Tango Swing et Bretelles – Nini Poulain, la fiancée du festival, le soleil des Montcelliens

Dans son manteau vert, elle épouse les premières fraîcheurs de l’automne. Nini Poulain a le regard chatoyant avec des étoiles dans les yeux.

Montceau-les-Mines et le TSB, c’est déjà presque une histoire d’amour commencée en 2019. Elle revient en 2021 avec un passage très remarqué à la salle des fêtes du Magny. Cette année, le festival Tango Swing et Bretelles lui a ouvert les portes en grand : une résidence à l’Atelier du Jour et trois concerts, aux ADJ, à Digoin et le dernier, ce dimanche à Mont-Saint-Vincent (16h).

A 43 ans, Nini Poulain semble avoir chanté et joué de l’accordéon depuis des lustres, qu’elle est une artiste accomplie dont la carrière croustille comme du bon pain à la sortie du four. C’est l’impression qu’elle donne sur scène et elle n’est pas feinte. Pourtant, Nini Poulain est vraiment née en 2019. Elle est seule avec son accordéon.

« J’avais envie de raconter mon histoire aux gens ». Elle écrit ce qu’elle ressent dans son coeur. « Tout est authentique » précise-t-elle pour celles et ceux qui auraient un doute. C’est du vécu.

Elle passe du violon à l’accordéon pour se faire entendre 

Pourtant, Nini Poulain qui est son vrai nom, elle s’appelle Stéphanie Poulain et « depuis toute petite, on m’appelle Nini », est une femme infiniment délicate et fragile à la fois.

Pourtant, elle naît _ physiquement _ un 14 juillet à Chateaubriant. « Vous voyez, un jour de fête avec les flonflons et l’accordéon, c’était prédestiné » rit elle. Dans la famille, son grand-père jouait de l’accordéon diatonique, sans avoir pris de cours et dans son HLM, Stéphanie n’arrête pas de chanter. « J’ai découvert ma voix à 5 ans, j’ai découvert ma passion quand j’ai entendu sur RTL, Edith Piaf qui interprétait La vie en rose ».

A 6 ans, elle suit des cours de violon au conservatoire mais sa soeur, Manuella se fait toujours remarquer aux repas de famille avec son accordéon, « alors je me suis mise au piano à bretelles ».

A  12 ans, Stéphanie monte un orchestre, elle chante, joue de l’accordéon et anime les bals. « C’est mon père qui nous emmenait ». Dans l’appartement, les 45 T inondent le bruit silencieux du HLM. « Je mettais un disque et je chantais ». Aucun doute, elle du potentiel. « Moi, je voulais faire une école de chant », la vie en décide autrement et elle part à Nantes pour suivre des études politiques et sociales. C’est une autre musique dont la portée la conduit seulement à jouer avec des musiciens amateurs. « Je rencontre alors un homme, j’ai trois enfants, je suis comptable et je joue dans les bals le week-end ».

Sa place, elle est sur scène et pas ailleurs

On est alors loin de son rêve. Elle participe néanmoins à l’émission de Nagui, « N’oubliez pas les paroles » et remporte 20 000 € ». Et ce sera tout. Enchaîne avec un divorce, garde ses trois enfants, fait les comptes dans une mairie, mais les bons comptes ne font pas toujours les bons amis. Victime de harcèlement moral, elle fait un burn out. « Je démissionne de la fonction publique » et se retrouve derrière le comptoir dans une boulangerie.

Au hasard d’une déambulation, Stéphanie rencontre un SDF qui joue de la guitare. Ils s’accordent plutôt bien et, toujours par inadvertance, le destin frappe à sa porte, « je remplace au pied levé une amie dans un concert et je retrouve la scène ». C’est la révélation. Nous sommes en 2017. « Mais ma place est là » s’exclame-t-elle. « Comment ai-je pu oublier cela ? »

Hasard ou coïncidence, un 14 juillet, dans un vide grenier, elle trouve un accordéon. « A partir de-là, j’écris mes chansons. Tout est autobiographique ».  En 2019, la véritable Nini Poulain renaît de ses cendres.

Etre fragile au demeurant, la voilà comme propulsé par une force invisible dont elle s’abreuve à la source, la vie. « Je suis convaincue que nous avons tous un immense pouvoir de création, que tout est possible ». Elle pousse son raisonnement plus loin. « Je crois dans les énergies. D’abord, il n’est pas possible de vivre sans amour de soi sinon, il n’est pas possible de créer de belles choses. Ensuite, on ne peut pas offrir de l’amour à quelqu’un sans s’aimer. L’amour, j’y crois, chaque pot a un couvercle même si je n’ai toujours pas trouvé le mien ».

L’Olympia, elle s’y voit

La voilà désormais libre Nini Poulain. Elle dégage une exaltation subtile et attire vers elle en 2020, Joe le percussionniste puis l’année après, François à la contrebasse et enfin Robin, l’ingénieur son. La petite troupe ambitionne la participation aux festivals, remplir les salles de spectacle. « En mars, nous avons fait la première partie de Carmen Maria Vega à Ancenis en Loire-Atlantique, là où j’étais comptable à la mairie. C’était énorme » s’égosille-t-elle encore aujourd’hui.

Nini Poulain se rapproche de son rêve chaque jour un peu plus avec l’espoir qu’il la conduise jusqu’à L’Olympia, « ça va le faire », lâche-t-elle d’un ton très persuasif qui fait briller encore plus fort les étoiles sur son visage. Car elle croit aux pouvoirs de la lune et du soleil avec qui, « je suis connectée ».

Le public lui, se raccorde avec bonheur à ses chansons, à son histoire. L’ancienne petite comptable compte sur l’amour sincère, ses premières amours… sur scène.

La magie du premier amour, c’est d’ignorer qu’il puisse finir un jour (proverbe afghan).

Jean Bernard

 

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