En attendant les décisions du Copermo, le CODEF s’adresse à Madame Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé.
Madame la Ministre,
Des écrits et des paroles aux actes, s’il vous plait Madame la Ministre.
Les écrits sont ceux du rapport de l’IGAS dont le Codef a parlé à plusieurs
reprises. S’agissant de la chirurgie ambulatoire dont la rumeur dit qu’elle serait seule
conservée au sein de notre Centre Hospitalier le rapport dit :
« L’implantation d’unités de chirurgie ambulatoire n’est pas une solution à
banaliser…. si le développement de la chirurgie ambulatoire est une bonne chose,
……….. elle n’est pas une panacée, notamment pour les plus petits établissements
confrontés à une faible activité.
Si la chirurgie ambulatoire fait l’objet d’une promotion des pouvoirs publics,
…….. toutefois certains malades ne peuvent en bénéficier, soit pour des raisons
médicales, soit pour des raisons sociales ou géographiques. D’autres malades ne
sont pas demandeurs, car ils redoutent de se retrouver démunis en cas de
problème. De plus on transfère sur l’entourage (et surtout les femmes) une part de la
charge, sans demander son avis ni l’informer clairement. La chirurgie ambulatoire
n’est pas une alternative universelle de la chirurgie, comme ont tendance à la
présenter ses défenseurs militants, surtout quand celle-ci est lourde et la patientèle
défavorisée. »
Ce constat s’est hélas vérifié récemment localement lors d’intervention
chirurgicale en ambulatoire que nous vous avons rapportée et plaide pour le
maintien de la chirurgie conventionnelle au sein de notre hôpital. C’est la condition
sine qua non pour répondre aux besoins d’une population que tout le monde
s’accorde à qualifier de vieillissante et pas particulièrement favorisée.
Et c’est pour cela, s’appuyant sur des écrits officiels, que le Codef vous a
demandé dans ses différents courriers, le maintien de l’offre actuelle de soins,
persuadé que le seule site pivot de Chalon sur Saône ne pourra faire face, seul, aux
besoins en chirurgie conventionnelle de 350.000 habitants.
Quant aux paroles, Madame la Ministre, ce sont celles que vous avez tenues
au journal Libération et dans lequel vous pointez les effets délétères des exigences
de rentabilité, et que le Codef a depuis longtemps dénoncés. Evoquant la T2A vous
dites « ce système a fait croire à l’hôpital public qu’il devait se concentrer sur des
activités rentables, qu’il devait se sentir une âme d’entreprise…..nous avons risqué
de faire perdre le sens de la mission de l’hôpital aux équipes en leur faisant croire
qu’elles ne devaient faire que la rentabilité. Les équipes hospitalières ont été
malheureuses de ce virage. Et cette logique est arrivée à son terme. »
Nous partageons votre point de vue à ce détail près : on « n’a pas fait croire
aux équipes », on leur a imposé ces exigences de rentabilité.
La preuve pour notre CH : les trois délibérations du Copermo que nous vous
avons invité à lire ou relire et où il n’est question que d’indices de performance, de
taux de marge brute à obtenir, de suppression de lits et d’emplois……….
Autant de termes chers à l’économie d’entreprise alors que dans l’interview
rappelée plus haut vous affirmez que l’hôpital n’en est pas une.
Avec vous, nous affirmons que l’hôpital n’est pas une entreprise, que la santé
n’est pas une marchandise et que les orientations politiques antérieures et qui ont
toujours cours sont antinomiques à la notion de service public de santé égalitaire et
solidaire.
Alors nous attendons que vous infléchissiez en ce sens les décisions futures
du Copermo et qu’au delà de notre situation locale vous renonciez au tout T2A pour
le financement des hôpitaux sans quoi aucune solution ne pourra être trouvée pour
rétablir la situation financière de nos établissements hospitaliers.
Dans cette attente, notre inquiétude est grande. C’est la raison pour laquelle
nous vous écrivons une nouvelle fois pour vous demander de geler les scenarii en
cours, de revoir la copie avec tous les acteurs concernés y compris les usagers, et
en tout état de cause, d’abandonner la fermeture de la chirurgie conventionnelle qui
concerne une population de plus de 100.000 habitants et qui ne pourra être
absorbée par le site pivot de notre GHT.
Espérant une solution où l’humain l’emportera sur la finance, où la notion de
service public sera renforcée,
Veuillez agréer Madame la Ministre l’expression de nos sentiments
citoyens.
La Direction Collégiale du Codef