Envoyer le personnel licencié en formation, diversifier la fabrication (collants, bas et tailleurs), abandonner le site à Saint-Vallier pour installer l’usine proche de la RCEA et conserver la marque Gerbe, tel est le projet de Ludovic Gaudic, directeur général des Ateliers Peyrache. Explications.
Fin mai 2020, lorsque la manufacture Gerbe est placée en redressement judiciaire, la société auvergnate L’atelier Peyrache fait acte de candidature à la reprise du célèbre fabriquant de bas et collants à Saint-Vallier. Elle est en concurrence avec les chaussettes Kindy.
Or le 18 juin, le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône surprend tout le monde, retoque les projets Peyrache et Kindy et accorde sa confiance à l’actionnaire chinois, le groupe hôtelier chinois, Chogqing Tianci Hot Springa qui ainsi, revenait aux manettes de Gerbe qu’il venait de lâcher quelques semaines plus tôt. Un vrai faux départ puisque trois mois plus tard, ce 10 septembre, toujours le tribunal de commerce, plaçait directement Gerbe en liquidation judiciaire avec à la clé, le licenciement des 33 salariés. On ne fait plus dans la dentelle.
Du côté de L’atelier Peyrache, on gardait toujours un oeil attentif sur l’évolution de Gerbe. A l’annonce de la liquidation, le lendemain, la société auvergnate déposait une lettre d’intention et présentait pratiquement le même dossier qu’en mai. « Le dossier que j’ai déposé répond au projet initial mais différent » annonce Ludovic Gaudic, directeur général de la société L’atelier Peyrache situé à Saint-Didier-en-Velay.
Diversifier la production, un choix stratégique
Son projet s’articule sur plusieurs points. Dans un premier temps, « nous allons reprendre la vente des bas et collants, il y a au moins trois ans de stock » précise le DG.
Ensuite, il va proposer au personnel licencié une formation de 6 à 8 mois dans le prêt-à-porter, « pour confectionner ensuite des tailleurs pour femme », ajoute-t-il. La formation, Ludovic Gaudic en a déjà parlé avec Jean-Claude Lagrange, vice-président de la Région Bourgogne – Franche-Comté, chargé de l’économie. Evidemment, tous les ex-salariés ne sont pas obligés d’accepter.
Ce temps de formation du personnel va permettre ainsi de trouver un nouveau local, « un bâtiment existant sur Montceau-les-Mines, pas loin de la RCEA et remonter l’usine », lâche le DG. Car les locaux Gerbe à Saint-Vallier, 20 000 m2 sont totalement inadaptés à la production actuel, sans compter le prix du loyer (plus de 300 000 € par an) que la famille Yang versait au propriétaire Alain Regade, président de la société Rhovyl, ancien propriétaire de Gerbe avant l’arrivée des Chinois en 2015.
Dans la nouvelle usine seront installées certaines machines du site Valloirien _ pas besoin de les reprendre toutes, dit le grand patron de Peyrache _ et seront confectionnés à la fois des bas et des collants ainsi que les tailleurs pour femme. « Aujourd’hui, il est important de se diversifier. Un moment donné, il ne faut pas sombrer dans l’hérésie » rappelle Ludovic Gaudic.
Concrétiser le projet d’ici la fin de l’année
Il nous apprend aussi que les bas et les collants seront vendus sous le nom de Gerbe et le prêt à porter, sous la marque Stéphane Gerbe.
Voilà le projet du DG de L’atelier Peyrache. Un DG qui ne veut pas perdre de temps dans la concrétisation. « Je suis obligé d’aller vite, que tout soit sur les rails d’ici la fin de l’année. Je laisse au liquidateur deux à trois semaines pour répondre ».
Pour un groupe auvergnat, un sous est un sou, « alors nous faisons très attention à nos investissements ». Il conservera ce qu’il faut garder, diversifiera la production et la marque Gerbe perdurera dans le Bassin minier sans toutefois Philippe Genoulaz, l’ex-directeur du site à Saint-Vallier. « Je ne le reprends pas, nous n’avons pas la même vision stratégique de l’entreprise » argumente Ludovic Gaudic.
A une époque, L’atelier Peyrache avait envoyé un plan stratégique à l’actionnaire chinois, un partenariat. « Je n’ai jamais eu de réponse ».
Les futures marques Gerbe et Stéphane Gerbe brilleront toujours dans le luxe « avec une fabrication française et européenne » ajoute encore le DG. En effet, le groupe possède deux usines en France et un bureau d’études en Bulgarie pour les prototypes.
Jean Bernard
Rappelez-vous
Pour la petite histoire, les 18 et 19 janvier derniers, dans les salons du palais de l’Elysée où se tenait le salon du « Fabriqué en France », Gerbe trônait en bonne place avec non loin de là, un autre fabriquant textile, Les Ateliers Peyrache – Blanc Bonnet.
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne, Gerbe passera-t-elle sous pavillon Peyrache ?
Souhaitons que ce projet aboutisse évitant un licenciement partiel ou total.
Au passage, félicitations au tribunal de commerce pour sa vision économique…..
Les efforts n’auront pas payés et c’est très triste de voir ce savoir faire disparaître. Presque 100 ans…
Collectionneur, je recherche et reprendrais catalogues objets pubs et vitrine de la marque si jamais vous avez des infos