Rencontre – Julien Chaumet, un maître du polar en BD au coup de crayon rebelle

D’aucuns diront qu’il est à l’ouest comme les mystères de l’Ouest. Julien Chaumet est un mystère. C’est surtout un rebelle. Dans sa maison aux Mouilles à Palinges, quand on connaît le personnage, le puits dans la cour fait penser à L’Auberge rouge, ce film avec Fernandel où un couple d’aubergistes assassinent leurs clients pour les voler. Du roman noir.

Julien Chaumet est dessinateur et scénariste. Il dessine et écrit les dialogues de ses BD. Il aime le polar. Le noir est sa couleur, le blanc, le linceul dans lequel il enveloppe ses personnages. Julien Chaumet est machiavélique.

Le rebelle, tome 1 et tome 2, plonge le lecteur dans les années 1974/1975 où flics, voyous et politiques se débattent dans une grande lessiveuse, ça brasse dans tous les sens. Ne cherchez pas d’histoires sucrées de princesses, Julien Chaumet a grandi dans l’univers de Jacques Tardi, « c’est le Michel Audiard de la BD » souligne le natif du Creusot et qui a passé ses trente premières années à Sanvignes.

Rebelle il l’a été et l’est encore à travers ses dessins avec son coup de crayon direct et franc. Il a une capacité étonnante à reproduire d’un trait, sans rature, sans bavure, ses rêves de la nuit. « je fais d’abord ma bulle puis le dessin autour ». Un petit Mozart de la BD.

Alors qui est-il, Julien Chaumet ? Un enfant à la base qui décalquait les aventures d’Astérix, grand fan de Gaston Lagaffe et de Franquin dont il est un admirateur inconditionnel. « Il a l’oeil que je n’ai pas celui de rendre vivant une case par le mouvement. Son graphisme est très recherché, très poussé » dit-il.

L’école n’a pas collé avec Julien. Il est passé du premier rang au fond de la classe. Les profs parlaient un autre langage, pas le sien. Les beaux arts seraient plus à son écoute, il a tenté sans vraiment se réaliser non plus.

Son esprit est ailleurs, le Rebelle refait surface, ces histoires imaginées au lycée avec un camarade d’après une série télé. Ce camarade en moto qui tirait sur les enseignants. C’est grave docteur ?

Son ambition, créer sa propre maison d’édition

Rebelle est un braqueur de banques, Tamechu, l’inspecteur de police qui le prend en chasse « Tamechu, c’est l’anagramme de Chaumet » révèle-t-il. Ainsi s’achète-t-il une bonne conduite. De turbulent et Rebelle, il est passé de l’autre côté du mur, du bon côté. Alors avec le temps, il se plonge dans la littérature, découvre Céline et Voyage au bout de la nuit et ce film qui ne verra jamais le jour avec Audiard, Godard et Belmondo. Un trio monstrueux.

A 37 ans, Julien Chaumet est sans doute un joyau de la BD qui ne demande qu’à briller. Son luxe, ouvrir sa maison d’édition pour éditer sa BD. Le jour viendra une fois sa formation à l’Atelier du coin à Montceau-les-Mines achevée. Il l’espère même si son coeur balance entre Rebelle et Tamechu.

Aujourd’hui avec son deuxième tome, Le juge Peugeaud, il transpose l’affaire du juge Renaud à Lyon. Il va poursuivre dans le troisième tome avec la casse de la Société générale à Nice mais à Lyon. Il pense s’arrêter à dix. Dans sa tête tout est déjà établi, les personnages déjà en action. D’autres pourraient naître de son imagination, il les a au bout de son crayon.

Julien Chaumet est à découvrir, à savourer aussi. A son bureau, il travaille en musique, du rock et la chanson française, il est un inconditionnel de Brassens. Il s’aère l’âme avec Pierre Desproges qui le fait rire et Paul Léautaud qui lui ressemble.

BD, livres, musique et voitures, Julien Chaumet adore collectionner les voitures miniatures. Son garage en regorge, plus de mille s’entassent sur des rayonnages. Et juste à côté, sa voiture, une R14 de 1978. Une vraie.

Et dans le puits ? Rien. Il pleut, l’eau ruisselle. Elle goutte. Dans l’eau se reflète son visage. Sombre et lumineux. Un vrai polar imaginaire.

Jean Bernard

Pour suivre les aventures du rebelle : http://www.facebook.com/bdlerebelle

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