !
Quoi de plus beau que d’écouter Mendelssohn, Beethoven, Tchaïkovski entre variations et valses sentimentales dans cette cour au lourd patrimoine.
Même la voix de l’ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a plongé les spectateurs dans une profonde émotion à la lecture de textes de Christian Bobin, figure littéraire originaire du Creusot, lui qui a idéalisé ce château de la Verrerie et a été marqué par Bach et Glenn Gould. La poésie des mots rejoignait celle de la musique à pas feutrés et délicats qui caressaient les pavés de la cour comme les doigts d’Alexandre Kantorov glissaient sur le clavier. Des petites notes sèches et courtes à l’image littéraire de Yasmina Reza et son Hammerklavier.
On se souviendra de ce premier concert du festival « Piano à la Verrerie » comme on se souvient de son premier amour.
J.B.
Au programme du festival « Piano à la Verrerie »
- Jeudi 29 mai : Yaron Herman, lauréat des Victoires de la Musique Jazz, offrira un récital de piano en improvisant autour des plus grands standards du jazz
- Vendredi 30 mai : NACH (Anna Chedid), figure emblématique de la scène pop française, présentera un concert piano-voix, revisitant ses titres les plus emblématiques.
- Samedi 31 mai : Melody Gardot, icône du jazz vocal, clôturera le festival avec un concert piano-voix, accompagnée du pianiste Ismaël Margain.