Il a demandé la permission comme en 1945. Roger Joly ne voulait surtout pas manquer la commémoration du 8 mai 1945 ce vendredi 8 mai 2020 à Montceau-les-Mines. Car quand bien même, Marie-Claude Jarrot a déposé une gerbe au monument aux morts alors que tout rassemblement est interdit, « je ne pouvais pas refuser à Roger d’être là. On ne refuse rien à Roger » avance avec un profond respect madame le maire.
Roger Joly, résistant dans sa prime jeunesse et communiste dans l’âme, va bientôt fêter ses 95 ans. Il est né le 16 mai 1925 à Montceau-les-Mines. Il est l’histoire de Montceau alors même si ses copains ne sont plus là, des histoires, il en a toujours à raconter. Et celle du 8 mai 1945, elle mérite d’être connue, surtout en cette période confinement.
Au printemps 1945, Roger Joly se trouve sur le front des Alpes, « c’est par-là que les Allemands remontent », dit-il, une main appuyé sur sa canne, l’autre qui virevolte comme un chef d’orchestre qui bat la mesure. La mesure du temps où il composait avec le 5e Dragon. Mai approche, son anniversaire aussi. Ses 20 ans, il espère les fêter à la maison, en famille à Montceau-les-Mines. « Alors j’ai demandé une permission ». Accordée.
Il quitte Chambéry et la place des Quatre sans culs (la place des Eléphants) et le 4 ou 5 mai 1945, « je ne me souviens plus vraiment », il débarque dans la cité minière. Ses parents heureux font pourtant une drôle de mine. « Mais t’es tout rouge Roger » lui disent-ils. Ni une ni deux, il s’en va rencontrer le médecin militaire. Pas de doute, « t’as la rougeole » lui diagnostique le toubib. « Allez, en quarantaine ! » lui lance-t-il.
Roger Joly, bientôt 20 ans, est isolé, mis en confinement. Déjà. Installé sous la mansarde, le médecin et les infirmières oublient sa présence. « Pour le 8 mai 1945, j’était déjà en quarantaine, alors cette année, ce n’était pas possible de l’être à nouveau ». D’où la permission à madame le maire. Belle histoire.
Et racontée par Roger Joly, elle prend une saveur que lui seul est capable de faire partager. Un régal.
Jean Bernard
Chapeaux bas pour vous, Mr Joly.
Les héros de notre beau pays, n’en déplaise à ceux qui honteusement disent que notre pays n’a pas d’histoire propre, alors que nos anciens ont combattus pour notre liberté et pour que notre identité culturelle reste Française. Tous mes respects Monsieur Joly.