La métallurgie des poudres est un sujet passionnant qui d’ores et déjà révolutionne la forge et la fonderie. La société Total, par exemple, fait réaliser des pièces non pas en France mais aux Etats-Unis ou au Japon qui dispose déjà de cette machine capable de former des pièces métalliques sans passer par l’étape fonderie.
En France, la technique existe mais à petite échelle, « pour des pièces du Rafale » précise Frédéric Bernard, chercheur et professeur à l’université de Bourgogne qui ce mardi, au Château de la Verrerie au Creusot, est au coeur de cette technologie d’avenir et du lacement de CALHIPSO, le premier réseau français d’industries et d’universitaires dédié à la compression isostatique à chaud.
Cette technique va bénéficier d’une plateforme de recherche mutualisée sous la même forme qu’a pu l’être le Mecateamcluster dans sa réalisation. La bonne nouvelle, elle va prendre forme au Creusot dès 2023, berceau historique de la métallurgie. « CALHIPSO préfigure l’usine du futur » certifie Frédéric Bernard, aussi coordinateur du projet.
L’idée a pourtant bien failli capoter avant que l’Etat, juste avant Noël, ne retienne le projet dans son Programme Investissements
d’Avenir (PIA). C’était donc un très joli cadeau en direction de l’Université de Bourgogne-Franche-Comté (ICB/UB) et ses partenaires, le CEA de Grenoble (Liten), le CNRS, l’Université Paris Sciences et Lettres (MINES ParisTech) et Framatome. Du beau monde. Même Jean-Claude Lagrange, vice président de la Région, n’y croyait plus après huit ans d’élaboration.
David Marti, président de la CUCM ne cache pas sa satisfaction d’accueillir sur le territoire de la communauté urbaine Creusot Montceau, « un centre de recherche d’excellence sur le plan international. C’est un véritable événement ».
Au Creusot, « l’idée est de répondre aux besoins de la recherche » précise encore Frédéric Bernard. « Nous sommes là pour aider au développement mais pas pour produire ». Qu’un jour, Total fasse réaliser ses pièces grâce à la métallurgie des poudres en France.
J.B.
Ouverture en 2023
La première plateforme nationale de recherche mutualisée ouvrira ses portes début 2023 au Creusot.
Quatorze mois de travaux sont nécessaires pour mettre sur pied le bâtiment et faire fonctionner la presse dédiée à la compression isostatique à chaud de moyenne dimension. Cet espace de recherche veut aussi aider les industriels à s’approprier une technologie d’avenir. Pour la première fois en France, on y réalisera des prototypes de pièces complexes amenées ensuite à être reproduites pour être commercialisées. En attendant 2023, CALHIPSO peut démarrer dès à présent grâce à un parc de machines déjà opérationnel.
Quoi ?
Une plateforme nationale de recherche mutualisée dédiée à la technologie CIC. Une presse de Compression Isostatique à Chaud de moyenne dimension (pièces de 10 à 40 cm, 1 400 °C, 2 000 bars) y sera installée. Le bâtiment de 500 m2 (soit l’équivalent de deux terrains de tennis) est installé sur une parcelle de 2000 m2.
Où ?
Au Creusot, sur le site Magenta. À proximité de Framatome, Industeel, General Electric…
Qui ? Combien ?
C’est la Société d’Économie Mixte pour la Coopération Industrielle en Bourgogne (SEMCIB) qui réalise la construction du bâtiment. Montant des travaux : 1,6 million d’euros.
L’Université de Bourgogne exploite la plateforme. Elle installe la presse CIC (coût de 3 millions d’euros financés par l’agence française de financement de la recherche via le Programme d’Investissements d’Avenir) et la région Bourgogne-Franche-Comité.
La mission de la plateforme
Proposer des solutions CIC sur-mesure et adaptées aux besoins de la recherche et des industriels. Ici, on réalisera des études sur des maquettes pour aller jusqu’au prototype. C’est le premier site de recherche en CIC en France qui ira aussi loin dans le processus de fabrication d’une pièce.
Les équipes de l’Université de Bourgogne et ses partenaires proposeront un accompagnement à 360° pour répondre aux besoins des industriels :
- Accompagner l’industriel dans toutes les étapes de la fabrication d’un prototype par la technique CIC, de sa conception à sa réalisation finale.
- Travailler en sécurité, avec la garantie de la confidentialité des opérations et le respect de la propriété intellectuelle.
- Qualifier le produit final en déterminant sa durée de vie, ses propriétés mécaniques, sa résistance à la corrosion…
- Conduire des contrôles sur les pièces et les assemblages en respectant les codes et normes du secteur industriel concerné.
Ils ont participé au lancement de CALHIPSO
David Marti, maire du Creusot et président de la communauté urbaine Creusot Montceau.
Jean-Claude Lagrange, président de la SEMCIB et de l’agence Ecosphère, vice-président de la région Bourgogne-Franche-Comté en charge de l’économie.
Vincent Thomas, président de l’Université de Bourgogne.
Frédéric Bernard, coordinateur de CALHISPO et professeur à l’Université de Bourgogne.
Frédéric Debleds, directeur général de l’agence Ecosphère.