Qui à leur disparition viendra témoigner ? Ils ont été des millions d’êtres humains déportés et exterminés dans les camps de concentration nazis. Le konzentrationslager Natzweiler-Struthof, situé dans le Bas-Rhin (territoire annexé au IIIe Reich en 1940) a été le premier des camps découverts pendant l’avancée des armées alliées.
Aujourd’hui, 75 ans après, ils sont une poignée de ce camp à pouvoir encore raconter ce qu’ils ont vécu. L’un d’eux, Jean Villeret, 96 ans, est venu à la maison des syndicats à Montceau-les-Mines à l’invitation de l’IHS 71 (Institut d’Histoire Sociale CGT de Saône-et-Loire) avec le partenariat de l’IHS-Mines-Energie.
De ce camp dans le Bas-Rhin, les prisonniers se sont évadés, non pas physiquement mais dans leur tête pour résister. Ils ont inventé des chansons dont l’une « La voix du rêve » est l’intitulé du film qui a été diffusé ce mardi. Un voyage dans le temps avec des témoignages dont celui de Jean Villeret.
Nombreux des déportés furent des résistants et des militants syndicaux et politiques de notre département.
Au premier rang à la maison ds syndicats, Raymond Renaud, 96 également. Il est venu écouter Jean Villeret. Il n’a pas connu Natzweiller-Struthof mais le camp de Buchenwald en Allemagne.
Le père à Auschwitz, le fils à Buchenwald
Raymond Renaud est Montcellien, il est arrêté le 14 août 1942 par la police de Pétain. « J’étais mineur et membre des jeunesses communistes ». Il a 19 ans.
« J’ai suivi les traces de mon père, Charles, lui aussi arrêté par la police de Pétain le 3 décembre 1940 pour avoir détenu du papier blanc, »du papier qui servait à fabriquer les tracts » rappelle son fils. Il est condamné à six mois de prison. Libéré le 3 juin, il est à nouveau arrêté par la Gestapo en même temps que Claude Chassepot de Saint-Vallier. « Ils sont partis de Compiègne dans un convoi, direction Auschwitz près de Cracovie. « Mon père est mort le 19 février 1943, Claude Chassepot l’a suivi un mois après ».
Raymond Renaud n’a rien oublié. « A Buchenwald, j’ai été affecté au bloc 40, il y avait même des opposants à Hitler pas très nombreux. Dans le camp, en moyenne, on comptait 60 000 prisonniers. Fin 44, nous étions 80 000 ». Il a le matricule 21448, il est arrivé à Buchenwald le 18 septembre 1943 après avoir croupis en prison à Chalon, Dijon et Compiègne. « Dans notre convoi, nous étions 1170 prisonniers, à la libération nous ne fûmes que 119 survivants. Déjà 63 étaient morts pendant le voyage ».
Même prisonnier, Raymond Renaud et les autres, ont foi en la victoire. Ils sont solidaires et organisent à leur manière la résistance. « J’ai travaillé dans les bois, fait de la maçonnerie et à l’usine, quand je devais produire 600 pièces, j’ en faisais 400. On faisait en sorte que les Allemands ne se rendent compte de rien. Cela fonctionnait ».
Dans la salle avec notamment la présence des élèves du lycée Parriat, le silence est pesant. On regarde le film et on écoute. Emmagasiner pour à leur tour être les témoins des derniers témoins des camps.
Jean Bernard
Ce mercredi, deuxième journée mémorielle, toujours à la maison des syndicats (programme ci-dessous)
Face à cela, les problèmes de la vie quotidienne sont bien insignifiants ……
On ne pourra jamais imaginer ce que ces personnes ont vécus ầ ce moment, et ensuite tout au long de leur vie …….