C’est avec cette banderole fixée à l’entrée de l’ECLA à Saint-Vallier et sur la scène de la salle de spectacle que les participants aux 31es rencontres de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité ont été accueillis samedi soir.
En fait, cette première soirée a été consacrée à une conférence-débat en présence des représentants des comités, de syndicalistes, principalement de la CGT, des maires des quatre commune du Bassin minier et d’élus. Manquaient à l’appel, les députés, les sénateurs, un grand nombre de maires et, étonnamment également, les usagers. « Nous avons lancé 224 invitations dont 100 pour les maires pour parler de ce crucial problème de l’hôpital de proximité » précise Michel Prieur, président du Codef local, en charge de l’organisation.
Saisir l’opportunité avec les sénateurs
Ces 31es rencontres tombent à point puisque situées entre la première lecture de la loi Ma santé 2022 à l’Assemblée nationale et celle prévue au Sénat. « Car l’hôpital de proximité (comme le CH de Montceau), c’est l’éloignement assuré, sans chirurgie, sans maternité » martèle Michel Prieur.
L’hôpital public vaste sujet qui préoccupe les comités de défense, syndicats et les élus depuis des lustres. Déjà sous l’ère Mitterrand, puis les ordonnances Juppé en 1996 « qui ont détruit l’hôpital public » conte Jean-Michel Toulouse, cet éminent spécialiste de la santé publique, invité à débattre. En somme, toutes les réformes n’ont fait qu’aggraver la santé de l’hôpital public sans que personne n’y puisse grand-chose. « Macron ne fait que poursuivre cette destruction avec la loi Buzyn » ajoute Jean-Michel Toulouse.
A partir de ce constat, même si tous les participants furent appelés à signer une lettre à destination des sénateurs, courrier qui indique qu’un hôpital de proximité doit au minimum comporter :
- un service urgence H24
- une maternité de premier niveau
- une activité de chirurgie ambulatoire
- une structure de prise en charge dds patients psychiatriques
comment espérer qu’aujourd’hui, ce message soit davantage entendu que les précédents ? Est-il besoin de rappeler que malgré les combats menés ici même, la maternité puis la chirurgie ont fermé à l’hôpital Jean Bouveri. Que le PRS (plan régional de santé) refusé par toutes les communes, les Départements et même la Région Bourgogne – Franche-Comté a abouti à sa validation par le directeur de l’ARS (agence régionale de santé). Deux exemples parmi tant d’autres sur l’ensemble du territoire.
« Concarneau, explique le représentant du comité de défense des usagers, va perdre les urgences et le SMUR. Mais, nous a-t-on dit, vous avez de la chance, votre hôpital sera labellisé hôpital de proximité ». A Concarneau, ça leur fait une belle jambe !
« Car aujourd’hui, souligne Jean-Michel Toulouse, l’hôpital public dépend que de l’ARS et du directeur ».
Tout changer, tout modifier
Donc, il faut prendre des mesures en urgence, à commencer par « rétablir le conseil d’administration en lieu et place du conseil de surveillance, présidé par un maire avec d’autres élus, des représentants du personnel, des usagers, la sécurité sociale (le payeur), qu’ils puissent définir le budget » soumet le spécialiste de la santé. Il revendique également la suppression des ARS, que le directeur soit nommé par le ministre sur avis conforme du président du conseil d’administration, rétablir le CTE et CHCT, entre autres.
A propos de la sécurité sociale, elle aussi mise à mal, Ambroise Croizat, l’un de ses fondateurs, doit se retourner dans sa tombe, car rappelle un cégétiste, « il a été dit : tu cotises selon tes moyens et tu bénéficies des soins selon tes besoins ».
En somme, rien ne va plus à l’hôpital public. « Un petit doigt cassé, Montceau n’est même plus capable de le réparer » s’offusque Michel Prieur. « Nous devons fédérer nos forces pour endiguer ce démantèlement de la santé ».
Alors si les sénateurs peuvent aider…
Jean Bernard