A la joie du vainqueur s’oppose la déception du battu, la souffrance de l’athlète venu sans espoir de podium mais prêt à se surpasser qui, la ligne d’arrivée franchie, vide son corps de tous les tourments d’une course où on ne retiendra que le nom du champion de France.
Le sport est fait d’anonymes, des sans noms qui n’aspirent qu’à une chose, participer dans l’espoir de se mesurer aux meilleurs, leur ressembler un jour. Ils garderont un souvenir de la cité montcellienne avec tous ces champions du monde et dire : j’y étais.
A Montceau-les-Mines, ce week-end, à l’occasion des championnats de France de triathlon, tout ce monde s’est côtoyé. Cassandre Beaugrand, championne du monde en relais mixte à Hambourg, même si elle n’avait pas les jambes pour suivre les meilleures chez les filles samedi, son devoir l’appelait non seulement à représenter son club mais être aux côtés des jeunes. Les soutenir, montrer l’exemple, celui qui vient d’en haut.
Le triathlon n’est pas une discipline ordinaire. Enchaîner natation, vélo et course à pied, demande aux athlètes de grandes aptitudes physiques. On ne s’improvise pas triathlète, on le devient. Au prix d’efforts couronnés d’insuccès pour beaucoup. Dans toutes les courses ce week-end, ils sont restés dans l’ombre mais prêts à se battre contre eux-mêmes ne serait-ce que pour améliorer un record perso.
Ce dimanche, se sont déroulées les épreuves jeunes, catégories minimes, cadettes et juniors. Avec la pluie tombée dans la nuit, l’épreuve cycliste a été particulièrement dangereuse. Ils et elles ont pris des risques. « Ils n’ont pas calculé, ça passe ou ça casse », disait le membre d’une équipe. Aux France, on donne tout.
La chaussée glissante au matin a provoqué de nombreuses chutes, près d’une vingtaine. Deux triathlètes ont fini à l’hôpital alors que d’autres ont reçu les soins des secouristes. Une cadette a même perdu connaissance après l’arrivée. Direction l’hôpital également.
Des larmes ont coulé nécessitant le réconfort des proches ou du camarade de club. Ils se sont vidés les tripes sur les bords du lac du Plessis. Déjà dans le rouge, ils ont monté l’aiguille bien au-delà.
L’effort n’a pas de prix.
Jean Bernard