Après Jacques Chirac puis François Hollande qui parlaient de mix énergétique avec un seuil à 50% d’électricité nucléaire, depuis la machine s’est emballée quand en février 2022, dans un discours prononcé à Belfort, Emmanuel Macron évoquait la construction d’au moins six nouveaux réacteurs de type EPR2 d’ici 2050. En 2020, au Creusot, sur le site de Framatome, il annonçait la construction d’un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire.
L’atome retrouvait toute sa vigueur si bien qu’au Creusot et à Chalon-sur-Saône avec Framatome, « la Saône-et-Loire bénéficie d’un rebond industriel » soulignait Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Energie, jeudi après-midi au cours de sa visite au Creusot chez Framatome. « L’énergie nucléaire est au coeur de la politique énergétique décarbonisée » avançait il encore.
Une fusion qui porte ses fruits « car en 2024, nous avons battu un record, nous avons produit 95% d’électricité décarbonée grâce au nucléaire » se plaisait à dire le ministre. Et la mise en service de l’EPR de Flamanville en décembre dernier _ 17 ans après le démarrage des travaux _ n’ajoutera que du bonus quand bien même une grande partie des réacteurs nucléaires français sont assez vieux (certains ont plus de 40 ans).
L’enjeu est là, d’où le lancement du programme des nouveaux EPR 2 l’an prochain pour renforcer la capacité de production d’électricité à faible émission de carbone, indiquait Marc Ferracci et même de huit autres probablement en 2026. Enfin, peut-être… Sans oublier les nouvelles technologies, comme les réacteurs de petite taille (SMR) qui pourraient également jouer un rôle dans cette évolution comme l’implantation de Jimmy à Coriolis.
Ce rebond du nucléaire fait les affaires de Framatome qui a embauché 2666 personnes en France et 96 apprenants, « dont 500 en Bourgogne – Franche-Comté et 96 au Creusot. Et nous en recruterons 2500 en 2025, 600 en BFC et 150 au Creusot » stipulait Bernard Fontana, président directeur général de Framatome. Sans compter les « 500 M € investis avec le soutien de la communauté urbaine Creusot Montceau et du Grand Chalon » précisait il. « A Framatome, nous sommes fiers d’être nucléaire ».
Au passage, Jean-Claude Lagrange qui représentait la Région glissait un petit caillou dans la chaussure de sécurité de Sébastien Martin, président du Grand Chalon, lui reprochant d’avoir dit que « la Région ne soutient pas le nucléaire ». Réponse de l’intéressé, « non, mais le soutien de la Région est récent ».
Des pièces pour les EPR 2 déjà visibles sur le site
Si Le Creusot est « le fleuron du nucléaire » se plaisait à dire Hélène Badia, présidente de l’Université des Métiers du Nucléaire, la filière, pour répondre aux nouvelles exigences, a besoin de recruter et donc, profiter de la venue du ministre pour lancer officiellement la Semaine des métiers du nucléaire du 3 au 7 février prochains dont ce sera la troisième édition. Car le nucléaire prévoit de recruter 100 000 nouveaux personnels d’ici 2034.
Une façon d’engager sur cette voie, France Travail qui prend également sa part dans l’opération pour promouvoir les méthodes de recrutement « notamment en direction des femmes » assurait Frédéric Toubeau, directeur de France Travail en Auvergne – Rhône-Alpes et référent de la filière nucléaire au niveau national.
En règle générale, dans l’industrie, « ce sont 70 000 emplois qui ne trouvent pas preneurs » rappelait Marc Ferracci dont 5000 dans le nucléaire, une filière qui propose plus de quatre-vingts métiers différents avec des salaires plus élevés. « Le nucléaire est une grande aventure humaine même pour les jeunes filles et les jeunes femmes » poursuivait il. « L’important est d’attirer les jeunes très tôt » formulait Bernard Fontana même « si nous n’avons de problème particulier en Bourgogne. Avec le regain du nucléaire, nous avons des signaux encourageants ».
La visite du site de Framatome a estomaqué le ministre de l’Industrie et de l’Energie. Quand il fallait cinq ans pour réaliser une pièce forgée et usinée, le délai est tombé à 18 mois. Et surprise sur le gâteau, Marc Ferracci a pu découvrir qu’à Framatome au Creusot, on usinait déjà des pièces pour les EPR 2.
Il va quand même falloir vite voter un budget et stabiliser la vie politique française.
J.B.