Le site Michelin à Blanzy s’élève majestueux dans le paysage du Bassin minier. Le Bibendum, l’emblème du manufacturier clermontois, campe à la Fiolle depuis maintenant 50 ans.
Michelin fabrique du pneu mais pas n’importe quel pneu derrière les grandes façades des ateliers qui, rarement s’ouvrent à la presse et surtout y prendre des photos, tant les secrets de fabrication sont bien gardés. Tout est sous contrôle.
Aujourd’hui, la visite débute par le génie civil, c’est-à-dire « des pneus de niche » explique Mohamed Iraqi, responsable qualité de l’atelier. C’est la différence entre le prêt-à-porter et la haute couture. C’est même, pour paraphraser notre guide assisté de Pierre Nicolas (moniteur), une cuisine trois étoiles où les ingrédients (la gomme entre autres), sont travaillés différemment selon le type de pneumatique produit. Les salariés pourraient porter une toque, ce sont les maîtres queue du pneu.
Confectionner un pneu pour un engin blindé de l’armée française et ses alliés, n’est pas la même recette pour équiper une grue qui doit supporter de très lourdes charges mais se déplacent peu. La recette est encore différente pour un engin incendie sur un aéroport, appelé à des interventions rapides.
L’armée française, pour ne citer quelle, bénéficie d’une gamme appelée X Force, des modèles uniques, « un pneu qui ressemble à un pneu de tracteur capable de rouler à 100 km/h » lâche Mohamed Iraqi.
Chaque pneu est contrôlé au toucher et visuellement
et au rayon X pour certains
Dans cet atelier du génie civil, ce sont 500 personnes qui travaillent en 3×8 pour une production journalière d’environ 480 pneus. Si bien des machines sont automatisées, chez Michelin, le coup de main et le savoir-faire sont du domaine de l’ouvrier. C’est du fait main.
On ne vous livrera aucun secret du manufacturier qui a révolutionné l’industrie du pneu au début du XXe siècle quand Bibendum a lancé sur le marché, le pneu radial. Une révolution. Car dans une enveloppe, il y a de la gomme naturelle ou synthétique, du carbone noir, aussi (la couleur du pneu et pas seulement) et de la… ou encore du… Y a en a !
Vous avez également l’architecture selon l’utilisation et au final, la cuisson. Tout paraît simple et hautement complexe à la fois. Le savoir-faire Michelin couplée à cette alchimie ultra confidentielle, font du pneumatique français, une marque unique.
Nous sommes subjugués, c’est le terme, par cette manière de faire. A l’assemblage des gommes, les soudures sont effectuées à la main. Car un pneu, ce n’est pas uniquement de la gomme qui prend forme dans un moule et qu’on passe au four.
Arrive la dernière phase avant d’équiper un poids-lourd, un engin de l’armée ou de chantier où chaque pneu passe au service qualité. Il est ausculté visuellement et au touché. Certains passent au rayon X ou encore à l’échographie. « Nous coupons aussi un pneu pour vérifier sa structure » fait savoir Mohamed Iraqi.
La méthode Michelin est à ce prix. Souvent imitée, jamais égalée.
Jean Bernard