Michelin Blanzy – A la veille d’une timide reprise, « on ne veut pas rapporter la mort chez nous » (Sud)

Pas un chat dehors. Il pleut, il fait froid, quelques flocons de neige s’invitent même à ce dimanche 29 mars 2020. Du côté de Michelin à Blanzy, le grand parking est quasiment vide. Quelques véhicules, ceux des employés qui travaillent à la production de pneus militaires, essentiellement pour l’opération Barkane au Mali. Des volontaires. Les autres ateliers sont à l’arrêt depuis le 17 mars dernier.

Mais à partir de ce lundi 30 mars, la direction générale de Michelin a décidé de remettre progressivement au travail ses sites français. D’abord Michelin Blanzy et Bourges ou encore Troyes où se font les pneus de tracteur, « il parait qu’il existe une hausse des demandes » souligne Jean-Alexis Dionnet, délégué syndical SUD, secrétaire du CES Michelin, secrétaire de la CSSCT, membre du comité central et de la commission centrale SSCT.

Ce dimanche n’est pas jour de repos pour le syndicat SUD Michelin à Blanzy. C’est même le branle-bas de combat alors que le site de Montceau doit reprendre _ avec modération _ son activité à partir de 5 heures ce lundi 30 mars 2020.

Ceci dit, pendant les deux semaines de pseudo fermeture, Sud est venu régulièrement sur le site, « voir les conditions de travail des salariés » rapporte Jean-Alexis Dionnet. Des heures de réunion avec la direction clermontoise, de Blanzy également pour connaître notamment « la rémunération des salariés » pendant cette pause imposée. « Aujourd’hui encore, personne ne sait vraiment puisque Micelin ouvrira des négociations dès demain (lundi) », précise le délégué Sud.

« Aucun pneu Barkane ne remplacera la vie d’un salarié » (Jean-Alexis Dionnet)

Il a été demandé le maintien des salaires à 100% « quand on connaît les bénéfices Michelin en 2019. « Michelin a refusé et propose un complément au chômage partiel d’environ 8% du net. Le gel des dividendes versés aux actionnaires ? Refus également à moins que l’Etat contraigne Michelin à le faire…

Alors le nombre de morts en relation avec le covid-19 ne cesse de progresser en France, alors que le gouvernement prépare les Français à une première quinzaine d’avril « difficile » selon le Premier ministre, « Michelin annonce qu’il veut reprendre la production ».

Chez Sud, cette décision rend perplexe et interroge. « Aucune preuve n’est apportée, ni de Michelin, ni de l’Etat, sur la nécessité de produire » énonce Jean-Alexis Dionnet entouré _ à distance de sécurité _ Christine Grémy, membre de la commission sécurité et Cédric Ravier, titulaire Sud au CSE.

« Aucun pneu Barkane ne remplacera la vie d’un salarié » s’exclame le délégué Sud. « Ce n’est pas la production actuelle de 16 pneus par jour pour le Mali qui va mettre la France en danger économique ».

Vendredi, un comité central a duré 8 heures sur les modalités de réouverture des sites. « Toutes les organisations syndicales se rassemblent derrière Sud et informent la direction qu’elles ne sont pas en possibilité de rendre un avis » précise-t-il.

La peur de venir travailler

Reprendre, enfin oui peut-être, mais selon un protocole de sécurité relativement drastique (lire plus bas). « Nous avons obtenu la garantie que le simple fait qu’un agent déclare sa peur de venir travailler, il puisse rester chez lui, au chômage partiel tout le temps du confinement et sans risque de sanction de sa hiérarchie » annonce Jean-Alexis Dionnet.

« Sud ne cautionne pas qu’un salarié mette en danger sa famille en venant travailler à Michelin Blanzy, qu’il apporte la mort chez lui », pointe-t-il encore du doigt.

Quoi qu’il soit, ce lundi matin, environ 10% du personnel du site de Blanzy est appelé à reprendre le travail, soit une grosse centaine de personnes. Mais ce personnel, il faut le former au protocole, savoir mettre un masque par exemple. Il est prévu de prendre la température à l’entrée, « mais le matériel ne sera disponible que mardi » précise Cédric Ravier.

Pour Sud, les conditions de sécurité n’offrent pas toutes les garanties. « Repoussons la reprise du travail à mardi » préconise-t-il même si Sud a pris acte du protocole. « Sud n’hésitera pas à utiliser tous les moyens médiatiques et judiciaires en cas de dérives », prévient Jean-Alexis Dionnet. Et pourrait même déclencher le DGI (danger grave imminent) et donc un arrêt total de la production.

