Eolane a 100 ans – D’anciens salariés sont revenus partager des souvenirs d’antan

Des livres par centaines, des archives par kilos, dans la vie d’une entreprise, ce sont des trésors inestimables et inestimés. La camionnette est pleine à craquer. Garée devant l’entrée du site Eolane sur la zone Sainte Elisabeth, elle regorge de souvenirs et se vide peu à peu. D’anciens salariés sont venus récupérer un morceau de leur vie comme d’autres en novembre 1989 ramassait un lambeau du mur de Berlin.

Dans le même temps, juste devant ces pages d’histoire qui changeaient de main, l’avocat, Ralph Blindauer, venu plaider la cause des salariés menacés de perdre leurs emplois, a un petit pincement coeur. Il est peiné d’assister « à cette initiative qui signe la fin d’une aventure ». D’ici fin juillet, Eolane Montceau aura sans doute cesser de vivre et les 80 salariés renvoyés à la maison.

Il y a 100 ans, c’est du côté de Salengro qu’il faut aller chercher la première page de cette histoire. Aujourd’hui, c’est Emmaüs qui occupe les lieux. En 1920, l’entreprise se nomme Cheveau puis Jeumont Schneider, JS Telecoms. En 1990, elle devient Bosch Telecom et en 1992, s’implante à Sainte Elisabeth.

En 2002, arrive Combel qui deviendra Eolane Montceau en 2010.

2020, Eolane fermera vraisemblablement.

C’était mieux payé chez Gerbe

Boleslaw Goszka est entré chez Cheveau en 1958, « le 20 octobre » se souvient-il très précisément. « Je sortais du collège et j’ai fait du câblage ». Mais à cette époque, chez Gerbe, le salaire de ses copains est plus élevé. « Alors en 1960, j’ai quitté Cheveau pour être mécanicien sur métier circulaire à la manufacture ». Boleslaw, on le retrouve ensuite à la naissance de Michelin. Il y passera 30 ans.

Quand il met les pieds chez Cheveau, il a 17 ans. « On fabriquait du matériel électrique. Ici, on faisait tout de A à Z, tous les métiers étaient représentés ». L’emploi n’est pas un problème. « On quittait une entreprise pour entrer dans une autre après 8 jours de préavis » rappelle-t-il.

Jean Bao, 26 ans qu’il est à la retraite. Il a commencé sous Jeumont Schneider et a fini avec Eolane.

Avec Bosch, c’était la belle époque

Jocelyne Brelier a connu le même parcours. « J’ai terminé chez Eolane en 2013 ». La Sanvignarde est venu revoir ses anciens camarades. « A l’époque, c’était très bien, je faisais les 3×8 ». Elle y a même rencontré son mari, Jean-Paul, 40 ans de boîte.

Retour à Salengro avec Joëlle Calabrisi. « Nous étions pas loin de 500 employés. J’ai débuté en 1972 avec Schneider avant de venir ici à Sainte Elisabeth. Mon mari travaille toujours chez Eolane ».

Les deux femmes ont surtout apprécié travailler avec Bosch. « On avait beaucoup d’avantages, le 13e mois, prime d’intéressement, on gagnait bien notre vie. Avec Eolane, ce n’était plus la même chose. On a connu le bon temps, les bonnes années » racontent-elles.

Toutes et tous sont repartis avec un livre, même plusieurs. Certains datent d’avant 1920. « La bibliothèque d’entreprise permettait de développer la culture » précise Gérard Burtin, membre de l’IHS (institut d’histoire sociale). L’IHS à qui le CE d’Eolane confie les archives. « Elles permettront de raconter les histoires syndicales. C’est un trésor qu’il faut préserver » souligne-t-il.

L’initiative d’Alain  Schleich, représentant du personnel, a été un franc succès auprès des anciens. Les souvenirs des salariés ne s’effacent pas contrairement à d’autres.

Jean Bernard

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