Jean sans Peur ou la première version du bon, la brute et le truand

Jean Ier de Bourgogne, dit « Jean sans Peur » par ses actes et ses tractations secrètes s’avère ni plus ni moins que le boute feu de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons et de la relance de la guerre de cent ans. 

Voila bien une affirmation demandant des explications. Jean Ier de Bourgogne est né le 28 mai 1371 à Dijon, il est  duc de Bourgogne, comte de Flandre, d’Artois et de Charolais, comte palatin de Bourgogne, seigneur de Mâcon, Chalon et autres lieux.

Il poursuit l’œuvre que son père Philippe II avait démarrée : créer l’État bourguignon.

Jean Sans peur avait besoin des finances royales, son cousin Charles VI était fol et sa cour donnait lieu à toutes les foires d’empoigne. Jean avait un rival, le frère du roi Louis d’Orléans.

A l’époque on ne barguignait pas, pas de négociations, on trucidait.

Donc Jean fit passer Louis de vie à trépas le 23 novembre 1407, jour de la Saint-Clément, vers sept et huit heures du soir, rue Vieille du Temple, à Paris. Louis d’Orléans n’avait pas de chance de passer au travers, c’est une bande de dix tueurs professionnels qui lui a explosé le crâne.

C’est la goutte d’eau qui mit le feu aux poudres d’un bain de sang entre les Armagnacs et les Bourguignons, les deux branches cadettes de la dynastie royale des Valois. 

On va vous la faire brève mais Les Bourguignons sont favorables au modèle anglais (élevages ovins, laine, artisanat, développement de la bourgeoisie, balance commerciale avec les Flandres appartenant à la Bourgogne) et les Armagnacs prônent le modèle français (l’agriculture, régime féodal et religieux fort). Ils se querellent même à propos de la papauté. A la suite du  grand schisme d’Occident  (1378-1417) l’antipape d’Avignon (Clément VII) est soutenu par les Armagnacs, et le pape de Rome (Urbain VI) est soutenu par les Anglais donc les Bourguignons.

Là-dessus et pour faire bonne mesure voilà que Jean mène des tractations avec Henri V d’Angleterre. Forcément ça énerve tout le monde et la guerre de cent ans qui ronronnait doucement reprend comme un incendie dans le var attisé par le mistral à partir d’un brandon sous les cendres.

Mais qui a vécu par l’épée périra de même. Le 10 septembre 1419 à l’âge de 48 ans et  à Montereau-Fault-Yonne, Jean 1er de Bourgogne est assassiné lors d’une entrevue avec le dauphin, le futur Charles VII (copain de Jeanne d’Arc), sur le pont qui traverse l’Yonne.

C’est le Bon, la Brute et le Truand. Au centre du pont on avait aménagé un espace enclos fermé par une porte de chaque côté. Jean entre armé d’un côté avec 10 hommes, le Dauphin en fait de même en face avec 10 hommes armés. Les versions diffèrent : (« c’est eux qui ont attaqué, non c’est eux » … etc.), toujours est-il que Jean ressortira les pieds devant.

Fin du poteau !

Gilles DESNOIX

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