Manufacture Gerbe – Les dessous du retour de la famille Yang

Même pendant le confinement, alors que la survie de Gerbe se jouait, a été élaborée la nouvelle boîte cadeau. La voici en avant-première. Chez Gerbe, ils ne sont pas restés les jambes croisées.

Le monde des affaires est aussi opaque qu’un bandeau noir devant les yeux. Le retour aux manettes de l’actionnaire chinois, le groupe hôtelier Chogqing Tianci Hot Spring arrivé à Saint-Vallier en 2015 au chevet du fabricant de bas et collants haut de gamme, a surpris tout le monde. Enfin presque.

Un homme, le directeur exécutif de Gerbe, Philippe Genoulaz, depuis la mise en redressement judiciaire de l’entreprise en avril dernier, a suivi le dossier avec une attention toute particulière. Il a même été, disons-le clairement, au coeur du sauvetage. « Au tribunal de commerce à Chalon-sur-Saône, le 18 juin, l’avocat de la famille Yang a soutenu mes propos » dit-il tout simplement.

Alors que s’est-il passé fin 2019, début 2020 du côté de chez Gerbe pour hypothéquer ses chances de survie ? La Chine avec pratiquement 1.5 milliards d’habitants est un formidable marché, sachant que le fabriqué en France a une très grosse cote. Mais encore faut-il trouver des distributeurs et quand bien même la famille Yang est chinoise, la concurrence est rude. Toujours est-il qu’en « décembre dernier devait se signer un contrat de distribution en Chine » indique Philippe Genoulaz. Un rendez-vous manqué puis le covid a fait le reste.

Trois possibilités pour Gerbe : continuer, trouver un repreneur ou liquider 

« Devant cette situation, fin mars, l’actionnaire chinois a fait une déclaration de cessation de paiement, il s’est mis sous la protection de l’Etat », précise le directeur. Le tribunal décide alors un plan de continuation sur six mois. On continue, on trouve un repreneur ou on liquide.

Des repreneurs, une bonne quarantaine, se sont manifestés. Ils avaient jusqu’au 28 mai pour déposer chacun leur dossier. Seulement deux le seront, les Ateliers Peyrache et Kindy qui furent jugés irrecevables le 18 juin par le tribunal.

De leur côté, Philippe Genoulaz et la famille Yang, sans rien dire, ont travaillé et leur offre a été retenue à l’unanimité par le tribunal.  « Le moins on en dit, le plus on avance » glisse au passage le directeur.

Au tribunal de commerce, tout a été passé au crible, la pérennité du projet économique, la sauvegarde de l’emploi (sur 41 salariés, 33 sont conservés), la solidité financière de l’actionnaire, le plan de développement et « en dernier lieu l’immobilier » précise-t-il encore.

« La famille Yang mérite tout notre respect » (Philippe Genoulaz)

« Le contrat de distribution sur la Chine a été signé il y a 15 jours par M. Yang, un contrat sur 3 ans » clarifie Philippe Genoulaz. La manufacture conserve ainsi son label Entreprise du patrimoine, un point essentiel, continue à produire en France et perpétue son savoir-faire aujourd’hui légendaire.

Quant à la question du bâtiment, le quitter ou pas, elle n’est pas à l’ordre du jour. « Pour être clair, je ne sais pas », affirme le directeur. Il ajoute : « Moi, je sais ce que je fais et c’est ce que je viens de dire quand d’autres disent ce qu’ils ont peut-être fait ».

Gerbe est sauvée. C’est grâce à la famille Yang. « A monsieur et madame Yang, nous leur devons énormément de respect. Ils s’engagent à payer toutes les dettes et personne ne reste sur le carreau » témoigne Philippe Genoulaz. Un sacré bonhomme.

Ensemble, ils ont donc travaillé dans l’ombre. Au point que même pendant le confinement, alors que le destin de Gerbe se jouait, a été élaborée la nouvelle boîte cadeau Gerbe (voir photos). Elle est splendide avec des références à Paris et destinée au marché français et chinois.

Gerbe, Saint-Vallier, La France, la Chine, le fil n’est pas rompu. Il s’est même consolidé.

Jean Bernard

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