Visite ministérielle – Elisabeth Borne, entre bain de jouvence et réalité du terrain

Accompagner les plus jeunes sans qualification ou presque sur la route qui mène au travail, voilà une noble cause à laquelle s’attache Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.

« C’est 9 milliards d’euros que le gouvernement injecte en direction des jeunes » déclare-elle dans les locaux d’AGIRE à Montceau-les-Mines.

Toutes les solutions sont bonnes, notamment le dispositif 1 jeune 1 solution, pour les aider à trouver une réponse à leurs interrogations. Alors quand ils poussent la porte de la Mission Locale, sont dirigés vers AGIRE, « le bras armé de l’insertion sur lequel s’appuie la CUCM » note David Marti, président de la communauté urbaine, tout est mis en oeuvre pour qu’ils trouvent leur voie et, surtout, que chacun reprenne confiance en soi.

Se tisser un réseau dans le monde du travail, savoir sonner à la bonne porte, s’immerger dans les entreprises, celles en particulier qui recrutent, sont autant d’éléments qui conduisent un jeune à identifier son choix. Près de 1700 immersions en entreprises ont eu lieu dans le cadre de la Garantie Jeunes depuis 2015 sur Montceau Le Creusot. « On compte 830 retours à l’emploi, une centaine a repris le chemin de la formation professionnelle et 20% de jeunes ont signé un CDI ou un CDD de plus de 6 mois » rappelle Marie-Lise Calabria, directrice d’AGIRE à en direction de madame le ministre.

Toutefois, soulignent Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines et David Marti, « Le Creusot Montceau est un territoire industriel » et « il n’y a pas de honte à devenir ouvrier qualifié, un homme comme une femme » fait remarquer le président de la CUCM. Et c’est là que le bât blesse. « Nous manquons d’ouvriers qualifiés. Nos industries en ont besoin ».

« On ne trouve plus de tuyauteurs et d’usineurs »

(Didier Stainmesse, patron de Novium)

Autre point délicat, trouver précisément des stages dans l’industrie, même si « les chefs d’entreprise répondent présents » stipule Marie-Claude Jarrot. Surtout des petites et moyennes entreprises comme Novium à Saint-Vallier qu’Elisabeth Borne a visité et où elle a pu se rendre compte combien son président, Didier Stainmesse, joue la carte jeune tant avec les stages que l’apprentissage.

« Nous cherchons des tuyauteurs pour faire de l’hydraulique, nous faisons de la promotion pour montrer que le métier est intéressant mais on ne trouve plus de soudeurs, d’usineurs » précise le boss. Sans doute serait-il plus utile aujourd’hui de favoriser l’apprentissage ou détriment des cols blancs. « 520 000 jeunes ont signé un contrat en apprentissage » se réjouit pourtant la ministre du Travail. « 1.6 million  de jeunes ont été recrutés en CDI de plus de trois mois et notre objectif est d’atteindre 1 million de jeunes accompagnés vers l’emploi ».

Accompagner, c’est une chose, trouver un emploi en est une autre. Et si le dispositif 1 jeune 1 solution se muait en 1 jeune 1 emploi…

Il manque tellement de personnel dans les hôpitaux, les EHPAD, dans l’industrie… « L’important est de trouver une première expérience professionnelle et se former » souligne Elisabeth Borne qui reste sur sa ligne de conduite de son objectif du jour. « Je me suis formé toute ma vie » lui adresse Didier Stainemesse.

Madame le ministre a passé sa matinée à rencontrer des jeunes, tous en recherchent de solutions à AGIRE, qui en ont trouvé à Novium et d’autres qui espèrent décrocher un emploi parmi les services civiques ou en apprentissage à la ville de Montceau. Un vrai bain de jouvence pour Elisabeth Borne dont ses conseillers ont peut-être omis de lui préciser que le Bassin minier a vu disparaître en un an, Konecranes, Gerbe et Eolane. C’est aussi cela la réalité sur le terrain.

Jean Bernard