Le tribunal rendra sa décision le 30 septembre.
Henri Juin, le P.-D.G. du groupe Eolane et toute sa cohorte, avocats et expert financier, sont arrivés en retard à l’audience du tribunal de commerce à Chalon-sur-Saône ce jeudi 24 septembre. Bien plus tôt, les marches du palais de justice furent envahies par les salariés du site montcellien, venus montrer leur désarroi et soutenir leur avocat, Ralpl Blindauer et Alain Schleich, représentant du personnel. A leurs côtés également, les élus du Bassin minier et les maires, Marie-Claude Jarrot, Alain Philibert, Hervé Mazurek et Jean-Claude Lagrange.
Ce matin, pouvait se jouer le sort des 77 salariés du site d’Eolane Montceau qui sont promis d’ici quelques semaines, voire quelques mois, à visiter les guichets de pôle emploi.
Mais avant, ils aimeraient connaître les conditions de leurs licenciements, à la porte comme des malpropres ou avec un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) et donc un accompagnement digne de ce nom.
Que venait chercher la direction d’Eolane au tribunal de commerce ? L’ouverture d’un redressement judiciaire avec en fond d’écran, une liquidation et rien pour les salariés. Que les yeux pour pleurer.
Après plus de deux heures de débat dans la salle d’audience, Henri Juin n’a fait aucune déclaration contrairement à Ralph Blindauer qui d’entrée a posé le décor : « Ce fut un long débat d’hypocrisie, la direction expliquant qu’elle avait fait le nécessaire pour trouver un repreneur mais ce dernier s’est rétracté ne pouvant compter sur les aides politiques ».
Voilà pour l’ambiance.
L’avocat des salariés d’Eolane Montceau ne sera pas très tendre non plus avec le parquet, qu’il a jugé « d’une tiédeur affligeante ». Un parquet néanmoins qui a évoqué l’hypothèse d’étendre le redressement judiciaire à l’ensemble du groupe.
Quoi qu’il en soit, Henri Juin a assuré que « la direction s’engage à accompagner les salariés » ajoutait l’avocat. « Que la vente du bâtiment, estimé à 3.5 M€ servirait ainsi à indemniser le personnel. Mais combien de temps cela va prendre, sachant aussi que le liquidateur a également des créanciers à prendre en compte ».
Le tribunal de commerce se prononcera le mercredi 30 septembre. « Il devra se déterminer sur l’extension du redressement judiciaire » notait encore Ralph Blindauer, « alors que Juin parle lui déjà de liquidation » faisait-il remarquer. A l’AGS (régime de garantie des salaires) d’entrer alors en action. « Mais c’est purement scandaleux » appuyait l’avocat. Une façon adroite d’éviter à l’employeur de prendre en charge un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi). « Nous avons affaire à une bande d’escrocs, d’ailleurs je vais poursuivre Henri Juin en correctionnel pour escroquerie » plantait froidement Ralph Blindauer.
Même Alain Schleich qui a participé à l’audience se disait « écoeuré par la posture du procureur qui a dit laisser une porte ouverte à la liquidation judiciaire alors que Juin a joué du violon, c’était de la comédie ».
Que peuvent espérer les salariés ? Que le tribunal fasse pencher le balancier de leur côté avec certes un redressement mais accompagné d’un PSE. L’avocat a appelé le personnel et les élus à continuer la bataille.
Cette matinée à Chalon, devant le tribunal, n’a fait que monter la tension d’un cran entre les salariés et la direction.
Jean Bernard