Hommage à Samuel Paty – La lettre de Jaurès soulève une polémique

Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, le Français n’en fera qu’à sa tête et comprendra ce qu’il voudra bien comprendre. Pour preuve,  la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices qui a été lue ce lundi dans les écoles, collèges et lycées en hommage à Samuel Paty.

« Elle a été modifiée » s’insurgent quelques personnes. Qu’entendent-ils par-là ?

En réalité, cette lettre est très longue, alors elle a été raccourcie et non pas modifiée. Ce sont des extraits.

D’ailleurs plusieurs versions ont été diffusées par le ministère de l’Education nationale. Nous publions la version courte publiée sur le site Eduscol. (ci-dessous).

Une version plus courte encore a été lue par le rappeur Oxmo Puccino pour Lumni, la chaîne éducative de l’Éducation nationale.

Il existe également une version plus longue, destinée aux lycéens, toujours sur le site Eduscol.

Le texte original a été publié à l’époque dans la Dépêche de Toulouse en 1888 (source BNF).

La perception d’un enseignant dans un collège : « La lettre, elle est passée par-dessus la tête des élèves, mais ça s’est bien passé« . Et pourtant, il y a tant à prendre ne serait-ce que ce passage : Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort« .

J.B.

 

Aux Instituteurs et Institutrices
Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes
responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas
seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin
d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils
doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son
âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre,
quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la
nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme,
il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux
formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la
tendresse.
Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine
domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct,
et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui
s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut
leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment
de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous
triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.
Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! — Oui, tout cela, si vous ne voulez pas
fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais quelles sont les
difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d’années et ils ne sont
point toujours assidus, surtout à la campagne. Ils oublient l’été le peu qu’ils
ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de l’école, des rechutes
profondes d’ignorance et de paresse d’esprit, et je plaindrais ceux d’entre
vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une grande ambition, si
cette grande ambition ne supposait un grand courage. […]
Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou
huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de
l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre
de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l’humanité. Le
maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas
nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que
tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau
d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme
d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à
l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la
pensée humaine ! […]
Je dis donc aux maîtres, pour me résumer : lorsque d’une part vous aurez
appris aux enfants à lire à fond, et lorsque d’autre part, en quelques
causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui
intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine
en quelques années œuvre complète d’éducateurs. Dans chaque intelligence
il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront. »
Jean Jaurès, La Dépêche, journal de la démocratie du midi, 15 janvier 1888.

 

 

9 commentaires :

  1. Et fermeté au lieu de fierté ce n’est une modification peut être ?

  2. Et qu’en est-il de la propension des êtres humains de différencier les déclarations d’intention et les actes concrets? Ce point mériterait-il d’être étudié de près? Le « J’accuse » d’Émile Zola est une autre lettre qui aurait toute sa saveur en ces temps troublés……
    Peut-on cultiver la pensée à coups de « téléréalité », de « jeux télévisés », de sport « télévisé », de mangas, de « lapins crétins », etc…..? Combien de temps passent déjà notre jeunesse devant les écrans de télévision ou les jeux vidéos (si peu éducatifs)? À quelle heure passent les émissions réellement intelligentes, cultivantes et apprenantes?
    En quelle proportion fait-on de la philosophie, de l’art, de l’esthétique, de l’éducation aux émotions, de l’éducation aux médias à l’école? Avec quels moyens? Quelles compétences?

  3. Raccourcie, il fallait aller vite car les perturbateurs (qui n’ont surtout pas été filmés dans toutes les écoles de quartiers de France) ne devaient pas être poussés à être plus agressifs envers leurs professeurs gardiens qui ne pouvaient pas les contenir plus longtemps. Rien de plus compliqué que d’essayer de lire une lettre à une cible qui n’en comprend pas trois mots.

    • Ben voyons…Décidément, Franck est un obsessionnel. Même au sujet d’un raccourci qu’on peut interpréter comme une censure d’Etat, il en revient à ses idées fixes : ces « gens-là », suivez mon regard, ne savent pas se tenir et si apparemment tout s’est plutôt bien passé dans les écoles et collèges lors de l’hommage à Samuel Paty, c’est « qu’on nous cache des choses ». Vous êtes un adepte, vous aussi, comme les islamistes, de la propagande par la répétition ad nauseam !

      • Jules gardez votre naïveté guignolesque pour vous ! Je ne suis allez que dans des écoles déclarées difficiles quand j’étais étudiants et j’ai quitté cela il n’y a pas si longtemps que ça, j’en garde des souvenirs bien ancrés, déjà là on voyait changer les bases de notre éducations. Des connaissances travaillent dans des collèges connus comme étant difficiles, j’ai eu leurs retours de comment une partie de la population de ces établissements ont réagi, avez-vous eu ces retours vous même ou vous réagissez simplement par rapport de basiques convictions politique, celles qui rendent notre pays invivable aujourd’hui ? Je ne suis pas un adepte du complot, je donne toujours une information vérifiée. Vous êtes un obsessionnel dans le tendre la joue gauche quand vous avez pris une tarte sur la droite, pas moi.

      • Par contre vous avez raison sur la répétition de mes propos, quand je vois la niaiserie ambiante des discours à moitié benêts qui sont déployés ça a tendance à m’horripiler, surtout quand cette faiblesse de l’esprit, de l’action finissent par tuer ! Enfin Ayez une certaine retenue à ne comparez personne à ces immondes personnages.

        • Franck vous n’avez rien compris, la France a choisi d’abandonner sa religion, le Christianisme. Quand vous faite ça vous laissez la place à d’autres religieux qui eux n’abandonnent par leur foi par idéal. La France a décidé d’abandonner son histoire, elle se flagelle et trouve normale que d’autres cultures viennent mettre en place en son sein leur propre histoire hérité de leur pays d’origine. Eux n’abandonnent pas leur histoire, ils en sont fier. Le pays change il faudra vous adapter, la France que vous avez connu n’existera bientôt plus, je n’ai pas peur de le dire car de toutes façons vous n’avez aucune possibilité de changer ça, c’est en marche. Sachez que ce genre de choses ne sera jamais possible en Algérie, au Maroc en Iran etc car là bas leur culture, leur identité est importante et il l’a défendront toujours ! Je comprends votre sentiment car il est plus facile de voir sa propre culture envahir un pays que de voir son pays changé par une autre culture. Mais c’est comme ça, inutile de vous accrocher aux branches.

          • Votre raisonnement à du sens, c’est vrai qu’en France il est honteux de défendre sa culture on en est à déboulonner nos illustres personnages. A côté de cela des personnes issues de l’immigration sont fier de leur culture d’origine et les islamogauchistes trouvent normal que ces gens là revendiquent et installent pas à pas leur culture à la place de la nôtre. En Algérie par exemple les Algériens n’accepteraient jamais que des étrangers viennent déstabiliser leurs identités, d’ailleurs ils sont bien plus évolués que nous, eux ne laissent pas rentrer des masses migratoire chez eux au détriment de leur culture et leur économie.

  4. Qu’on laisse Monsieur Paty reposer en paix
    Avec tous ces blablas débiles
    La France aux Français et pour ceux qui ne s’y adaptent pas au revoir

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