Montceau – Une école qui permet aux moins chanceux de s’élever

Le Conseil Départemental de l’Education Nationale de Saône-et-Loire a annoncé le 2 février dernier la fermeture de 48 classes à la rentrée 2023 dans notre département dont une à l’école primaire Jean Jaurès de Montceau.

Nous avons exprimé notre opposition à ce projet de fermeture par communiqué de presse en date du 23 février. Parallèlement, nous avons :

  • Diffusé l’information relative à cette fermeture auprès de l’ensemble des parents d’élèves : par brochure informative et par pancartes et panneaux sur les murets de l’école.
  • Mis en ligne une pétition qui a récolté avec plus de 200 signatures.

Nous avons également sollicité des audiences auprès de Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale (DSDEN) et de M. Louis Margueritte, député de notre circonscription.

Pour préparer au mieux ces audiences, nous avons élaboré collectivement une note d’analyse faisant référence à l’évolution des effectifs des dernières années dans l’école et à la situation sociale des élèves de l’école.

Nous avons été reçus par :

  • Le député le 27 mars lors d’un entretien durant lequel il a exprimé son soutien aux parents d’élèves. Il a également précisé qu’une réunion devait avoir lieu fin avril avec les services de l’Education Nationale pour faire un point de situation sur le département et la circonscription de Montceau.
  • Mme Le Maire le 28 mars, qui a sollicité l’association pour intégrer notre délégation et participer au temps d’échange avec les services de l’Education Nationale.
  • La Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale le 30 mars à Mâcon.
  • Le député, une seconde fois, pour faire un bilan et avoir une restitution des informations recueillies lors de ces échanges avec l’Education Nationale.

Ces différents temps de discussion nous permettent aujourd’hui de comprendre le contexte avec plus de clarté et renforcent notre position. Voici ci-dessous les éléments que nous retenons à notre niveau.

Les effectifs scolaires diminuent depuis plusieurs années dans le département sans que cela ne soit accompagné de suppression de postes. Par conséquent, il y aurait donc des postes « à rendre » : une vingtaine environ pour la rentrée prochaine. Pour décider d’une fermeture, les effectifs prévisionnels (d’avril et mai) permettent de déterminer le nombre moyen d’élèves par classe. Si celui-ci se situe en dessous de 24 à 25 élèves alors la fermeture est envisagée. Nous rappelons que la moyenne européenne est de 19,3 élèves par classe et que la France arrive en tête des pays européens où le nombre d’élèves par classe est le plus élevé (source Le Monde 30/12/2022). Ce principal critère se base donc sur une approche arithmétique.

Cette logique mathématique ne doit pas occulter les réalités sociales des familles. L’Education Nationale a publié récemment un indicateur national appelée Indice de Position Sociale (IPS) qui attribue à chaque école du pays un score. Cet Indice de Position Sociale est intéressant car il permet de faire des comparaisons et caractérise précisément la situation sociale des élèves face aux apprentissages dans les établissements scolaires. Plus l’indice est élevé, plus l’élève évolue dans un contexte familial favorable aux apprentissages. Cet indice est construit à partir des professions et catégories socioprofessionnelles (CSP) des représentants légaux des élèves et des variables suivantes :

  • Le diplôme des parents (mère et père).
  • Les conditions matérielles (revenus, nombre de pièces du logement, partage de chambre, ordinateur au domicile, accès à Internet).
  • Le capital culturel (nombre de livres à la maison, présence d’une télévision dans la chambre, le temps passé devant la télévision).
  • L’ambition et l’implication des parents (aspirations, conversations sur la scolarité, l’avenir scolaire).
  • Les pratiques culturelles (sport, concert, théâtre, cinéma, musée, activités extra-scolaires…).

La moyenne nationale de l’IPS dans les écoles élémentaires est de 102,8 alors qu’il est de 83,4 à Jean Jaurès, ce qui la classe dans les 16% des écoles ayant le plus faible IPS du département.

L’augmentation des effectifs par classe en cas de fermeture d’une classe empêcherait les enseignants d’accorder le temps nécessaire à chaque élève. De plus, un nombre significatif d’élèves sont allophones, en difficulté scolaire bénéficiant de dispositifs d’appui et d’accompagnement spécifique. L’école Jean Jaurès accueille également un dispositif ULIS, ce qui induit une intégration des élèves porteurs de handicap dans les autres classes de l’école et une prise charge encore plus individualisée de ces élèves. Ces particularités nécessitent un investissement conséquent de la part des enseignants qui ne doivent pas pénaliser l’équilibre d’enseignement.

Aussi, le collège public voisin Jean Moulin accueille une grande partie des élèves qui font leurs cursus élémentaires à Jean Jaurès. Ce collège bénéficie d’un classement Réseau d’Education Prioritaire (contrairement à l’école Jean Jaurès) depuis de nombreuses années et inclue un dispositif ULIS et SEGPA.

De nombreux élèves de cette école sont issus de catégories socioprofessionnelles défavorisées mais aussi d’enfants issus de milieux plus privilégiés. C’est ce qui définit la mixité sociale. Jean Jaurès est le symbole de l’école de la République : une école où tous les enfants apprennent ensemble, où tout le monde se côtoie, avec tolérance et respect. C’est cette même école qui permet aux moins chanceux de s’élever. C’est l’école dans laquelle nous croyons et nous nous engageons.

Un des principes de notre République est de redistribuer à celles et ceux qui en ont le plus besoin. Alors si ce capital d’éducation et de formation n’est pas redistribué avec justice, c’est hypothéquer les chances de réussite de nos enfants. Et ça, nous ne l’acceptons pas.

Nous demandons alors aux décideurs de repenser cette fermeture au regard de tout ce que nous venons d’expliquer et nous vous invitons à maintenir cette classe.

Respectueusement.

 

 

L’association des parents d’élèves Aminiki.

 

 

C’était en mars dernier à l’école Jean Jaurès.

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