Montceau – 1945 – 1962, ce que les Algériens ont appris des Français

« Je suis marié à l’Algérie en seconde noces » blague Jean-Pierre Gaildraud avant de débuter sa conférence « Grandeur et misère de l’école en Algérie de 1945 à 1962 » aux Ateliers du jour à Montceau-les-Mines.

Effectivement, le conférencier, historien et écrivain est un puits de savoir. La conquête de l’Algérie par la France remonte à 1830 et c’est en 1948 que l’Algérie devient française, un département français. C’est aussi l’abolition de l’esclavage aux Antilles.

« A cette époque, les Français représentent 8 à 10% de la population, les autres sont des indigènes, des indigènes étrangers chez eux » rappelle Jean-Pierre Gaildraud.

Déjà en 1928, l’école normale s’ouvre aux indigènes, en 1937, 10% des enfants musulmans vont à l’école, un plan prévoit d’ouvrir 20 000 classes en 20 ans « mais tout va capoter avec la seconde guerre mondiale » indique le conférencier. En 1954, 400 000 Algériens sont scolarisés et l’année suivante,  _ révolution sanitaire _ l’institut Pasteur arrive de l’autre côté de la Méditerranée et avec lui, le vaccin alors que la mortalité infantile était considérable. « Dès lors, la démographie est galopante ».

L’école française est une ouverture pour les enfants algériens. « On parle alors de leçons de chose, de l’histoire même si nos ancêtres les Gaulois font quelque peu désordre là-bas, de géographie. On étudie Molière, le Cid (Corneille), on parle algèbre, géométrie et des 26 lettres de l’alphabet ».  C’est la découverte de la pensée laïque qui se substitue à la pensée religieuse. Ils comprennent aussi et surtout lu droit des peuples de disposer d’eux-mêmes.

En Algérie, on distingue le vrai du faux. La réflexion, l’esprit critique, enrichissent l’esprit, « l’école de la République les oblige à douter pour aller vers la vérité » analyse Jean-Pierre Gaildraud.

Evidemment, « l’école a servi d’instrument à la colonisation » estime l’écrivain. Mais l’arme s’est retournée contre la France. « Les leaders algériens se sont révoltés parce qu’ils sont allés à l’école française. Ils ne seraient devenus des révolutionnaires si on ne leur avait pas appris ».

Entre 1954 et 192, 15% des enfants sont scolarisés, un musulman sur cent vingt fréquente le lycée. Et arrive la révolte, la naissance du FNL (front national de libération), l’Algérie recouvre son indépendance en 1962. « Le président Ben Bella dira alors, vous nous avez laissé une Rolls mais nous n’avons pas le carburant ».

La France est humiliée mais la France a laissé une langue parlée par tout le monde. Toutefois, 71 enseignants sont tués, un bon nombre par l’OAS (organisation armée secrète, une organisation politico- militaire française pour la défense de la présence française en Algérie).

« Dans cette double culture, la France est l’esprit de mon âme et l’Algérie est l’âme de mon esprit » cite Jean-Pierre Gaildraud. Il ajoute encore, « je pense en français, je pleure en kabyle ».

Et de finir sur un dicton kabyle : « L’essentiel n’est pas d’avoir de l’eau, c’est d’avoir soif ».

Jean Bernard

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