Distinction – Cyrille Politi, brillant Chevalier dans l’Ordre National du Mérite

 

On se souvient toujours de moments particuliers dans la vie, surtout des bons. Cyrille Politi a retenu intégralement ce 24 novembre 2022. Il raconte :

À 8h24, alors que je m’engouffre dans une station de métro à Paris, je reçois un message d’un ami : « félicitations pour cette distinction bien méritée ».

Je me dis que c’est une erreur et que je lui répondrai plus tard parce que je suis pressé, j’ai un rendez-vous à 9.00.

A peine installé, façon sardine dans le métro, mon téléphone vibre à nouveau avec un deuxième message enjoué, qui me félicite pour cette reconnaissance « par Mme la Première Ministre en personne ».

Puis me parvient un troisième message, de toi Claude (Evin, ancien ministre de la Santé), qui m’annonce « une nomination comme chevalier dans l’ordre national du mérite ! »

Je réalise alors qu’il se passe peut-être quelque chose… Mais je reste prudent et même un peu incrédule.

A la station Place d’Italie, la rame de métro commence à se vider. Je trouve enfin une place assise et parcours le journal officiel du jour. Très vite, je trouve le « Décret du 23 novembre 2022 portant promotion et nomination dans l’ordre national du Mérite ».

Habitué à la lecture de textes administratifs, j’arrive rapidement à la ligne « M. Politi (Cyrille), délégué régional adjoint d’une fédération d’établissements publics de santé ; 24 ans de services ».

Ému, je prends quelques minutes en descendant du métro. Je m’assieds sur un banc et envoie quelques messages.

Finalement, je suis arrivé en retard à mon rendez-vous.

 

Jeudi 1er juin 2023 au Syndicat des mineurs à Montceau-les-Mines, c’est précisément Claude Evin qui lui remet les insignes qui le font entrer dans l’Ordre National du Mérite. Cyrille Politi reçoit l’accolade du ministre qui a remplacé le coup du plat de l’épée quand au Moyen Age on élevait une personne au rang de chevalier.

L’honneur revient à l’ancien ministre de la Santé de faire l’éloge de Cyrille Politi devant sa compagne, ses deux enfants, ses parents et ses nombreux amis. Cet homme à la discrétion assumée, regorge de talent et « ceux qui te côtoient dans ton activité professionnelle, te reconnaissent comme étant un bosseur, un bon professionnel, comme étant quelqu’un de fiable et loyal, respectueux, généreux, sensible ».

A 50 ans, Cyrille Politi a toujours apporté une attention permanente à l’intérêt général et au service de la collectivité car il n’a jamais oublié d’où il venait avec des grands parents qui ont immigré d’Italie. « Les valeurs familiales sont pour toi importantes et ce sont celles qui ont forgé ton action et ce que tu es devenu ».

Electronicien, Cyrille Politi se tourne alors dans l’informatique et devient ingénieur/architecte en système d’information. C’est d’ailleurs au centre hospitalier de Montceau que tout a commencé à l’âge de 25 ans dans le cadre d’un emploi/jeune. Dès lors, ses compétences sont vite reconnues et il devient chargé de mission sur les systèmes d’information et télémédecine au sein de l’Agence régionale d’hospitalisation de Bourgogne.

Il parvient même à mettre en oeuvre, il y a 20 ans,  le dossier patient commun dans les hôpitaux de Montceau et du Creusot « grâce à tes qualité de rassembleur car c’était loin d’être évident » souligne Claude Evin.  Dans la continuité, il développe la e-santé, la télé AVC sur l’ensemble de la région, accompagne les hôpitaux de notre pays dans leur développement, devient directeur financier du centre hospitalier de Sevrey pour permettre sa reconstruction, surveille de près en 2018 la protection des données et s’investit en 2020 à la fédération régionale de la FHF (Fédération Hospitalière de France) en charge du secteur médico-social.

Le bien commun, Cyrille Politi l’a mis aussi en exergue de 2008 à 2020 en tant que conseiller municipal à Montceau-les-Mines.

La façon d’être de Cyrille Politi est d’aimer les gens, un engagement qui justifie cette distinction.

 

Jean Bernard

 

Lire ci-dessous l’allocution de Cyrille Politi

 

 

 



L’allocution de Cyrille Politi : 

 

Rien ne me prédestinait à obtenir cette distinction, moi, le petit-fils d’immigrés italiens qui ont quitté leur paradis natal dans les années 50 pour fuir l’enfer laissé par le fascisme et offrir une vie meilleure à leurs descendances.

 

Ils y sont parvenus, nous sommes immensément fiers d’eux.

 

Aujourd’hui je pense très fort à eux ainsi qu’à tous ceux qui nous ont quitté trop tôt.

 

 

Madame l’administratrice Nationale, je ne sais pas s’il est de coutume pour un chevalier de l’ordre national du mérite fraichement décoré de fendre l’armure ?

 

Mais vous le savez, préparer un discours pour parler de soi n’est pas chose facile.

 

Cela vous pousse à vous interroger, à faire une sorte de bilan, surtout l’année de vos 50 ans…

 

Alors j’ai cherché une chose, un objet, une sorte de symbole, qui pourrait lier entre eux les femmes et les hommes mais aussi les décisions et les événements, qui ont joué un rôle dans l’histoire que je vais vous raconter.

 

Cet objet symbole le voici, c’est cette truelle.

 

 

Elle symbolise tout d’abord le travail. Celui que mes grands-parents ont trouvé en France. Mon grand-père Girolamo était boutefeu à la mine, c’est-à-dire qu’il posait les explosifs. Umberto, lui, était maçon. Les deux admiraient Mitterrand.

Mes grands-mères Giuseppina et Giuseppina, elles, s’occupaient des enfants, tenaient la maison, géraient l’argent du foyer…

Nos grands-parents nous ont transmis des valeurs : l’amour de la France qui les a accueilli, la famille, le respect, la générosité, l’amitié et la valeur du travail qui a fortement imprégnée notre éducation.

 

C’est donc naturellement qu’après de courtes études d’électronique, je suis allé travailler. Et depuis, j’ai beaucoup, beaucoup travaillé. D’abord dans le bâtiment, puis dans l’industrie chez Bosch Telecom et depuis 1998 dans le secteur hospitalier.

Choisir le service public n’était pas pour moi un choix anodin ; car comme l’aurait dit Jean Jaurès « Le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas ».

 

  • Dans l’informatique d’abord où j’ai été parmi les pionniers des grandes étapes de la numérisation du système de santé en établissement, au régional en ARH puis en et groupement de coopération sanitaire e-Santé et enfin au niveau national à la Fédération Hospitalière de France qui fêtera l’an prochain ses 100 ans. C’est d’ailleurs au niveau National que j’ai contribué aux travaux sur la santé populationnelle, inspirés du meilleur des autres systèmes de santé au monde, des USA, à nos voisins Européens.

 

  • J’ai aussi été Directeur des finances et de l’innovation où j’ai travaillé à la naissance de Réseau-Psy, à Sevrey, qui permet à chaque professionnel de santé du territoire de trouver une solution pour son patient en souffrance psychique.

 

  • Le métier de directeur d’hôpital que j’ai exercé permet aussi d’être un bâtisseur. Cette truelle rappelle ces années à œuvrer en équipe pour faire sortir de terre le centre Winnicott de Saint-Rémy, qui accueille les enfants atteints de troubles psychiatriques, la MHPP qui accueille des adultes en situation de handicap psychique et enfin à la reconstruction de tout l’hôpital de Sevrey qui démarre.

 

Reconstruire des établissements de santé, c’est utile pour la qualité d’accueil des patients mais aussi nécessaire pour attirer de nouveaux professionnels de santé.

D’ailleurs, ne dit-on pas : « quand le bâtiment va, tout va !

Cette truelle symbolise ensuite la construction de la vie de famille, une famille nombreuse et soudée à qui je dois tant.

  • Mes tantes, mes oncles, mes cousines et cousins : chacun est à la fois une brique et le ciment de cette famille,
  • Mon père qui m’a appris son métier de plombier alors que j’étais adolescent, parce que disait-il « un plombier ça sait tout faire ». Il m’a aussi appris à siffler « eh oh, eh oh, on rentre du boulot » lorsqu’on revenait des chantiers à bord de sa petite camionnette, heureux à l’idée qu’on serait tous réunis pour manger la pasta le soir,
  • Ma mère, seule femme du foyer, a été un modèle de management. Du haut de ses 1,51m1/2, elle savait se faire écouter et respecter par les 5 hommes de la famille,
  • Mes 3 petits frères, qui m’admiraient lorsqu’ils étaient très jeunes, en me regardant terminer le jeu vidéo Sonic, pas facile d’être l’ainé !
  • Ma belle-famille qui nous a accepté, mon fils ainé et moi,
  • Mes nièces et neveux qui grandissent beaucoup trop vite,
  • Mes deux garçons, ma belle-fille, ma filleule, qui construisent leur avenir, dans un monde incertain, un monde qui se transforme à toute vitesse et nous oblige à nous adapter. A eux, à leurs amis, je ne peux que vous encourager à continuer à faire preuve d’ouverture d’esprit, de tolérance et surtout à devenir qui vous voulez vraiment être.

Car vous le savez, le petit + de chacun, c’est sa différence.

  • Et je pense bien sûr à ma compagne qui est là, près de moi, depuis 18 ans.

 

A vous tous, merci.

 

 

Cet édifice familial est une source de bonheurs innombrables que je mesure lorsque nous nous réunissons autour de grandes tablées… où l’on parle fort !

 

Cet édifice familial, c’est aussi une force dans les épreuves. J’ai mesuré cette force lorsque le cancer est venu frapper à ma porte.

