Installation du siège national de l’association Le Geste d’Or dans les locaux du groupe Julien SA, récemment audité en vue de recevoir le label du Geste d’Or pour son engagement exemplaire sur le chantier de Notre-Dame de Paris. Une reconnaissance qui valorise la haute valeur ajoutée du savoir-faire industriel du territoire.
Le 15 avril 2019, la flèche centrale de Notre-Dame de Paris, conçue par Eugène Viollet-le-Duc en 1859, s’effondrait. Constituée de 500 tonnes de bois et recouverte de 300 tonnes de plaques de plomb. Tout a entièrement brûlé, tout a fondu.
Cette flèche a été reconstruite à l’identique, un chantier d’exception auquel le groupe Julien SA, entreprise industrielle implantée au Creusot, a contribué. Reconnue pour son expertise dans le génie civil et les technologies de pointe, l’entreprise a su mettre ses compétences au service d’un projet patrimonial de haute volée.
Si la flèche est aujourd’hui de nouveau visible, « les travaux sont encore en cours, notamment pour la pose des plaques de plomb », précise Pascal Payen-Appenzeller, expert stratigraphe du patrimoine et directeur général délégué du Geste d’Or. C’est à ce titre qu’il s’est rendu dans les locaux de Julien SA, pour officialiser l’implantation du siège national de l’association au sein de l’entreprise. Cette dernière est par ailleurs candidate à l’obtention du prestigieux label.
Face à Jean-Pierre Julien, fondateur du Geste d’Or il y a une quinzaine d’années, l’enthousiasme ne faiblit pas quand il évoque Notre-Dame. « À l’intérieur, les travaux sont terminés, mais à l’extérieur, il y en a encore pour quatre ans. Tous les arcs-boutants se détachent du mur. Ce n’est pas à cause de l’incendie, mais du ruissellement de l’eau. »
Les 300 tonnes de plomb nécessaires à la reconstruction de la flèche ? C’est lui qui est allé les acheter en Angleterre. « On n’en trouve plus en France », déclare-t-il. Avec sa verve enflammée, il s’insurge contre certaines formules : « Je déteste entendre ‘nous allons rebâtir Notre-Dame’. Non ! Nous sommes des bâtisseurs. »
Pascal Payen-Appenzeller, dont la mission est de qualifier le geste du bâtisseur, tailleur de pierre de formation, est aussi historien, collectionneur, documentariste, écrivain et poète.
Face à cette fougue, Jean-Pierre Julien reste de marbre, concentré sur son cap. Son entreprise, tournée vers la fabrication de moules pour l’industrie automobile, s’ouvre désormais aux grands chantiers patrimoniaux. En septembre 2019, un charpentier-couvreur le contacte. « Il nous demande d’usiner des pièces de charpente en isorel afin de former les tôles de plomb dans son atelier », raconte-t-il.
« À la demande des architectes, nous avons scanné les charpentes nouvellement réalisées sur place, à Paris. Les données ont été ensuite traitées pour programmer nos fraiseuses à commande numérique. » Une parfaite illustration de la conception assistée par ordinateur.
Grâce à ces gabarits _ une arche nécessitant entre 60 et 80 heures d’usinage _ les couvreurs, répartis entre quatre entreprises, ont pu les recouvrir de feuilles de plomb de 3,5 millimètres d’épaisseur. « On appelle ça le planage : un millimètre par siècle », révèle Pascal Payen-Appenzeller.
La flèche de Notre-Dame est là pour mille ans.
Cette première mission sur Notre-Dame a été comme une graine plantée : « On attend que ça pousse », sourit le PDG. Depuis, Julien SA et ses quarante salariés ont été sollicités pour intervenir sur des sites prestigieux : le château de Vincennes, la gare Saint-Lazare, la cathédrale de la Major à Marseille, le palais de justice de Paris, et bien d’autres projets architecturaux qui n’attendent que leur savoir-faire.
Julien SA a le geste. Il ne lui manque plus que l’or. Le Geste d’Or.
J.B.
L’inauguration du siège au sein du groupe Julien s’est faite en présence de Pascal Payen-Appenzeller, fondateur du Geste d’Or, Jean-Pierre Julien, PDG, Thierry Croisé, architecte et membre du jury national et Anne Malraux, petite-fille d’André Malraux qui porte son héritage et la naissance du trophée Malraux Geste d’Or et David Marti, maire du Creusot et président de la communauté urbaine Creusot Montceau.