Mont-Saint-Vincent – Le projet d’enfouissement de l’amiante, un sujet toxique pour le maire Jean Girardon

En 38 ans de vie politique à Mont-Saint-Vincent, le maire Jean Girardon sait reconnaître le sujet qui va faire polémique. Quand la société Rougeot qui exploite la carrière Bourgueuil sur la commune lui a fait part de son projet courant 2019, il a très vite compris qu’il lui faudrait marcher sur des oeufs.

Parce que, outre le fait d’une demande d’extension de la carrière, d’accueillir également des déchets du BTP, il lui fallait avaler le projet d’enfouissement de déchets amiantés. « Et l’amiante est un sujet épineux, ça fait peur » admet Jean Girardon.

Un site d’enfouissement à Mont-Saint-Vincent, ce village si pittoresque au passé historique, l’apprendre aux Montsaintvincinois aurait inévitablement provoqué des remous. C’est pourquoi, le maire a demandé au conseil municipal mis au courant de l’affaire, de rester discret, d’autant plus que les élections municipales pointaient à l’horizon et, pour le garder dégager, « mieux ne valait pas l’inclure dans la campagne » reconnaît aujourd’hui le maire réélu dans un fauteuil. « Surtout que ce n’est pas un projet de la commune » insiste-t-il.

Mais ne rien dire est souvent pire qu’une vérité fausse.

L’extraction de la pierre se fait sur un terrain communale d’une quarantaine d’hectares. Depuis 2019 la société Rougeot qui a succédé à l’entreprise Pelichet, est propriétaire d’une douzaine d’hectares où se trouvent les installations techniques. Le dernier contrat de fortage entre la commune et la société a été signé en 2007 et arrive à expiration en 2022. C’est bientôt.

Sur la carrière, quatre personnes y travaillent et Rougeot extrait dans les 140 000 tonnes à l’année. Sans doute pas assez pour l’entreprise mais une manne financière non négligeable pour la commune, « ça représente entre 10 à 15% de nos dépenses de fonctionnement, soit entre 25 000 à 30 000 € par an » précise Jean Girardon.

Les Montsaintvincinois

se prononceront par référendum 

Mais la société Rougeot en arrivant à Mont-Saint-Vincent, s’est interrogée sur l’avenir de la carrière avec un contrat qui s’achève en 2022. Alors est né ce projet d’extension et d’enfouissement des déchets dont de l’amiante. A force de creuser depuis 1970, d’énormes trous sont prêts à les recevoir.

Jusqu’à ces jours derniers, Mont-Saint-Vincent coulait encore des jours heureux. Quand bien même Jean Girardon avait informé sa nouvelle équipe municipale du projet à qui il a demandé également la discrétion, l’esquisse d’enfouir de l’amiante a fuité. Le maire a  bien pensé tenir une réunion d’information auprès des habitants mais avec la crise sanitaire, il a dû renoncer et s’est adressé à ses concitoyens par mail (lire plus bas).

« En décembre 2020, Rougeot m’informe que le projet est sur le point d’aboutir » fait savoir le maire. La commune donne alors l’autorisation du dépôt du dossier à la préfecture, « il a été déposé vendredi dernier. Il est dans les mains de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) qui va l’éplucher. L’instruction va durer plusieurs mois ».

Si l’Etat venait à donner son feu vert, encore faudra-t-il attendre le résultat de l’enquête publique qui concerne au moins cinq communes proches de Mont-Saint-Vincent dont Collonge-en-Charollais très inquiète par l’enfouissement de l’amiante (lire par ailleurs).

Alors qu’en pense Jean Girardon ? « Je ne suis ni pour ni contre surtout que je n’ai pas tous les éléments. Je suis là pour défendre les intérêts de ma commune, je suis droit dans mes bottes. Et comme je l’ai dit, je ferai un référendum ».

On note bien l’embarras du maire qui d’un côté regarde les finances de sa commune et, en même temps, se plante une épine dans le pied. Dire non et la carrière fermerait, dire oui serait l’équivalent d’un tsunami qui s’abattrait sur le village. « Je veux éviter la zizanie, que le calme règne dans la commune » espère-t-il.

Si jusqu’à présent les opposants au projet d’enfouissement de l’amiante dans la carrière n’ont pas fait de vague, un vent de révolte commence à poindre. Il va se lever très vite.

Nous sommes bien loin de la carrière de menhirs d’Obélix.

Jean Bernard



Voici le communiqué du Conseil municipal, en date du 8 février dernier, relatif à l’avenir de la carrière de Bourgueuil. « Les circonstances sanitaires ne permettant pas la tenue d’une réunion publique, je vous adresse ce communiqué qui a pour objet de vous informer du projet en préparation.
Dès que nous le pourrons, cette réunion sera organisée (signé Jean Girardon) .

COMMUNIQUE du CONSEIL MUNICIPAL de MONT SAINT VINCENT
Au cours de l’année 2019, l’entreprise Rougeot, nouvel exploitant de la carrière, a informé le Conseil municipal de son projet d’évolution pour les 30 prochaines années, dont la faisabilité est en cours d’étude.
Ce projet consiste, d’une part à poursuivre l’extraction des matériaux dont une part importante est transformée en sable, d’autre part à combler les excavations résultant de cette activité par des déchets inertes issus du BTP (batiment et travaux publics), pour répondre ainsi aux besoins exprimés par nombre d’entreprises locales.
Concrètement, cela implique d’accroitre la surface d’exploitation vers le sud ouest en déplaçant de nouveau (comme cela été fait par le passé), le tracé du chemin de grande randonnée (GR7) en limite de Collonge en Charollais et d’envisager un traitement particulier pour les déchets amiantés fibrés (non floqués). En effet, depuis 2011, une réglementation spécifique, particulièrement drastique, organise le traitement par enfouissement des plaques d’amiante désactivé.
Ainsi informé, le Conseil municipal a souhaité voir sur place des installations de ce type en activité. Une visite fut organisée à l’automne 2019 en présence du maire, Jean Girardon, assisté des trois adjoints Pierre Chardeau, Nadine Therville et Michel Auboeuf, sur un site géré par Véolia, partenaire de la Sté Rougeot, dans la région de Reims.
Le 15 décembre 2020, la Sté Rougeot a présenté son projet au nouveau Conseil municipal qui a pris acte de son contenu, sans se prononcer sur son bien-fondé.
Au cours de cette réunion, il a été convenu que le Conseil municipal se rendrait sur place à la carrière pour recueillir des explications plus précises. Cette visite s’est déroulée le 24 janvier dernier. En outre, il est prévu dans les prochaines
semaines la visite d’un site d’enfouissement de l’amiante déjà en exploitation, dans un autre département.
La sté Rougeot va déposer une demande d’autorisation en 2021 auprès des services compétents, à la Préfecture à Macon et à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), à Dijon.
L’instruction de ce dossier demandera plusieurs mois, à l’issue de laquelle sera prononcée ou non l’autorisation. Dans cette dernière hypothèse, le dossier est clos. En cas d’avis positif, la procédure d’enquête publique permettra aux élus et à la population de Mont Saint Vincent de donner son avis sur ce projet, de l’accepter ou de le refuser en toute connaissance de cause.
Le Conseil municipal de Mont Saint Vincent, le 8 février 2021

6 commentaires :

  1. GE-NIAL ! Que ne ferait-on pas pour de l’argent !
    Ce n’est pas le projet qui est toxique , qu’il suffit d’expliquer , avec pédagogie bien sûr , c’est la nature-même du cadeau , DURABLE , que vous envisagez de faire à votre commune , à ses voisins , à ce site-même tant aimé du Mont St Vincent qui méritait une autre mise en valeur ! ( faut-il comprendre « en valeurs » ?) . Il ne s’agit pas de tricher en cachant discrètement la poussière sous le tapis , cette poussière -là n’est pas inerte ( elle a lourdement fait ses preuves ) , elle demeurera , après vous , après nous tous . Il faut bien boucher les trous n’est-ce pas ! Avez-vous vérifié que le site ne convient pas aux déchets nucléaires ? LU-MI-NEUX !
    L’entreprise ayant exploité le site ne doit-elle pas assumer la responsabilité de participer à sa restauration ? Reverdir une carrière , en voilà un projet motivant !
    Votre nom restera inscrit parmi ceux de vos prédécesseurs et de vos successeurs Monsieur le Maire , demeurera-t-il associé à cette tache indélébile ?

  2. J espère que les propriétaires n’habitant pas le mont saint Vincent seront consultés connaissant très bien le fonctionnement habituel j ai d’énormes doutes

  3. L argent serait il plus important que la santé des administrés du Mont Saint Vincent ? Maintenant que les élections municipales sont passées ça sort alors que c était dans les tuyaux depuis longtemps ! Scandaleux.

  4. Combien de tonnes d amiante sont entreposées dans la décharge de TORCY????ce serait très intéressant de savoir….

  5. Pour compléter, depuis 2017 Mont saint vincent fait partie de la CCM….!!!!

  6. Pourquoi ne pas plutôt faire une gravière pour la pêche ce qui rendra heureux bien des pêcheurs plutôt que de polluer encore et encore Nos belle commune

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