Montceau – Violences conjugales : deux témoignages glaçants

Le rassemblement devant l’hôtel de ville de Montceau-les-Mines ce lundi 25 novembre 2019 à l’initiative de Yanis Malot, correspond à l’annonce par le gouvernement d’une trentaine de mesures suite au Grenelle des violences conjugales. Et de toute évidence, elles sont loin de répondre à l’attente des femmes violentées et aux collectifs féministes, notamment sur les moyens mis en oeuvre.

Dans sa déclaration sur le perron de la mairie en présence d’une soixantaine de personnes dont  des élues de la majorité municipales et les représentantes de Femmes Solidaires qui, rappelons-le furent notamment à l’initiative de la venue de Laurence Rossignol à Saint-Vallier vendredi dernier, Yanis Malot rappelle que « nous sommes aujourd’hui à 138 féminicides en France depuis le début de l’année ».

Rassemblé devant la mairie, le cortège se rend ensuite devant le commissariat

Le jeune homme s’en prend alors directement aux policiers et gendarmes « qui n’ont pas été à l’écoute de ces femmes ». « Honte à eux » clame-t-il.

La police au même titre que la gendarmerie, est très souvent pointée du doigt pour son manque de discernement, d’écoute et de prise rapide d’intervention quand une femme vient dénoncer le comportement violent de son conjoint.

Devant le commissariat de police de Montceau où se rendent les manifestants, deux femmes prennent la parole et témoignent. Leur vie est un enfer. « J’ai perdu 8 kg en deux mois » commence Aurore.

« Un matin, le voisin me dit : ça va ? Pourquoi ? alors qu’il a entendu dans la nuit des voix et des portes qui claquent. Oui, ça va sinon je serais morte. J’appelle ça de la non assistance à personne en danger ».

Elle-même a voulu intervenir (ce n’est pas à Montceau, NDLR). Au-dessus de son appartement, elle entend une petite fille crier. « Elle disait arrête papa, tu me fais mal ». Aurore compose le 17 et le policier lui répond d’attendre un quart d’heure et si les cris continuent, la police interviendrait. « Je n’en revenais pas ».

Le monde à l’envers, à la femme de prouver avoir reçu des coups

Aurore est une femme battue. Et pourtant, comme de nombreuses femmes, « j’ai cru que je méritais les coups, alors j’y retournais même si j’étais humiliée. Je croyais ne pas pouvoir vivre sans lui mais j’ai su qu’il s’en prenait également à d’autres femmes. Alors je suis allée à la gendarmerie. On me dit: on ne traite que les cas urgents, revenez demain. Je reviens sans plus de résultat ».

Elle se rend alors dans une autre gendarmerie et là, tombe sur un militaire qui l’écoute pendant plus de quatre heures. « J’ai déposé ma plainte ».

A sa décharge, malheureusement, Aurore n’a jamais fait faire de certificat médical après les coups reçus de son conjoint. « Des bleus, j’en ai eus ». Aujourd’hui, la justice a pris le dossier en main, « mais c’est à moi de me défendre, de prouver la violence de mon conjoint qui est pourtant récidiviste, bien connu de la police du Creusot. Pourquoi est-il encore là à détruire des femmes ? C’est un pervers, il a deux plaintes contre lui. Même sa petite fille a vu et entendu, elle a assisté aux violences de son père. On attend quoi ? »

Une petite fille qui a peur pour sa maman 

En deux mois, Aurore est détruite. Elle n’est pas marié, n’a pas d’enfant et finit par appeler le réseau VIF. « Il faut appeler » lance-t-elle à celles et ceux qui l’écoutent devant le commissariat. VIF la met en relation avec l’association L’écluse à Mâcon. Elle se sent enfin soutenue. Elle l’est également par sa famille qui l’a accueillie. « Mais je ne suis pas aidée par la justice. Avec les nouvelles mesures, on va payer un hébergement pour ces connards, on va protéger ces messieurs. Et la femme, elle fait quoi ? Ce sont les enfants et les femmes qui sont la priorité » s’exclame Aurore.

Elle a besoin de parler et termine ses propos avec conviction : « Il faut que les femmes sortent de leur silence. Aucun gendarme ou policier a le droit de refuser une plainte ».

Le cas de Sabrina qui s’est exprimée devant Laurence Rossignol est tout aussi dramatique. Aujourd’hui, elle doit même se cacher de son ex-mari grâce à l’aide de sa famille et de ses amis. « C’est surtout pour ma petite fille, elle a peur pour sa maman » précise-t-elle. « Il a tapé dans la voiture dans laquelle nous étions toutes les deux ».

L’enquête est en cours, ce lundi, elle a été entendue trois heures au commissariat de police. Elle ne souhaite donc pas en dire davantage.

Aurore, Sabrina, deux femmes battues, violentées. Dehors, deux hommes vivent leur vie.

Qu’a dit ce lundi matin le Premier ministre, Edouard Philippe : « nous devons mettre fin à des dysfonctionnements dont nous n’avons pas jusqu’à aujourd’hui voulu prendre conscience ».

Jean Bernard

Un commentaire :

  1. Bonjour je suis Aurore la personne qui a témoigné devant le commissariat.
    Je tiens à faire corriger certains faits.
    Nous étions deux femmes à témoigner. Et donc ce n’est pas deux mais trois hommes libres violents en ce qui nous concerne. Car j’ai déposé deux plaintes pour deux individus différents. Un non récidiviste et un OUI récidiviste. Il est important de préciser que l’individu récidiviste est toujours en liberté ce qui est inadmissible !! Donc, bien prendre en compte que,pour ma part, j’ai connu deux conjoints violents physiquement, psychologiquement……..
    Merci de corriger.
    Aurore.

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