Les maisons abandonnées du lac de Montaubry – La nostalgie du passé, le désespoir du présent

 

« VNF vient de me prévenir, les maisons seront détruites en avril 2024 ». Antoine Perben, président du club de ski nautique apprend la nouvelle à son ami néerlandais avec qui nous avions rendez-vous sur les bords du lac de Montaubry. Johannes Wagemakers a eu vent de l’information dans le journal. Il savait que la décision avait été prise mais ne connaissait pas le moment exact.

« Ils vont tout raser et remettre de la terre végétale avant de planter des chênes, mais des chênes, regardez autour de vous, ils poussent tout seuls » s’esclaffe Antoine Perben.

En avril justement, c’est le moment où le club de ski nautique reprend ses activités sur le lac. Ils auront le droit de skier mais seront privés de la maison qui leur servait de base où, dans un conteneur, ils logeaient le matériel. « Comment va-t-on faire ? J’ai beau demander à la communauté urbaine Creusot Montceau son projet sur le site, je n’obtiens pas de réponse » peste le président.

 

Johannes l’écoute et dans ses yeux coulent des images de l’époque où avec sa famille, il venait en vacances au lac de Montaubry. Il a tenu à nous montrer sa maison qui, un jour, le 7 février 2022, a été détruite par un incendie. « Quelqu’un a mis le feu ». Il est tombé amoureux de l’endroit comme il aime Mariane, sa femme. « Ici, c’était le paradis » dit-il en regardant l’amas de ferraille qui jonche la parcelle où se situait la construction. Les toilettes sont encore debout, juste à l’extérieur. « Je les ai construites moi-même » précise-t-il fièrement.

Cette maison qui datait de 1960, il l’a acquise en 1992. Auparavant, il venait avec les enfants qui ont très vite trouvé des copains pour s’amuser et, forcément, ils voulaient revenir. Johannes a donc chercher à louer sur les bords du lac de Montaubry. « Nous étions au camping de Chagny et chaque jour, nous faisions 25 km aller, 25 km retour ». Il loue pendant un an et achète tout en louant le terrain à VNF (Voies Navigables de France). Il n’ y a pas d’eau, pas d’électricité. Lui et sa famille se consolent avec les couchers de soleil juste devant eux. C’est paradisiaque, un spectacle magnifique. Même à Noël.

 

 

« Mais pourquoi a-t-on voulu chasser les gens ? »

(Johannes Wagemakers)

 

 

A cette époque, Johannes est professeur de collège aux Pays-Bas. A chaque vacance, il embarquait tout le monde dans la voiture et 729 km plus loin, la famille retrouvait ce coin de paradis. Il se souvient des moments agréables. « On se connaissait tous, on a fait des fêtes mémorables et pas besoin de prendre la voiture pour rentrer. L’été, à minuit, on se baignait. Tous les matins, je ratissais la plage pour retirer les bouts de verres laissés par des visiteurs pour pas que les enfants se coupent ».

Revers de la médaille, le lac de Montaubry attirait les curieux quand les maisons étaient inoccupées. Combien de fois notre Néerlandais a-t-il eu la surprise de constater que son habitation avait été visitée ? « J’ai bien dû acheter quatre ou cinq caisses à outils » sourit il.

L’avantage de ces neuf maisons avec leurs occupants « dont deux appartenaient à VNF pour y abriter les agents » indique Johannes, « nous nous occupions de l’entretien des terrains, c’était tranquille, nous étions bien ».  Jusqu’au jour où, en janvier 2019, VNF a mis fin au droit de location. « La maison était à nous, le terrain à VNF. J ‘ai eu très mal quand la nouvelle est arrivée. Nous avons dû tout enlever et je me suis dit, je n’achète plus rien en France ». Depuis, il loue. Actuellement un bed & breakfast du côté de Grury.

Mais un jour, il est revenu à Montaubry avec son petit-fils qui au temps des belles années était âgé d’un an. « Nous y sommes retournés 24 ans après et mon petit-fils m’a dit, c’est toujours le paradis ». Chez lui, à Oudenbosch, proche de la frontière belge, il garde dans un carton toutes les photos des séjours à Montaubry. Trente ans de souvenirs. Le feu n’a rien éffacé.

 

Sur une feuille de papier, Johannes a inscrit les noms des propriétaires des maisons qui sont toutes à l’abandon. Il les a visitées une par une, citant des anecdotes, se remémorant des souvenirs avant de revenir à la réalité. « Mais pourquoi a-t-on voulu chasser les gens ? »

Sur le chemin du retour, c’est la tristesse qui l’envahit. « Dans ma tête, c’est fini mais mon coeur ne veut pas y croire et je ne peux rien faire. Ils vont tout casser ».

Il ne reviendra plus. « C’est trop dur ».

 

Jean Bernard

 

 

 

6 commentaires :

  1. MONTAUBRY, un superbe petit paradis,très mal exploite depuis des décennies, cela devrait être avec un projet très « RAISONNÉ  » un superbe lieu , un moyen d attirer des touristes, une vitrine naturelle pour la CCM, un moyen de développement, bien sûr une minorité crieront très fort contre tout projet , ceux ci voudrons garder égoïstement ce lieu…..un projet communautaire bien cadre tourne principalement sur l eco- nature est possible c’est une affaire de volonté…..

  2. C’est comme souvent , on laisse deteriorer le site en ne faisant aucun entretien et ensuite on se plaind lorsque les decideurs prennent leur responsabilité , car reconnaissons le , ça ressemble la misère ces ruines au bord de l’eau .

  3. le bar détruit aussi ?

  4. Je me souviens que dans ma jeunesse, nous, les petits gamins du coin, avions souvent bien du mal à poser nos serviettes pour picknicker.
    Ces braves ,(propriétaires)
    pensaient fortement qu ils
    étaient en pays conquis.

  5. Tout à fait d accord avec  » bientot », où sont les politiques dans ce dossier ? Aucun projet ?? A l heure ou l importance de dynamiser sa région est important , qu un site pourrait donner une autre image avec un projet raisonné, attirer par ce biais de nouveaux habitants aux alentours dans les communes riveraine au lac…..RIEN…..RIEN…RIEN….

  6. Bonjour ,
    Enfants , mes parents nous amenaient ma soeur et moi nous baigner à Montaubry(‘j’ai 78 ans) mais il est vrai que ce « domaine public » était mal géré et est devenu n’importe quoi , d’ou l’appropriation par quelques uns . Mais par contre quels projets actuels ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *