Montceau – Un débat d’orientation budgétaire destructeur au conseil municipal

Abracadabrantesque, ce terme popularisé par Jacques Chirac en 2000 pourrait parfaitement qualifier le conseil municipal qui s’est tenu lundi soir à Montceau-les-Mines. En presque cinq heures de temps, quatre heures et cinquante-huit minutes très précisément, nous avons eu droit à un véritable florilège qui dénote un combat acharné entre majorité et les oppositions à presque un an des élections municipales. Car il ne faut pas se mentir, avec une gauche désormais morcelée, c’est à celui ou celle qui prendra le leadership dans le landerneau montcellien. Et la bataille s’annonce épique entre les prétendants, Isabelle Louis et son nouveau groupe au conseil municipal « Pour une gauche sociale, écologique et démocratique », candidate déclarée à la mairie avec le soutien de LFI et des communistes, Eric Commeau (Energies Citoyennes) qui fait partie de l’autre gauche qui veut aussi prendre la place de Marie-Claude Jarrot et Laurent Selvez, candidat malheureux en 2020 qui, aujourd’hui, est un homme seul, « tous vos amis vous quittent » lui a balancé Gérard Gronfier, premier adjoint au maire. D’ailleurs même Stéphane Brun qui a déserté l’assemblée municipale, pourtant élu du groupe La gauche Unie de Laurent Selvez, avait  donné pouvoir à Hélène Touillon (Energies Citoyennes).

Reste Lilian Noirot désormais plus proche, même vraiment proche de la majorité dont les idées politiques sont analogues à celles de l’actuel  ministre de l’Intérieur. « Je suis démocrate, républicain et gaulliste. Je souscris au discours de Retailleau » expliquait il.

C’était donc une soirée consacrée aux orientations budgétaires de la ville pour l’année 2025 qui logiquement s’annonçait passionnante avec les actions futures engagées par la majorité et les idées lumineuses des oppositions. En fin de compte, nous eûmes droit à une grosse vague d’autosatisfaction de la part de la majorité avec une compilation des meilleurs titres en 2024 pendant 90 minutes et à une avalanche de critiques dans la bouche des élus de l’opposition.

« Les voies minoritaires et particulièrement l’expression des trois groupes représentatifs de la gauche au conseil municipal, ne s’en trouvera pas davantage diminuée mais en sera bien davantage renforcée par la possibilité accrue d’expressions différentes mais toujours convergentes », expliquait le jour-même dans un communiqué, Isabelle Louis et Martine Boguet. Ils ne sont pas privés, chacun arrivant à la même conclusion, la gestion de la ville par la majorité est catastrophique. « Je ne sais pas comment ça va se terminer ? » s’interrogeait Eric Commeau. « Le moment de vérité va arriver avec le compte administratif 2024, vous ne pourrez vous en sortir qu’en faisant exploser l’endettement ».

L’intervention d’Isabelle Louis a estomaqué tout le monde. La candidate aux municipales 2026 a été méconnaissable. « Mais qu’est-ce qui vous arrive, vous êtes frénétique, déchaînée » s’étonnait madame le maire qui n’a pas toujours compris où voulait en venir la nouvelle cheffe de file de son groupe dans son inventaire à la Prévert.

Laurent Selvez sera égal à lui-même reprenant une longue série d’anathèmes entendue à chaque conseil municipal depuis 2020. « Vous menez la ville à la catastrophe ». Quand il a parlé du diagramme de l’extinction de la dette, « ça ne vaut rien, c’est du pipi de chat » osa-t-il avec l’élégance d’un hérisson sans la subtilité littéraire. « La situation est dramatique et inquiétante et vous ne prévoyez rien pour l’améliorer ». Il précisait encore, « vous envisagez une épargne brute négative en 2025 et 2026 ».

Sans doute aurait il mieux fait de se taire où lire plus attentivement le document sur les orientations budgétaires car sur ce sujet, Marie-Claude Jarrot l’attendait au tournant. « En 2026, nous dégagerons une épargne brute de 750 000 € ».

Irrité au possible, l’élu PS de l’opposition et seul dans son coin s’esclaffait, « où est inscrit ce chiffre dans le DOB ? »

« Notez-le » lui répondait tranquillement le maire.

Effectivement, page 46

 

Pour étayer ses propos, Laurent Selvez qui a bien compris que l’intelligence artificielle (IA) dont il a beaucoup été question ces derniers jours, pour apporter de l’eau à son moulin, a demandé à ChatGPT : la situation financière de la ville de Montceau est elle préoccupante ? En résumé, elle nécessite une gestion prudente.

ChatGPT et Laurent Selvez tombaient d’accord, la ville de Montceau a beaucoup investi et a besoin d’emprunts pour financer les investissements. « Mais nous devons emprunter sur de longues années comme le préconise la banque des Territoires pour reconstruire la ville et nous allons continuer sans que ça coûte aux Montcelliens si ce n’est une légère augmentation du prix de la cantine. Nous avons de l’ambition, les banques nous suivent. Nous avons réalisé 75% du PPI (plan pluriannuel d’investissement). C’est remarquable. En 5 ans, nous avons investi plus de 30 M € » se targuait Marie-Claude Jarrot.

 

 

 

Qu’importe les chiffres, Laurent Selvez comparait Montveau au Titanic. « Cette fois, l’iceberg, on l’a touché. Vous êtes (le maire), le capitaine qui écoute l’orchestre alors que le bateau coule ».

Et comme cela ne suffisait pas, l’élu PS s’aventura sur le terrain sismique des dernières élections législatives. Ce qui provoqua son départ du conseil municipal. Lire par ailleurs.

 

J.B.

 

 

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