Ne cherchez pas à la joindre, elle est absente. En ce moment, Apolline Raoul est en Jordanie, en vacances. Il y a encore quinze jours, elle se trouvait au Cameroun, en mission humanitaire. Et lorsque qu’elle en aura fini de ses périples de fin d’année, elle compte bien y retourner, à moins qu’elle n’aille protéger l’ourang outan en Indonésie.
L’été dernier, Apolline Raoul a séjourné au Guatemala, trois semaines à surveiller les tortues et la mangrove. « Là-bas, dit-elle, je m’occupais d’un refuge d’animaux récupérés du marché noir. Chaque nuit aussi, nous allions sur la plage à la recherche de tortues en train de pondre ». La course aux oeufs avec les braconniers qui s déplacent à moto. « Le premier arrivé garde les oeufs. Ils les revendent à peu près 30 € les 100. L’oeuf a soi-disant une vertu aphrodisiaque ». Apolline n’a pas essayé.
De retour à Montceau-les-Mines, c’est le coup de déprime. « J’avais juste envie de repartir ».
Comment se rendre utile ?
Jusque-là, les voyages, elle en rêvait. Aide-soignante à l’hôpital de Montceau, elle part finalement en Suisse pour passer son diplôme d’assistante en soins, y reste cinq ans et décide de revenir sur le Bassin minier. Sauf que son diplôme suisse n’est pas reconnu en France. Et tout recommencer à zéro, ne l’enchante pas du tout. « Alors j’ai cherché à me rendre utile, j’ai tapé sur internet et je suis arrivée sur Life Time Projects » raconte Apolline. « J’ai toujours voulu travailler dans les soins, je n’ai jamais été intéressée par la restauration comme mes parents » (son papa tient l’Auberge du Passe-temps au Mont-Saint-Vincent).
Très vite s’annonce la première mission au Guatemala, puis la deuxième au Cameroun.
Le Cameroun a marqué Apolline d’où son désir d’y retourner. Elle s’occupe de jeunes filles de 8 à 19 ans, « des filles de la rue » qui, le soir, se prostituent. « Dans ce foyer, elles sont 19. Côté hygiène, c’est une catastrophe. Elles ne portent pas de sous-vêtements, ne connaissent pas la brosse à dents, le savon et encore moins le préservatif » explique la Montcellienne.
Très vite un climat de confiance s’instaure, et les filles de Yaoundé sont demandeuses. « Tous les jours je donnais des cours d’hygiène, pourquoi se laver les mains et ses vêtements, des informations sur le maladies sexuellement transmissibles. Elles sont toutes atteintes d’une maladie. Elles venaient même se confier me raconter leurs soucis ». Des filles sans grand avenir, malheureusement.
Ils vivent dans la misère mais ils ne plaignent pas
A l’orphelinat, en revanche, les enfants de 2 à 13 ans ont davantage de chance de s’en sortir. Les filles, celle de se marier, les garçons de trouver un travail ou, hélas, finir dans la rue.
Apolline Raoul est dans son élément. « Puisque mon diplôme n’est pas reconnu, autant faire de l’humanitaire. C’est le nouveau tremplin dans ma vie ». Aider et voyager. Par correspondance aussi, elle prépare son diplôme d’assistante vétérinaire. Elle aura ainsi la parfaite panoplie pour tout soigner.
« J’ai pris goût au voyage » formule Apolline qu’elle finance de sa poche.
A Yaoundé, les enfants l’appellent « la blanche ». Apollline attire l’oeil. « J’ai eu au moins dix demandes en mariage par jour par les hommes, mais jamais je ne me suis sentie en danger » affirme-t-elle.
Evidemment avec le foyer des filles de la rue, « on touche le fond ». « Elles sont pauvres mais si gentils. Elles sont toujours de bonne humeur. Là-bas, tout le monde chante, sinon pour l’autre population comme vous et moi, ils sont très cultivés, bilingue (français anglais), intelligents et ne demandent qu’à apprendre ».
« C’était génial » assure Apolline. A 28 ans, elle sans doute trouver sa voie et attrapé le virus du grand voyageur. Et elle a pris goût à voyager seule. « On s’ouvre beaucoup plus facilement au monde ».
Alors pas sûr de la revoir de sitôt.
Jean Bernard