Elle a yeux rougis. A l’évocation d’un retour dans son pays, elle cache des mains son visage. Les larmes coulent. Eliana Sargsyan s’attend au pire. Elle sait que depuis le courrier adressé par le préfet en date du 9 janvier 2018, elle et son mari Andranik, ses deux enfants, sont tenus « de quitter le territoire français. A défaut, vous pourrez faire l’objet d’un départ forcé ». Mais en France, nous ne sommes pas des sauvages, alors il est aussi stipulé pour adoucir le coup porté: « Vous pouvez, cependant, demander à bénéficier de l’aide au retour volontaire en vous présentant à l’office français cde l’immigration et de l’intégration (O.F.I.I.) à Dijon ».
Depuis, vous l’imaginez, cette famille qui loge dans un appartement de la ville de Montceau-les-Mines au Bois du Verne, vit dans la peur même si Andranik, lui, reste de marbre. Car ils ne comprennent pas alors qu’ils ont choisi la France, pays des droits de l’hommes pour venir y trouver une terre d’asile, pourquoi après cinq ans, on leur demande de retourner chez eux?
Il faut savoir et c’est très important que Andranik Sargsyan, policier dans la capitale Erevan n’a pas voulu obéir à un ordre que sa conscience réprouvait. Après de la prison, des menaces, son seul salut était de fuir son pays. Ce qu’il fît avec sa famille. Dans un premier temps, ils sont hébergés dans une famille arménienne à Chalon-sur-Saône avant de s’installer dans la Bassin minier et finalement au Bois du Verne. « Nous sommes en France depuis le 10 mai 2012 et nous avons attendu précisément ces cinq ans pour bénéficier de la circulaire Valls » qui indique que pour prétendre à une régularisation, il faut cinq de présence en France, avoir un enfant scolarisé depuis au moins trois ans et contribuer à son éducation et, ainsi, mettre fin à l’arbitraire préfectoral.
La famille Sargsyan répond à tous les critères. Tous en plus parlent français, les deux enfants sont scolarisés, sont membres de clubs de sports, ont des amis, ils donnent même leur sang bref, ils se sont totalement acclimatés et adaptés à notre vie. Et pourtant, à l’OFPRA (office français de protection des réfugiés et apatrides), leur demande de droit d’asile a été rejetée « parce l’office estime que leur récit est invraisemblable » précise Henri Gaudin membre de RESF (réseau éducation sans frontières) du Bassin minier qui, avec la présidente, entre autres, soutient cette famille arménienne.
Dans leur logement au Bois du Verne depuis mars 2015, ils vivent avec 200€ par mois du Département. « Nous allons aux Restos du cœur, à l’épicerie sociale, des gens nous aident » précise l’ancien policier à Erevan. Parce que, forcément, ils ne peuvent pas travailler chez nous. Eliana était infirmière.
Si la famille Sargsyan venait à retourner en Arménie, Andranik serait aussitôt conduit en prison. « Je suis considéré comme déserteur ». Que faire? « Le préfet peut exceptionnellement leur accorder un titre de séjour » indique Henri Gaudin. Le fera-t-il? Madame Jarrot, maire de Montceau, le député Raphaël Gauvain connaissent le dossier. « Nous devons aussi nous mobiliser, faire signer des pétitions » avance RESF. Et si, finalement, sans aller chercher plus loin, la bienveillance l’emportait? C’est notre vœu le plus cher.
Jean Bernard
Je souhaite savoir la situation actuelle maintenant de cette famille car depuis plus d article
Elle va très bien. A eu ses papiers.