Crise agricole – Entre l’industrie agro-alimentaire et les producteurs, encore du chemin à faire

Actuellement, c’est pleins feux sur les agriculteurs. A Paris, au salon de l’agriculture ou à Mâcon à la préfecture, le monde paysan ploie justement sous les feux de l’actualité.

Yves Séguy, préfet de Saône-et-Loire multiplie les contacts sur le terrain ou la préfecture avec pour mission de mieux évaluer les tenants et les aboutissants, de comprendre là ou le bât blesse.

Au salon Erignac, en présence des représentants des organisations agricoles, ceux de l’industrie agro-alimentaire sont venus échanger. Ils sont volailler, fromager, transformateur de fruits, commerçant de viande en gros ou encore meunier et quand bien même ils considèrent que le producteur doit être rémunéré à sa juste valeur, eux-mêmes font face à une concurrence qui ne leur facilite pas la tâche.

Néanmoins, il manquait autour de la table la grande distribution que chacun, à mots couverts, a toutefois pointé du doigt. « Je ne peux pas citer de noms, la presse est là » se retient un industriel.

Chez LDC Volaille, 95% des éleveurs sont contractualisés avec un prix des volailles à l’abattoir pour sécuriser les revenus. Mais comment lutter contre l’imposture des origines ? Un poulet du Brésil passe par la Hollande et dès lors, il est considéré comme produit de l’Union Européenne. Du moment qu’il est transformé en Europe, il est un produit européen. « On vole son origine » commente le préfet.

« Nous sommes soumis aux normes sanitaires qui ne sont pas respectées dans d’autres pays » dit-on chez LDC. « 52% de la volaille consommés en France sont importés ». On apprend également que le poulet ukrainien n’a pas attendu la guerre pour débarquer en France, il venait de Belgique.

Du côté de Foulon Sopagly, élaborateur de jus de fruits, « on a du mal à aligner tous les maillons de la chaîne, que tout le monde soit content, du producteur, l’embouteilleur et la grande distribution. Là encore, l’origine du fruit est un problème. Une pomme polonaise pressée en France est considérée produit français.

La viande charolaise et le porc, c’est la spécialité de Clavière avec 100 bovins par semaine qui partent à l’abattoir. Mais comme la viande bovine a augmenté depuis deux ans, « nos clients, les salaisonniers et la grande distribution, nous demandent de réduire nos prix. Mais nous devons faire face à l’augmentation des charges et nos marges sont ridicules ». En conséquence, des entreprises vont disparaître. « 2023 a été une mauvaise année, 2024 s’annonce encore compliquée » dit-on chez Clavière. « Il suffirait d’une hause de 5 centimes ».

Et que penser de la décarbonation pour produire notamment du blé en France, mot employé par le meunier de Chagny ? « Elle va nous coûter un bras ».

Résultats des courses, l’agriculteur passe une fois de plus devant la glace même si tous sont d’accord pour valoriser les productions locales. « Car le fond du fond, c’est le revenu de l’agriculteur qui est en jeu et sans argent, nous ne pourrons pas faire tourner nos exploitations » assure Christian Bajard, président de la FDSEA.

« Quand on rencontre la grande distribution, c’est la faute des industriels et les industriels disent que c’est à cause de la grande distribution » finalise Julien Quelin, vice-président des Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire.

Il reste du chemin à parcourir.

 

J.B.

 

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