Rencontre – Après Romain, champion olympique, voici Joshua Cannone et son univers du métavers

 

Mamie Françoise est aux anges. Elle a deux petits-fils « extraordinaires » dit-elle. Chez les Cannone, on cultive le sublime. Voici un peu plus d’un an, Romain débarquait rue Jean-Jacques Rousseau à Montceau-les-Mines avec autour du cou la médaille d’or du titre olympique à l’épée aux JO de Tokyo.

Mais un Cannone peut en cacher un autre, son frère en l’occurrence. Joshua n’est pas escrimeur, « j’ai pratiqué quand j’étais à New-York mais mon frère était plus fort » reconnaît-il.

Sur la cheminée de la salle à manger, un trophée d’or laisse à penser que Joshua a brillé. Ce palmier est la récompense d’un prix dans la mode aussi prestigieux qu’une médaille d’or. Etudiant en Master of Arts in Fashion Design, il a gagné ce dimanche 16 octobre 2022 le Grand Prix du Jury Accessoires de la 37e édition du Festival de mode, de photographie et d’accessoires à Hyères.

Aucun rapport donc avec son frère ni avec l’escrime, si ce n’est que « nous partageons le même petit appartement à Paris et le même lit »  s’en amuse le plus jeune. « Nous avons deux ans d’écart. J’ai 23 ans, Romain 25 ».

Certes, il y a un air de famille. Là s’arrête le parallèle. « Moi, je suis dans la mode, nous sommes totalement différents », note le cadet de la famille. Une mode qui interpelle autant qu’elle offre une vision futuriste. Ses créations nous plongent dans le métavers, le futur de la mode. C’est osé voire impertinent, désinvolte. Joshua est un inventeur et ses sacs en cuir traduisent son génie inventif.

Sur le site FashionUnited, une phrase résume la philosophie de cette compétition internationale :  La 37e édition du Festival de Hyères a montré, à travers les collections présentées, qu’on pouvait partir sur des bases nouvelles. Créer un havre pour le rêve, la beauté et la liberté.

Son esprit est imprégné

de ses souvenirs à New-York

Mais où Joshua Cannone puise cette créativité ? De ses années à New-York. « Je me suis intéressé à la mode en faisant du skate, quand j’ai vu l’impact des marques dans cette pratique. Je faisais attention à ce que je portais ». Il revient alors à Paris, c’est là que la mode attribue ses lettres de noblesse. Après une école de design industriel dans la création, il intègre l’Institut français de la mode. « Je voulais créer mon propre univers, avoir plus de liberté » en particulier dans les accessoires, imaginer des sacs.

C’est là qu’il fait appel à ses souvenirs d’ado dans les rues de New-York, là où se côtoient sur le même trottoir le type en costume cravate qui croise le clochard. L’art avec son côté sombre, le dark side, lui ouvre les yeux. S’en dégage l’idée d’un lien entre l’ancien monde et le nouveau. « Je m’inspire des choses qu’on décide de ne pas voir ». Il emprunte à New-York le luxe et la mort qui posent la question de l’éternité.

Concevoir un sac en cuir noir qui se porte comme son ombre sur le dos est déroutant. Comme ce sac en forme de rat, un animal qui pullule à Manhattan et même à Paris. « C’est la bestiole que j’aie le plus rencontrée » précise Joshua. A Hyères, il a présenté un rat recouvert de poil. « Ce sont des cheveux humains », indique-t-il. « L’important est d’apporter quelque chose de nouveau, de susciter l’émotion ».

Sa collection de sacs (voir ci-dessous), il l’a appelée Static. A Hyères, elle a tapé dans l’oeil. Joshua ouvre le champ de nouvelles possibilités. Il réinvente la matière, en fait des accessoires. « C’est artistique tout en gardant une fonctionnalité ».

Des rats, il a en vendu  quinze. « Les gens sont admiratifs de mon travail, ils le veulent, ils considèrent mon sac comme une oeuvre ». La rat qu’il vend sur Instagram vaut 300 €.

A Hyères, la mode du futur a trouvé ses nouveaux maîtres. Joshua Cannone est l’un d’eux. Aussi pense-t-il créer sa propre marque et même s’essayer à imaginer des vêtements pour homme. La curiosité nous gagne déjà.

Une petite pause chez mamie Françoise lui fait le plus grand bien. Il est choyé. Sa grand-mère est en admiration. Elle le voit déjà créer pour les grandes maisons de haute couture. Joshua sourit. Son futur, lui seul l’imagine.

Jean Bernard

 

 

 

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