Faut-il aimer tout le monde ? Etre débile au point de penser que dans ce monde tout va bien. Que l’homme blanc a autant de valeur qu’un homme noir. Qu’un petit homme, même de deux centimètres a tout d’un grand, à moins d’apprécier une certaine marque automobile. Que deux femmes s’embrassent dans leur voiture avec leur enfant à l’arrière et trouver ça normal. Qu’une femme est faite pour rester à la maison, s’occuper du ménage, du foyer et pondre des gosses.
Dans « Les pas comme nous » par la compagnie Golmus, jouée et interprétée par les comédiennes _ toutes des femmes _ sauf le pianiste chauve, les textes arrivent avec force jusqu’à nos neurones. Et même si nous sommes dimanche après-midi, à l’heure de la sieste aux Ateliers du jour à Montceau-les-Mines, difficile de fermer l’oeil.
Les mots accrochent. Ils sont corrosifs, même explosifs. Les pas comme nous donnent du fil à retordre sur la bonne attitude à adapter devant des personnes qui ne sont pas comme nous. En quoi sont-ils si différents, par rapport à quoi, par rapport à qui ?
Pourquoi la femme serait-elle l’avenir de l’homme et pas l’inverse ? Eric Zemmour, l’homme fatal de ces dames, dit fatalement et écrit sa pensée d’homme qui remonte de l’homo sapin, un « hêtre » sans « charme » apparent et qui voit des « érables » partout qui ont horreur du « boulot ».
Les comédiennes égrènent une à une des situations de notre vie de tous les jours. On plonge en eau trouble, une eau polluée de ces misérables sarcasmes à longueur de journée. Maintenir les mots à flot est presque un exploit.
Et si les gens normaux n’étaient pas ceux qu’on pense.
On replonge.
Jean Bernard