J’avais 22 ans.

 

 

Cette truelle symbolise l’amitié.

 

Que ce soit au fond de la mine, ou à la cime d’un échafaudage, « tu dois pouvoir compter sur tes copains comme eux doivent pouvoir compter sur toi, c’est une question de vie ou de mort » me disaient mes grands-pères. Leur conception de l’amitié a forgé la mienne.

 

Je pense à mes vieux copains de cours de récrés, à mes copains de moto, à mes copains de boulot, à mes copains présents dans les bons moments comme dans ceux plus difficiles, à mes copains de toujours, à ceux plus récents, à leurs familles, à leurs enfants qui sont un peu mes nièces et neveux, à nos rêves, à nos javas, à nos échanges parfois houleux.

 

Merci à tous d’être là, merci d’être qui vous êtes, j’ai hâte de vivre ensemble tout ce que nous n’avons pas encore vécu !

 

 

Cette truelle symbolise la volonté de construire des projets politiques.

Gabin chantait « Vers 25 ans j’savais tout ».  Moi, à 35 ans, j’en étais encore presque convaincu.

Quand Didier Mathus, qui malheureusement ne peut pas être parmi nous ce soir, m’a proposé de le rejoindre sur sa liste aux municipales de 2008, j’ai d’abord découvert un univers dont je ne savais pas grand-chose. Pendant 6 ans, j’ai travaillé d’arrache-pied. Comme un potache. Je me suis instruis et j’ai j’appris.

 

J’ai entre autres lancé des services en ligne comme le paiement de la cantine ou la réservation de places de spectacles à l’Embarcadère…

J’ai vécu l’inauguration des Ateliers du jour et quelques soirées inoubliables au festival TSB…

 

Mais ce que j’ai vraiment appris, c’est la force du collectif, c’est l’art de faire vivre des idées, de les confronter à celles ou ceux qui en portent d’autres et de construire un projet partagé par le plus grand nombre.

 

Sans dogmatisme, mais avec conviction, détermination, écoute et bienveillance.

 

Un peu comme le chantait Renaud dans sa chanson « Tonton » en rendant hommage à François Mitterrand :

« Il a le regard des sages

Il est la force tranquille, sereine

Il est comme un grand chêne

Il sait la futilité

De toute chose

La douceur et

La fragilité des roses »

 

Oui la politique peut encore faire rêver. Chacun peut s’y impliquer pour construire notre avenir, celui de nos enfants et de ceux qu’on aime.

 

 

Enfin, cette truelle symbolise Montceau et le Bassin minier.

Je remercie Madame le maire de Montceau d’avoir accepté de me mettre à disposition cette salle, éminemment symbolique. Vous pourrez admirer le bas-relief de sa cage d’escalier, inspiré de l’activité des mineurs.

La culture ouvrière de ce territoire, son tissu associatif, son histoire sont présents dans cette salle où ont résonné tant de musiques, tant de pas de danses, tant de discours syndicaux ou politiques.

Nous avons tous un souvenir ici : un bal, un spectacle, un meeting politique, une victoire, une défaite, des rires, des pleurs, une remise de médaille, un moment inoubliable.

Certains avaient leur rêve américain. D’autres, ont quitté la Pologne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Turquie, l’Afrique du nord… pour vivre leur rêve Montcellien et participer à l’effort de reconstruction de la France.

C’est pourquoi, ceux qui y sont nés, restent fièrement attachés au bassin minier et à son histoire.

 

 

Vous l’aurez compris, cette reconnaissance de la nation est :

  • Le fruit de beaucoup de travail et d’apprentissages personnels.
  • Le fruit d’une histoire familiale, d’amitiés sincères, d’un attachement profond à cette ville et bien sûr à l’hôpital public.

J’y suis entré il y a 25 ans en emploi jeune. L’hôpital public m’a permis d’évoluer, de défendre des convictions, de porter des projets et de vivre des moments intenses.

 

 

Pour terminer, je souhaite tous vous remercier du fond du cœur et vous dire combien c’est important que vous soyez présents ce soir. Je souhaite aussi remercier toutes celles, et ceux qui chaque jour donnent d’eux-mêmes pour prendre soin des autres, à l’hôpital ou ailleurs. Cette médaille est aussi la vôtre.

 

Merci enfin à Mme la Première Ministre Elisabeth Borne et à son cabinet pour cette reconnaissance.

 

Pour conclure, j’ai choisi une citation de Gisèle Halimi qui nous est chère à Aurore et moi : « La lecture a été quelque chose de magique pour moi. Il faut une vraie magie pour envisager un autre monde et essayer de le comprendre. Et une fois qu’on l’a compris, le changer. »

Un commentaire :

  1. Bravo chevalier
    C’est une bonne moisson pour montceau après la consécration du syndicaliste Wattebled dans cet ordre
    Félicitations

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