Sud réitère alors sa demande, c’est-à-dire, « la fermeture totale du site pendant les trois prochaines semaines et rémunérer le personnel à 100% pendant cette fermeture ».

Le coronavirus sait-il seulement qu’on fabrique des pneus ?

Jean Bernard



Mesure de prévention & désinfection site Michelin, covid-19

Redémarrage en fonction du pourcentage d’effectif nécessaire au fonctionnement du site (<10%,>10%,>50%)

• Les personnes symptomatiques ne doivent pas se rendre sur le site :
J’ai des symptômes qui me font penser au COVD-19 : je reste à domicile, j’évite les contacts, j’appelle un médecin avant de me rendre à son cabinet ou j’appelle le numéro de permanence de soins de ma région.
Je peux également bénéficier d’une téléconsultation. Si les symptômes s’aggravent avec des difficultés respiratoires et signes d’essoufflements, j’appelle le SAMU- Centre 15.

• Pour vous rendre sur le site, vous devrez utiliser uniquement le document suivant : Justificatif-dedéplacement-professionnel 20200321.pdf. Il en existe plusieurs versions en fonction de votre activité :
sûreté-incendie-santé, fabrication, logistique, direction, et autre. L’attestation de déplacement dérogatoire n’est pas nécessaire.

• Avant tout accès au site, une prise de température sera réalisée, si la température est supérieure à 38°C, l’accès sera refusé. Pour tout refus de prise de température, l’accès au site est refusé.

• Au-delà de 10% d’effectif nécessaire sur site, pour garantir la distanciation entre les personnes à l’entrée du site, les arrivées se feront à raison de 50 personnes toutes les 10 minutes. Les horaires d’arrivées et de sorties seront établies à l’avance et fournis aux salariés par le manager, en garantissant le respect de l’amplitude horaire journalière.

• Une seule entrée sur le site pour permettre le contrôle des accès : loge gardiens. Les personnes se désinfectent systématiquement les mains avec du gel hydroalcoolique mis à disposition avant leur entrée. Les personnes utilisent leur badge pour permettre d’identifier leur présence sur le site. Les personnes conservent 2m de distance minimale à l’entrée du site et sur tout le trajet pour se rendre dans l’atelier. La porte d’accès du site est à minima désinfectée 3 fois par jour par les APP ou les sous-traitants. Des marques au sol permettent d’identifier la distance d’2m sur 10m à l’entrée.

• Une seule sortie pour le site : tourniquet ou une porte contrôlée. Les personnes conservent 2m de distance minimale à la sortie du site et sur tout le trajet pour se rendre à leur véhicule. Tous les salariés badgent en sortie pour identifier leur sortie du site. La porte d’accès du site est à minima désinfectée 3 fois par jour par les APP ou les sous-traitants. Des marques au sol permettent d’identifier la distance d’2m sur 10m avant la sortie.

• OU ALORS une autre solution pour l’entrée sortie du site sera l’ouverture d’une porte d’accès associé à un lecteur de badge surveillée par un surveillant qui autorise l’entrée/sortie lorsque le lecteur le valide

• Ce dispositif permet de nous assurer qu’il n’y ait pas de croisement physique entre les équipes matin/aprèsmidi/nuit. Tous les autres accès du site seront fermés pour permettre le contrôle d’accès.

• Au-delà de 10% d’effectif nécessaire sur site, pour limiter les contacts entre les salariés, SOIT le site met en place un accès régulé au vestiaire des équipes montantes et sortantes à raison de 50 personnes toutes les 10 minutes. Les horaires d’arrivées et de sorties seront établies à l’avance et fournies aux salariés OU ALORS l’accès aux vestiaires sera limité au seul personnel SF et de maintenance, les autres salariés arrivent directement en tenue de travail.

• A l’intérieur des vestiaires les règles de distanciations doivent être respectées (2m)

• Les personnes « dîtes fragiles » identifiées par le service de santé peuvent bénéficier si c’est possible du télétravail ou d’un arrêt maladie sur la base d’une auto déclaration sur le compte ameli.fr. Pour les personnes fragiles souhaitant néanmoins travailler sur le site, elles doivent se faire connaître du service médical et de leur manager, et porter un masque en permanence et se laver les mains toutes les heures.

• Les masques chirurgicaux sont donnés par les hiérarchiques des salariés dans chaque atelier pour les postes qui ne permettent pas de garantir une distance minimum de 2m entre deux salariés. La recommandation fournisseur est d’utiliser 3 masques par personne et par jour.

