
L’avenue Montceau-les-Mines à Lutterbach et une rue Lutterbach à Montceau-les-Mines. L’amitié renaît entre les deux communes et les deux maires, Rémy Neumann et Marie-Claude Jarrot accompagné de Gérard Gronfier.
A Lutterbach, personne n’a oublié. A Montceau-les-Mines non plus. Mais depuis 2000, l’amitié lutterbachoise montcellienne était tombée en berne. Elle vient de s’éveiller de la plus belle des manières à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du village de la banlieue de Mulhouse ce dimanche 26 janvier 2025. « Que de regrets de ne pas être venus avant alors cette-fois-ci, avec mon premier adjoint, Gérard Gronfier, nous étions déterminés à honorer votre invitation » s’excusait madame le maire de Montceau en s’adressant à son homologue, Rémy Neumann.
Si la guerre 39-45 a connu ses faits d’armes, elle a été aussi le témoin de ces petites histoires qui font la grande, de ces moments de solidarité et de générosité qui s’inscrivent dans le marbre blanc de l’amitié.
Alors que Montceau-les-Mines fêtait sa libération le 6 septembre 1944, dans le Haut-Rhin, les combats se poursuivaient. Les Allemands n’avaient toujours pas dit leur dernier mot. Lutterbach tout comme sa voisine Pfastatt, recevaient des déluges de bombes. Des habitants de Lutterbach ont préféré fuir quand d’autres trouvèrent refuge dans les caves ou les galeries où avant guerre ont fabriquait la célèbre bière de Lutterbach. Dans ces galeries, ils furent 1 800 à y vivre pendant neuf semaines, sans eau, sans électricité, ils attendaient la libération qui arriva le 26 janvier 1945. Ce jour-là, il faisait moins 20 degrés quand l’Infanterie coloniale traversa la Doller. « On leur donna des vêtements secs pour repartir au combat » a raconté le curé de la paroisse à l’heure de l’office religieux en l’église de Pfastatt.
Lutterbach était libre mais en ruine à 96%.
102 habitations furent détruites et 240 fortement endommagées. En somme, il ne restait rien. Les Lutterbachois manquaient de matériaux de construction, de nourriture, chauffage, vêtements…
Grâce à l’association d’Histoire de Lutterbach, il a été possible de remonter le temps. A la libération, Victor Doniat était instituteur et conseiller municipal de Lutterbach et entretenait des relations amicales avec M. Bouillet, adjoint au maire de Montceau-les-Mines. Ainsi a débuté l’amitié entre Lutterbach et Montceau. Des habitants du village fantôme vont aller passer le nouvel An en 1945/46 à Montceau avant que des Montcelliens ne se rendent à Lutterbach en janvier 1946 pour se rendre compte de l’état de la commune alsacienne. Ils sont partis à 5h du matin de Montceau entassés à l’arrière d’un camion prêté par les Houillères.
La solidarité se mit en marche et se concrétisa par l’envoi de deux wagons de tuiles, 350 bols, 700 douzaines d’assiettes en faïence de Digoin, 400 cocottes en fonte, des vêtements, des chaussures, des jouets et 600 tonnes de charbon que les mineurs de Bassin minier ont extrait bénévolement au profit des sinistrés de Lutterbach.
Aujourd’hui, le village a retrouvé son visage d’antan. La reconstruction de Lutterbach n’a commencé qu’en 1947 et va durer jusqu’en 1964. De 2000 habitants au jour de la libération, ils sont désormais 3 600 en 2025.
Pour le maire, Rémy Neumann, accueillir Gérard Gronfier et madame le maire, Marie-Claude Jarrot a été une immense fierté. L’un comme l’autre, ont évoqué ce combat pour la liberté dont ils célébraient l’avènement ce dimanche 26 janvier 2025 avec le soleil pour témoin. Le maire de Lutterbach ne manqua pas de rappeler « votre père, André Jarrot », Compagnon de la Libération, grand résistant qui a lutté contre le nazisme jusqu’à la fin de la guerre en mai 1945 et qui s’est ensuite engagé pour son pays et ses concitoyens, maire de Montceau de 1965 à 1986, député, sénateur, ministre.
« Un grand merci à vous et à Montceau-les-Mines » concluait Rémy Neumann en clôturant la célébration du 80e anniversaire de la libération de Lutterbach le 26 janvier 2026.
« Il est grand temps de retisser les liens et notre amitié » lui assurait Marie-Claude Jarrot.
J.B.
Visite des galeries où se sont réfugiés 1 800 Lutterbachois avant la libération du village le 26 janvier 1945.

Deux bébés sont nés ici entre décembre 1944 et janvier 1945. La cave a été restaurée par la municipalité et son maire, Rémy Neumann.

Lutterbach était réputée pour sa bière. Aujourd’hui, il ne reste qu’une seule brasserie, toujours dans les caves qui ont protégé la population pendant les bombardements.
La soirée organisée au complexe sportif de Pfastatt conjointement avec Lutterbach, un sublime mélange de musique entre les harmonies des deux communes et les enfants des écoles.
Commémoration de la libération de Pfastatt au monument aux morts.
Commémoration à Lutterbach devant le monuments aux morts.
La clôture des cérémonies au gymnase municipale de Lutterbach.