Ils ne ressemblent pas à des touristes ordinaires. Déjà, ils n’ont pas de véhicule mais une carriole, sorte de grosse malle sur roulettes. « Quand nous marchons sur la route, ma compagne est devant pour tirer et moi derrière pour pousser », raconte Jose Dosrels Viegas. Lui est Portugais et Maria Dolores Lopez Ubeda, Espagnole.
Ensemble, depuis 2008, ils marchent. Ils ont parcouru pratiquement toute l’Europe. Un périple qui les a conduits à Montceau-les-Mines où ils ont fait une halte à la 9e écluse. Jose aurait bien aimé pourvoir acheter une bouteille de gaz mais les 25 euros, il ne les a pas. Dans l’après-midi nous l’avons croisé en ville, il se rendait aux Restos du coeur. « J’espère avoir un peu à manger » lance-t-il. « Sinon, ce n’est pas grave, j’ai l’habitude. La nourriture attendra ».
Onze ans donc qu’ils sont sur les routes.
Tout a commencé pour Jose en 2003. La mère de ses enfants décède. Puis du côté de Murcia (Espagne), il perd sa maison et son boulot. « L’usine de menuiserie en aluminium a fermé » explique-t-il dans un français à peu près compréhensible. « J’ai commencé à marcher le 22 novembre 2008, je suis parti de Séville pour rejoindre Saint-Jacques de Compostelle ». Le début de l’aventure avec Maria Dolores.
Le grand voyage à travers les pays. Le couple recomposé est allé jusqu’au sud de la Turquie. Il est passé par la Pologne. « Là-bas, sous la neige, les gens sont très accueillants. Nous n’avons jamais dormi dehors ».
Ils ont traversé la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo et il nous montre la photo avec un panneau qui indique « mine ». « En Allemagne, ajoute-t-il, les gens sont très sympas, mieux qu’en France. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a des gentils et des méchants partout ».
La nuit dernière, à Montceau-les-Mines, Jose et Maria Dolores et leurs quatre chiens dont deux sont nés pendant la grande odyssée, ont dormi sous la tente. Ce matin, très tôt, ils ont repris la route. L’objectif est de longer les canaux pour se rendre à Pampelune et retourner à Saint-Jacques de Compostelle.
A ce jour, Jose estime qu’ils ont pacouru entre 70 000 et 75 000 km à pied et sans argent. « Les gens nous en donnent parfois ». En revanche, ils éviteront de repasser par Lyon et Bordeaux. Ils n’en gardent pas de bons souvenirs.
Bientôt _ mais quand ? _ le couple mettra fin à son périple. Jose a l’intention de s’installer du côté de Saint-Jacques de Compostelle et proposer des boissons aux pèlerins. Un petit job sans prétentions. D’ici là, surtout à pied et avec la remorque, la route est encore longue.
Mais ils ont la foi.
Jean Bernard