L’avenir était sombre avec cette décharge de déchets ménagers et produits industriels implantée pratiquement en plein coeur de la commune de Montchanin et qui a tant défrayé la chronique. Cette poubelle géante qui recevait jusqu’à 30 camions par jour, a été fermée en 1989. Cette décharge est un véritable scandale écologique.
Alors imaginez la satisfaction du maire actuel de Montchanin, Yohann Cassier, d’inaugurer ce mercredi, une centrale photovoltaïque, sur ce site, « anciennement une décharge au passé sulfureux qui transforme notre passé en une source d’énergie renouvelable et respectueuse de l’environnement ». Un symbole qui incarne l’innovation et la durabilité.
« En tant que Montchaninois depuis toujours, j’ai moi-même connu son passé, parfois difficile, où gamin on venait jouer à proximité et même un peu plus, je crois donc fermement que travailler au présent est une belle chose mais préparer l’avenir, c’est encore mieux » ajoute le maire. Cette centrale solaire « est l’espoir que nous bâtissons un monde meilleur où nos enfants et notamment ceux du centre de loisirs ici présents, pourront grandir dans un environnement sain alimenté par des énergies renouvelables ».
La production annuelle totale attendue couvrira l’équivalent de plus de la moitié des besoins annuels en électricité des 5075 habitants de Montchanin puisqu’elle est injectée sur le réseau INEDIS.
Ce projet développé par LUXEL, filiale d’EDF Renouvelables a fait suite à la délibération favorable du conseil municipal en juillet 2018 et a permis deux mois plus tard, la présentation du projet à la population locale » rappelle Salomé Cluzel, directrice projet Bourgogne Franche Comté de LUXEL.
La population locale a pu investir dans la centrale solaire et devenir actrice de la transition énergétique de son territoire grâce à LUXEL. En effet, 69 personnes ont pris part à la collecte de financement participatif réalisée fin 2024, pour un montant total de
80 000 €.
« L’énergie solaire est une réponse directe aux défis du changement climatique et à la transition énergétique que nous devons tous encourager. Avec cette centrale, Montchanin s’affirme comme une ville tournée vers l’avenir, prête à participer activement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre » souligne Salomé Cluzel.
Un défi technique
et la protection du criquet émeraudine
Après la phase d’étude et de développement, les travaux ont débuté fin août 2023 par la réalisation des voiries et la mise en sécurité du site avec l’installation d’un portail. Plus de 8 600 panneaux photovoltaïques ont été installés à partir de la mi-mars 2024 sur 4 mois.
Divisé en 2 parties, le site a présenté quelques contraintes techniques. En effet, des panneaux classiques ont été posés au Nord, tandis que la partie Sud a nécessité une expertise particulière de la part des équipes construction de LUXEL en raison de la présence d’une membrane d’étanchéité sur l’ancienne décharge. Pour garantir la sécurité du site et éviter de percer cette membrane, des structures plus basses ont été installées, exerçant moins de pression sur le sol (pas plus de 800 kg au m2).
Après les travaux électriques, le raccordement au réseau public par Enedis et la vérification des installations, la centrale photovoltaïque a commencé à produire ses premiers électrons décarbonés en décembre 2024.
Il s’agissait aussi de limiter son impact sur l’environnement et de préserver la biodiversité. Sur le site de Montchanin, cela se traduit notamment par la conservation des boisements autour du site, l’évitement de zones favorables à l’espèce de criquet Aïolope émeraudine (Aiolopus thalassinus), rare en Bourgogne, et l’entretien du couvert herbacé par fauche mécanique.
J.B.
Précision : le parc photovoltaïque est implantée sur l’ancienne décharge d’ordures ménagères de plus de 6 hectares. Sur la décharge qui recevait les produits industriels, certains toxiques, elle est sous surveillance depuis 1997 par l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Des travaux de réhabilitation ont été réalisés, incluant l’installation de drains pour la gestion des lixiviats, la récupération des biogaz et la mise en place de dispositifs de surveillance des eaux souterraines et superficielles. En 2012, un projet de remplacement de la couverture en bentonite par une nouvelle en polyéthylène à haute densité a été entrepris pour améliorer l’étanchéité du site et réduire les rejets liquides.
