Une fois n’est pas coutume, les amoureux de l’usine Aillot qui adorent prendre l’apéro avant le concert, ont été discrets. En revanche, pour voir et écouter David Lafore, ils répondirent présents, sans doute curieux de découvrir David Lafore. Il n’a pas fait Michel Drucker encore moins l’Olympia mais la veille, vendredi soir, il était à Saint-Sernin-du-Plain. Assurément un marqueur indélébile.
David Lafore, il est d’une race d’auteur-compositeur-interprète qui navigue là où d’autres n’iraient même pas au sans risque de se noyer en pantoufles. Lui, il ose. C’est à ça qu’on les reconnaît.
Quand il arrive sur la petite scène coincée entre deux camions, délaissant la grande scène qui, d’ordinaire, surplombe la salle, il ne parle pas. Il est sur son radeau du baraillot, au milieu des flots. Il ne rame pas, il vide ses poches, enlève une première pelure puis une seconde. Tiens, Mr Bean s’est réincarné en David Lafore. « Il se rapproche de Philippe Katerine » laisse poindre un habitué des lieux.
David Lafore est sans filtre et sans chemise juste avec un tee shirt qu’il relève après chaque exploit comme un footballeur après un but. Il est caustique, « non, c’est kloug », un poil sardonique quand il accorde sa guitare. « Profitez en bien, c’est le moment le plus intense ». A peine vient il de finir sa première chanson, il annonce magistralement : « je vous en fais une petite dernière. Quand c’est dense, pas besoin d’être long, alors lâchez vous, c’est le dernier morceau ».
David Lafore, il est aussi connu dans le milieu qu’une aiguille dans une botte de paille, c’est là où réside sa force. Dans le Tarn, là où il a percé, les draps sen souviennent encore. Ils en rêvent encore. « Le Tarn est à moi et Montceau sera un poste avancé ». A y regarder de près, l’artiste originaire de Nevers _ il n’en parle jamais de peur qu’on le reconnaisse _ est un peu louche à l’image de ses chansons. « Je suis content, vous êtes doués pour écouter des trucs débiles » dit il en s’adressant au public.
Aucun doute possible, le Nivernais a le don pour écrire de bonnes chansons. « Vous l’avez ou vous ne l’avez pas, mois je l’ai ».
Il a tout pour plaire, l’aisance à se déplacer sur une toute toute petite scène, prendre l’espace entre deux camions à l’arrêt sans le moindre risque de se faire écraser, et démontrer que la confiance est en lui comme le beurre dans les escargots. A fondre de plaisir mais attention c’est chaud. Chaud comme une braise quand il termine son tour de chant par un cunnilingus à 20 francs. « Et à 3 € ? », il donne sa langue au chat.
David Lafore, c’est un pitre de la chanson. Un chanteur-auteur-compositeur obsolète mais baveux comme une omelette. Moqueuse mais tellement bonne.
J.B.