Du côté de Montchanin, au rond point Jeanne Rose, les gilets jaunes occupent également la place. Hier, dans l’après-midi, ils sont une cinquantaine sur le bas côté de la RCEA. On y retrouve l’ambiance du Magny, un barnum, un feu, des hommes et des femmes qui saluent les usagers de la route. Et plus la nuit tombe, plus le nombre des gilets jaunes augmente. Même chose au Magny qui est en relation étroite avec Jeanne Rose.
Sur le bord de la RCEA, juste avant le giratoire, un retraité est placé en premier de cordée. A 74 ans, ce Montchaninois n’a pas manqué une journée depuis le 17 novembre. Fatigué, il l’est, déterminé encore davantage.
Casquette sur la tête, il fait signe de la main droite et tient sa corne de brume de l’autre. Il a du souffle, il n’arrête pas. Bernard, forcément, on le remarque. Casquette, corne de brume et écriteau sur le ventre « Macron racket les pauvres pour enrichir les gros financiers » dessiné avec de belles lettre rouges, il tient le choc. C’est aussi un syndicaliste dans l’âme. « C’est pas rien de se bagarrer quand on touche 1480 € par mois après 46 ans de boulot ».
Macron, il ne peut plus le voir. « Nous sommes quatre à la maison, ma femme, ma fille (son mari est décédé) son enfant et moi depuis quatre ans. Quand j’ai tout payé chaque mois, il me reste entre 300 et 400 €. Depuis la semaine dernière, j’ai 17.50 € sur mon compte » s’épanche le retraité. Ses paroles ne sont pas vides de sens. Il raconte. « Moi, je n’ai pas de vacances, pas de sortie, pas de restaurant, pas de cinéma, juste la télévision avec ma femme ».
Ses joues se gonflent, la corne de brume donne le ton. Bernard a repris son service au bord de la RCEA. Il souffle et ne relâche pas la pression.
Jean Bernard