• Au poste de travail :
o Les postes de travail sont affectées à une seule personne, pas de rotation dans l’équipe hors relève.

o Assurer une distance minimum de 2m entre deux salariés, si cette dernière ne peut pas être respectée le port du masque chirurgical est alors imposé aux 2 salariés.

o Autant que possible, ouvrir et fermer les portes sans les mains. Bloquer les portes ouvertes lorsque cela est possible sauf pour des raisons de sureté ou d’incendie.

o La tenue des rampes et rambardes lors des montées/descentes d’escaliers y compris portillons d’accès reste obligatoire, il est demandé une vigilance plus importante de chacun en mettant en œuvre un lavage des mains réguliers.

 

o Lavage régulier des mains avec de l’eau et du savon (au moins une fois par heure) pendant au moins 20 secondes. De plus, du gel hydroalcoolique sera mis à disposition des ateliers et à chaque entrée du site.

o Eviter de se toucher le visage et le nez en permanence. Alerter vos collègues qui le font.

o Aération des locaux à intervalle régulier par les salariés, les ventilateurs individuels et collectifs (hors Centrale de conditionnement de l’air) doivent être arrêtés.

o Désinfection des commandes à l’aide de lingettes pré-imprégnées ou par un papier imprégné d’un agent désinfectant (liste des agents efficace en fin de document) par les salariés à la prise de poste OU ALORS mis en place d’un film de protection sur les commandes à chaque début de poste.

• Lieux de passages collectifs :
o Nettoyage des locaux : le nettoyage et la désinfection des lieux communs salle de pause, toilettes, sera réalisé par la société de nettoyage au moins une fois par équipe.

o Les douches, la cantine, les salles de réunion, les réunions dans les salles MQP sont interdites sauf respect des règles de distanciation (2 mètres) pour éviter tous risques de contamination. Toutes les réunions, même sur site, sont réalisées par Teams ou autre outil collaboratif.

o Les douches sont autorisées et réservées aux travailleurs nécessitant un nettoyage obligatoire du salarié (activités SF et maintenance essentiellement). Les seules douches autorisées sont les douches individuelles. Dans chaque douche est mis à disposition du matériel pour désinfecter sa douche avant de la prendre.

o Toilettes : la porte des toilettes sera maintenue en permanence ouverte, lavage des mains avant de rentrer dans les toilettes et avant de sortir. La fréquence de changement des rouleaux tissus sera augmentée pour garantir d’avoir toujours une surface propre. L’utilisation de sécheurs est autorisée.

o Salle de pause : distanciation minimum de 2m requise, si possible mettre toutes les personnes du même côté. Les emplacements devront être nettoyés entre deux utilisations par les utilisateurs avec du produit désinfectant mis à disposition.
Au-delà de 50% de l’effectif total nécessaire, il faut échelonner la prise de pause pour respecter les règles de distanciation

o Fumoir : Les fumoirs sont fermés

• Matériel utilisé sur le site :
o Matériels de contacts courant sur site : l’entreprise de nettoyage nettoie et désinfecte à chaque équipe les matériaux courants de contact (Poignée, rambarde, table, accoudoir fauteuil, micro-onde, Robinet, feutre des salles de réunion, les manivelles de store, porte savon…) à une fréquence journalière.

o Matériel informatique, téléphone, tablettes, stylo, caisse à outils et autre personnel : Il est demandé que tous ces matériels ne soient ni prêtés, ni échangés. Ils doivent rester « personnel ». Du matériel de nettoyage sera mis à disposition des salariés pour les désinfecter.

o Distributeur de café, boisson, nourriture, et les fontaines à eaux : ils sont soit arrêtés, soit désinfectés tous les jours par leurs sociétés. Il est demandé de se laver les mains avant et après utilisation.

• Les transports individuels restent recommandés

• Le cas échéant le transport en commun et covoiturage sont autorisés sous conditions. Les personnes se lavent les mains à la montée et en descendant avec une substance SHA. Un seul passager sur chaque paire de sièges.

2 commentaires :

  1. Les syndicalistes vont-ils penser à exiger aussi des tests de dépistage pour les travailleurs exposés ? Voir ce qu’a obtenu l’UGTG à la Guadeloupe. (francetvinfo.fr)

  2. Mdrrrr pas tout lu mais il est moins compliqué de travailler en grande surfaces ou autres usines qu’à Michelin.Il y a peut-être des gens qui veulent tout simplement reprendre leur travail.(…)

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