Gueugnon, un nom qui sonne encore la victoire en coupe de la Ligue en 2000 au Stade de France contre le PSG (2-0). Inoubliable.
Gueugnon, son club de football (FCG) et son usine. Ils sont indissociables, du moins l’étaient car les temps ont changé. Les footballeurs ne sont plus les enfants des Forges de Gueugnon et les Forgerons, quand bien même produisent ils toujours de l’inox, les voici avec l’étiquette Aperam dans le dos et la famille Mittal en arrière plan. Un actionnaire majoritaire qui a compris qu’à Gueugnon et nulle part ailleurs, la production d’inox en fait un des fleurons mondiaux et que « notre ambition est d’être le leader européen du recuit brillant dès 2023 » martèle Lionel Martin, directeur du site Aperam Gueugnon. Devant qui ? Un Finlandais qui lui donne de l’inox à retordre.
La capitale mondiale de l’inox que furent les Forges a désormais toutes les cartes en main pour s’afficher en haut de l’affiche et briller sur l’Europe. Aperam y met les moyens avec un investissement de 30 M € sur les deux années qui viennent pour déloger les Finlandais et tenir à distance les Espagnols.
Derrière les façades peu reluisantes de l’usine gueugnonnaise, se cachent pourtant une production et des outils à la pointe du progrès avec en particulier ses fours verticaux dont le plus haut qui culmine à 68 mètres _ le deuxième monument le plus haut en Saône-et-Loire après la flèche de la cathédrale d’Autun _ fait justement l’objet d’un important chantier de modernisation pour gagner en productivité.
Mais la grande spécialité d’Aperam Gueugnon, c’est le laminage à froid et son train Sendzimir, un rouleau à pâtisserie ultra performant, le deuxième plus puissant au monde derrière les Chinois, qui traite 1000 mètres à la minute grâce à la puissance de moteurs d’un TGV. Une bobine de 600 mètres après le passage au laminoir s’allonge sur 3000 à 5000 mètres.
La patte gueugnonnaise
au musée des Confluences et à Tchernobyl
Dans tous les domaines, « nous recherchons l’amélioration et l’excellence pour produire de l’inox à haute valeur ajoutée » explique Lionel Martin. Quant à connaître la quantité annuelle d’inox produite à Gueugnon, le directeur reste très discret. « Nous avons une capacité de 400 000 tonnes par an » glisse-t-il, inox dont il abreuve les clients de l’énergie, industrie, électroménager ou encore automobile (les pots d’échappement). L’enveloppe en inox du musée des Confluences à Lyon, c’est du made in Gueugnon. Le sarcophage de la centrale de Tchernobyl, encore Aperam Gueugnon.
Quelle est loin l’époque où les Forges de Gueugnon ont été fondées en 1724, bientôt trois cents ans. Loin aussi le temps où l’usine employait plus de 3000 ouvriers. Ils sont 740 aujourd’hui répartis sur un site de 32 hectares dont 17 sont couverts à proximité de l’Arroux, parce que sans eau, jamais les forges ne se seraient implantées à Gueugnon. L’eau justement, Aperam y consacre toute son attention pour réduire drastiquement sa consommation. En 2003, l’usine utilisait 5 millions de m3, elle est tombée à 800 000 m3. « Nous voulons réduire la consommation, la recycler et la réutiliser pour atteindre assez rapidement 200 000 m3 » précise le directeur. Même son de cloche avec le projet de décarbonisation qui doit baisser de – 30% en 2030 et – 50% à l’horizon 2050. C’est notamment utiliser l’électricité dans les laminoirs là où ils fonctionnent au gaz.
L’ambition affichée par Aperam Gueugnon a sensiblement réconforté le personnel et la population. Car quand l’usine tousse, c’est toute la ville qui tombe malade. « Nous voulons pérenniser le site gueugnonnais et développer les compétences pour produire de l’inox le plus fin. Nous n’avons jamais été aussi bon en qualité » admet Lionel Martin pourtant très avare sur les chiffres en termes de prévisions.
Aperam Gueugnon produit de l’inox de précision comme un horloger suisse fabrique une montre, de l’inox adapté à la consommation et la construction durable. 100% de l’inox est recyclable. Avec autant d’atouts et une volonté affichée, Gueugnon vise donc la place de leader européen. Qui a battu le PSG peut rayonner sur l’Europe.
Sur les bords de l’Arroux, une terre d’industrie de bientôt trois ans ans se distingue de nouveau.
Jean Bernard
Sympa ces articles sur les boites de la région.
Heureusement qu’il y a des journalistes comme vous qui parlent bien de notre territoire. MERCI
Merci pour cet article, à noter la forte decarbonnation des approvisionnements du site avec 95% du trajet fait en fret ferroviaire!